Les coupures d’internet par l’État se sont multipliées en Russie ces derniers mois. Au cours du seul mois de juin, le projet russe indépendant « En ligne » (На связи) a recensé 655 coupures d’Internet mobile de différentes ampleurs — soit neuf fois plus qu’au cours du mois précédent (69) 1.

  • Depuis le début de la guerre, le Kremlin a de plus en plus recours au blocage, souvent localisé, de l’accès à certains sites, réseaux sociaux et messageries afin de contenir ce qui est qualifié par les autorités « d’actions extrémistes ».
  • Les coupures volontaires sont devenues plus fréquentes ces dernières semaines en raison de l’augmentation du nombre d’attaques de drones ukrainiens, qui utiliseraient les réseaux internet mobiles pour leur guidage.
  • Des experts contestent toutefois cette justification, arguant que les drones ne dépendent pas des réseaux internet mobile pour les frappes longue distance 2.

Il existe une absence de corrélation entre des attaques de drones et des coupures d’internet pour la majorité des cas recensés entre mai et juin. Ainsi, sur 200 coupures ayant eu lieu entre le 1er mai et le 18 juin, seulement 78 attaques ukrainiennes ont été recensées. Le reste du temps, internet a été coupé sans que les autorités n’aient lancé d’alerte d’attaques de drones. De plus, plusieurs dizaines de coupures ont eu lieu dans les régions orientales du pays, plus rarement frappées par des drones russes.

  • La Russie pourrait ainsi devenir le pays du monde où les coupures de l’accès à internet sont les plus fréquentes en 2025.
  • L’an dernier, c’est le Myanmar qui a connu le plus de coupures (85), contre seulement 13 recensées en Russie par l’ONG Access Now.
  • On observe toutefois une augmentation constante du recours aux coupures par l’État russe depuis le lancement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, en 2022.

En Russie, les restrictions d’accès à internet passent également par une politique de blocage de plus en plus massive de sites web par le Service fédéral de supervision des communications, Roskomnadzor. L’an dernier, plus de 120 000 pages avaient été bloquées dans le cadre de la guerre du Kremlin contre les contenus liés aux questions LGBT, aux « agents de l’étranger » ou bien à une vision de la guerre en Ukraine qui dévierait de la ligne officielle.