Aujourd’hui, 24 juin, le ministre fédéral des finances, et vice-chancelier, Lars Klingbeil (SPD), a présenté le projet de budget 2025, récemment approuvé par le cabinet fédéral, devant la commission du budget du Bundestag ainsi que les grandes lignes budgétaires jusqu’à la fin de la mandature 1.
L’engagement en matière de dépenses de défense est le plus conséquent.
- Friedrich Merz (CDU) a ainsi affirmé dans sa deuxième déclaration de politique générale face au Bundestag que l’Allemagne était de « retour sur la scène européenne et internationale ».
- L’Allemagne prévoit ainsi de dépenser près de 153 milliards d’euros par an pour sa défense en 2029, contre environ 75 milliards en 2024.
- Le pays s’engage ainsi à doubler ses dépenses de sécurité et de défense pour atteindre 3,5 % du PIB avant la fin de la décennie.
- Cet effort constitue l’application concrète de l’importante réforme au frais à l’endettement adoptée en mars dernier par le Bundestag de la législature sortante avec les voix de la CDU/CSU, du SPD et de Bündnis 90/Die Grünen.
- La dérogation au frein à l’endettement prévoit notamment que les dépenses de sécurité restent soumises à cette règle jusqu’à hauteur de 1 % du produit intérieur brut de l’année précédente.
- Au-delà, les dépenses ne sont plus concernées par ce régime strict qui limite l’émission de dette. Les emprunts supplémentaires pour le domaine de la sécurité devraient s’élever à 32,1 milliards d’euros en 2025, puis à 121,2 milliards d’euros en 2029 2.
- Ainsi, à la veille du sommet de l’OTAN à La Haye, la coalition CDU-CSU et le SPD souhaitent appliquer les décisions qui seront adoptées par l’Alliance.
- 8,5 milliards d’euros par an pour l’aide à l’Ukraine seront consacrés en plus dans les budgets fédéraux à venir.
À quoi a servi le fonds spécial pour la Bundeswehr jusqu’à présent ?
Fin 2024, le service des acquisitions du ministère fédéral de la Défense a annoncé que « la quasi-totalité du fonds spécial pour la Bundeswehr [était] désormais affectée à des contrats fermes » 3. Seules les commandes dépassant les 25 millions d’euros sont notifiées aux instances budgétaires du Parlement, si bien que les informations exactes sont inconnues.
On sait cependant qu’environ 48 milliards d’euros sont allés à l’acquisition des systèmes d’armes suivants :
- 10 milliards d’euros pour 35 Lockheed-Martin F-35 dédiés au partage nucléaire américain,
- 7 milliards d’euros pour 60 hélicoptères de transport lourd CH-47F Chinook,
- 5,3 milliards d’euros pour quatre frégates de la classe F126,
- 3,8 milliards d’euros pour quatre systèmes de défense anti-aérienne Patriot et 400 missiles,
- 2,9 milliards d’euros pour 123 chars de combat Leopard II,
- environ 2,7 milliards d’euros pour 123 chars à roues (porteurs d’armes lourds d’infanterie), contrat de maintenance inclus,
- plus de 2,6 milliards d’euros pour 62 hélicoptères de combat légers H145M,
- environ 2,3 milliards d’euros pour 22 obusiers blindés 2000 et des centaines de milliers de munitions de calibre 155 millimètres,
- 2,2 milliards d’euros pour des satellites de communication
- plus de 1,2 milliards d’euros pour le développement d’un système de défense aérienne pour les opérations terrestres,
- 1,1 milliard d’euros pour trois avions de patrouille maritime P-8A Poseidon
- 1,1 milliard d’euros pour 50 blindés Puma
- plus d’un milliard d’euros pour « plusieurs centaines » de missiles guidés RAM pour la marine,
- près d’un milliard d’euros pour six systèmes de défense aérienne Iris-T 4.
Cinq milliards supplémentaires ont également servi à des acquisitions d’équipement de combat et de communication ainsi que de différentes munitions.
Le débat budgétaire prévu pour l’automne
La planification pluriannuelle envisagée par la coalition nécessite une augmentation importante de l’émission de dette publique allemande, qui atteindra une valeur annuelle de 126,1 milliards d’euros en 2029.
- Elle servira non seulement à financer l’augmentation des dépenses de défense, mais aussi en faveur d’une hausse générale des investissements.
- Lors de sa conférence de presse au ministère des finances à Berlin ce mardi, Lars Klingbeil a également souligné la continuité de l’effort d’investissement prévu qui devrait s’élever pour 2025 à 115 milliards d’euros.
- « D’ici 2029, nous augmenterons les investissements annuels de l’État fédéral pour les faire passer à près de 120 milliards d’euros par an. Nous permettons ainsi à notre pays de se moderniser, ce dont il a urgemment besoin pour des écoles, des crèches et des hôpitaux de qualité, des voies ferrées, des ponts et des routes modernes, ainsi que pour la protection du climat et la transition numérique. Nous investirons également massivement dans la sécurité intérieure et extérieure. Car la menace que fait peser l’agression russe sur la paix en Europe est réelle. Nous devons être en mesure de mettre en œuvre des mesures de dissuasion et de défense. »
Une partie des fonds supplémentaires pour l’investissement seront issus du deuxième fonds spécial de 100 milliards pour le climat et la transformation (Klima- und Transformationsfonds) exigé par les Verts en échange de leur accord en mars dernier.
Le vote du budget 2026 devrait avoir lieu à l’automne, entre septembre et novembre.
Sources
- Bundesregierung stellt finanzielle Weichen für die nächsten Jahre : Bundeshaushalt 2025, Eckwerte bis 2029 und Umsetzung des 500-Milliarden-Euro-Investitionspakets beschlossen, Bundesfinanzministerium, 24 juin 2025.
- Wehretat : 3,5 Prozent des BIP für Verteidigung bis 2029, ZDFHeute, 23 juin 2025.
- Alexander Laboda, Wofür das Sondervermögen der Bundeswehr verwendet wird, Mitteldeutscher Rundfunk, 21 janvier 2025.
- Ibid.