Hier, mercredi 2 juillet, Donald Trump a annoncé sur son réseau Truth Social être parvenu à un accord commercial avec le Vietnam — soit le troisième deal depuis son retour au pouvoir en janvier, après le Royaume-Uni et la Chine. Malgré les déclarations du président américain, la Maison-Blanche n’a publié aucun document officiel codifiant l’accord.
- Selon Trump, l’accord négocié avec le secrétaire général du Parti communiste vietnamien, To Lam, fixerait un taux de 20 % pour les exportations vietnamiennes.
- Les exportations américaines vers le Vietnam ne seraient quant à elles soumises à aucun tarif douanier.
- En addition, les « transbordements », soit les biens produits ou assemblés dans d’autres pays transitant par le Vietnam avant d’être exportés, seraient quant à eux soumis à un taux de 40 %.
- L’accord pourrait faire perdre au Vietnam 25 % de ses exportations vers les États-Unis à moyen terme, et affecterait ainsi 2 % de son PIB annuel 1.
Donald Trump avait fixé le 9 juillet comme date butoir pour la conclusion d’accords commerciaux sous peine d’un rétablissement des taux fixés lors du « Liberation Day ». Le Vietnam, avec qui les États-Unis enregistrent un déficit commercial de 50 milliards de dollars depuis le début de l’année, avait été l’un des pays soumis à l’un des taux les plus élevés : 46 %.
- Le déficit commercial des États-Unis avec le Vietnam s’est considérablement creusé depuis le premier mandat de Trump, en raison notamment du découplage que Washington opère à l’égard de Pékin.
- En effet, si les mesures douanières et les dispositions mises en place pour réduire la dépendance des États-Unis à l’égard de la Chine — telles que le Chips Act, les contrôles à l’exportation ou encore les exigences en matière de contenu local prévues par l’Inflation Reduction Act — ont entraîné une diminution des échanges bilatéraux, d’autres pays comme le Mexique, et surtout le Vietnam, en ont profité pour gagner des parts de marché.
- Ces derniers jouent désormais un rôle de « connecteurs » entre Pékin et Washington, en procédant à l’assemblage de biens — notamment dans les secteurs de l’électronique et de l’automobile —, une activité à faible valeur ajoutée mais fortement dépendante d’intrants importés.
- C’est pour dissuader les industriels et exportateurs chinois de faire transiter leurs biens par le Vietnam que Trump a annoncé un taux de 40 % pour les « transbordements ».
Il s’agit du deuxième accord conclu par la Maison Blanche qui intègre des dispositions visant directement la Chine.
- L’accord avec le Royaume-Uni prévoit des exigences strictes en matière de sécurité pour l’acier et les produits pharmaceutiques.
- Jeudi 3 juillet, le ministère chinois du Commerce a déclaré « Nous nous opposons fermement à tout accord conclu au détriment des intérêts de la Chine », en ajoutant : « Si une telle situation devait se produire, la Chine prendra des contre-mesures résolues pour défendre ses droits et intérêts légitimes ».
- L’Union européenne, qui espère parvenir à un accord sur les contours d’un éventuel futur deal d’ici au 9 juillet, constituera un test important pour cette stratégie assumée par Washington. Un sommet Union – Chine est prévu à la fin du mois à Pékin.
Sources
- Swati Pandey, « US-Vietnam Deal Risks China Reprisal, Bloomberg Economics Says », Bloomberg, 3 juillet 2025.