Initialement prévu sur deux jours, les 24 et 25 juin, le sommet Union-Chine qui s’ouvre aujourd’hui, jeudi 24 juillet, a été raccourci à la demande de Pékin. Le président du Conseil Costa et la présidente de la Commission von der Leyen rencontreront Xi Jinping pour des discussions géopolitiques dans la matinée, puis le Premier ministre Li Qiang l’après-midi, essentiellement pour parler économie et commerce, en marge d’un sommet avec des chefs d’entreprise.
Si les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump avaient laissé entrevoir, il y a quelques mois, un rapprochement entre Pékin et Bruxelles, toute tentative de détente — la Chine a levé ses sanctions contre plusieurs eurodéputés en avril — n’a été que de courte durée.
- La guerre russe en Ukraine constitue aujourd’hui le principal obstacle à tout rapprochement entre l’Union et la Chine.
- Début juillet, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, avait déclaré lors d’une entrevue avec la haute représentante Kallas que la Chine « ne souhaitait pas voir la Russie perdre en Ukraine », tout en niant toute implication matérielle dans le soutien à Moscou 1.
- Les exportations de biens à double usage chinois vers la Russie ont augmenté de plus de 25 % entre 2021 et 2024. Ces équipements sont notamment utilisés par les entreprises russes pour fabriquer des drones militaires qui ciblent les villes ukrainiennes.
- Hier, mercredi 23, les renseignements militaires ukrainiens ont révélé que tous les composants présents dans un nouveau modèle de drone de reconnaissance utilisé par l’armée russe en Ukraine, le CBTS.611000, provenaient d’entreprises chinoises 2.
- Quelques jours avant le sommet, le 18 juillet, l’Union a visé deux banques chinoises dans le cadre de son 18e paquet de sanctions contre la Russie. En réaction, le ministre chinois du Commerce Wang Wentao a présenté hier « des protestations solennelles » au commissaire européen au Commerce Šefčovič 3.
Le commerce entre l’Union et la Chine a été multiplié par 300 en 50 ans, mais l’accès des entreprises européennes au marché chinois reste limité, tandis que les aides d’État dont bénéficient les entreprises chinoises faussent la concurrence sur le marché unique.
L’Union craint que la guerre commerciale entre Washington et Pékin ne provoque un déversement de la surcapacité industrielle chinoise sur le marché européen.
Une source européenne proche du dossier nous a confié avant l’ouverture du sommet : « Nous avons besoin d’un rééquilibrage ; ce sera le message de la Commission ».
- Face à un déficit commercial européen de 305 milliards d’euros vis-à-vis de la Chine — qui a doublé en un an —, l’objectif est de réduire les obstacles aux exportations européennes vers le pays.
- Bruxelles voit aussi de plus en plus une instrumentalisation de la position dominante que Pékin occupe dans les chaînes de production de terres rares.
- Lors du sommet du G7 qui s’est tenu en juin au Canada, von der Leyen avait déclaré que la Chine utilisait son quasi-monopole sur les terres rares « non seulement comme monnaie d’échange, mais aussi comme arme pour affaiblir ses concurrents dans des secteurs clefs ».
L’Union entend rappeler son attachement au statu quo concernant Taïwan durant la rencontre. Une déclaration commune sur le climat et la biodiversité est également attendue à l’issue du sommet, à l’approche de la COP 30 de Belém qui se tiendra du 10 au 21 novembre. Costa et von der Leyen tiendront une conférence de presse à 14h (Paris).
Sources
- Finbarr Bermingham, « China tells EU it does not want to see Russia lose its war in Ukraine : sources », South China Morning Post, 4 juillet 2025.
- БПЛА ЦБТС.611000 (зразок №1), Direction générale du renseignement du ministère de la Défense de l’Ukraine.
- Joe Leahy, Henry Foy et Andy Bounds, « China hits out at EU ahead of tough talks in shadow of trade and Ukraine war », Financial Times, 23 juillet 2025.