Samedi 19 juillet, le Premier ministre chinois Li Qiang a officiellement lancé le projet de construction d’un gigantesque barrage sur le fleuve Yarlung Tsangpo, dans la région autonome du Tibet. Une fois terminé, celui-ci pourrait devenir le plus grand ouvrage hydroélectrique au monde, avec une capacité annuelle de production de 300 TWh d’électricité — soit plus que l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni.
- Avec un coût estimé à 1 200 milliards de yuan (143 milliards d’euros), le barrage de Medog serait l’une des infrastructures les plus coûteuses de l’histoire.
- Les immenses quantités de ciment et d’acier, leur transport ainsi que la main-d’œuvre requise pour sa construction pourraient faire augmenter le PIB chinois de 0,1 point de pourcentage chaque année durant une décennie, selon Citigroup 1.
- À ce stade, on ignore toutefois comment le China Yajiang Group, une nouvelle société chargée de gérer le développement du barrage, financera le coût de sa construction.
L’annonce de Li Qiang a fait bondir l’action du conglomérat public de construction China Energy Engineering de 51 %, tandis que l’action Huaxin Cement Co. a plus que doublé à la bourse de Hong Kong avant de perdre une partie de ses gains.
Malgré une réaction favorable des marchés — qui ont interprété l’annonce du projet comme un signe de relance économique soutenue par de nouveaux investissements publics massifs 2 — le projet de construction du barrage de Medog demeure largement controversé.
- Situé à proximité de l’État indien d’Arunachal Pradesh, il est susceptible de devenir une importante source de tensions avec New Delhi.
- Les autorités indiennes ont fait savoir en décembre à leurs homologues chinois qu’elles « prenaient note » du projet chinois et prenaient des mesures « visant à préserver la vie et les moyens de subsistance des citoyens indiens résidant dans les zones en aval » 3.
- Le fleuve Yarlung Tsangpo a un impact économique sur la vie de millions de personnes en Inde et au Bangladesh, où il se jette pour aller rejoindre les eaux du golfe du Bengale.
- L’Inde craint que la Chine ne soit en mesure de limiter le débit d’eau du barrage afin d’exercer une pression politique en cas de dégradation de la relation bilatérale.
Plusieurs groupes de protection de l’environnement ont dénoncé l’impact écologique que pourrait avoir le barrage sur l’écosystème des gorges du Yarlung Tsangpo ainsi que sur les communautés vivant en aval et en amont du fleuve. Un rapport publié en décembre par International Campaign for Tibet révélait que plus d’un million de personnes pourraient être contraintes de se déplacer et perdre ainsi leurs moyens de subsistance 4.
Sources
- Dan Murtaugh, « A Massive Dam in Tibet Will Do More for China’s GDP Than for Its Power Supplies », Bloomberg, 21 juillet 2025.
- Farah Master et Samuel Shen, « China embarks on world’s largest hydropower dam, capital markets cheer », Reuters, 21 juillet 2025.
- Question No-3106 China’s Hydropower Project On Yarlung Tsangpo And Its Impact On India, Ministère des Affaires étrangères indien, 27 mars 2025.
- China’s hydropower dam expansion destroys Tibetan homes and temples, stands to displace 1.2 million people, and drives climate change, International Campaign for Tibet, 5 décembre 2024.