Aux alentours de 2h du matin, heure de Paris, six bombardiers américains ont largué douze bombes GBU-57 MOP sur les trois sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et Ispahan. L’objectif de ces frappes, dont les dégâts sont actuellement inconnus, est de détruire le programme nucléaire iranien.

  • Selon le président américain : « Nous avons mené à bien notre opération contre les trois sites nucléaires iraniens : Fordo, Natanz et Ispahan. Tous nos avions ont quitté l’espace aérien iranien. Une charge complète de bombes a été larguée sur le site principal, Fordo. Tous nos appareils se dirigent à présent vers la maison, en toute sécurité. Félicitations à nos formidables soldats américains — aucune autre armée au monde n’aurait pu mener à bien une opération d’une telle précision et d’une telle puissance. Le moment est venu pour la paix ».
  • Hier, des bombardiers américains Northrop B-2 Spirit ont quitté le territoire américain et des chasseurs F-22, F-16 et F-35 de l’armée de l’air des États-Unis, qui ont probablement escorté les B-2 lors des frappes, ont été stationnés sur des bases au Moyen-Orient.
  • En raison de la profondeur à laquelle se trouvent notamment les installations nucléaires iraniennes de Fordo, Israël ne dispose pas des moyens militaires pour pénétrer suffisamment le béton et, ainsi, atteindre les centrifugeuses.
  • Depuis plusieurs jours, la Maison-Blanche évalue les risques et bénéfices associés à une frappe directe sur le programme nucléaire iranien. Selon le Wall Street Journal, Trump aurait validé des plans d’attaque contre l’Iran mercredi 18 juin.
  • Il aurait toutefois conditionné leur mise à exécution à une capitulation sans conditions du régime sur le dossier nucléaire — ce à quoi le guide suprême iranien, Ali Khamenei, s’est opposé à plusieurs reprises.
  • Les dernières négociations en date sur le nucléaire iranien, qui se sont achevées vendredi 20 juin à Genève, en présence des ministres des Affaires étrangères des pays de l’E3 — France, Royaume-Uni et Allemagne —, n’ont permis d’aboutir à aucun résultat. Trump a déclaré samedi, 21 juin : « L’Iran ne voulait pas parler à l’Europe. Ils veulent parler avec nous. L’Europe ne pourra aider. »
  • Le 19 juin, Donald Trump avait annoncé qu’il prendrait une décision sur une éventuelle intervention américaine en Iran « au cours des deux prochaines semaines ».

L’ayatollah iranien avait déclaré mercredi 18 juin que les États-Unis allaient subir « des dégâts bien plus importants que ceux que peut subir l’Iran » en cas d’attaque militaire américaine. Le régime avait notamment menacé de s’en prendre aux bases américaines ainsi qu’aux plus de 40 000 militaires déployés par Washington dans la région.

  • Hossein Shariatmadari, rédacteur en chef du journal ultraconservateur Kayhan, a déclaré dans la matinée : « Après l’attaque américaine contre l’installation nucléaire de Fordow, c’est maintenant à notre tour. » Il a notamment appelé à des frappes de missiles contre les navires de la marine américaine et à la fermeture du détroit d’Hormuz.
  • Donald Trump a affirmé : « Toute représaille de l’Iran contre les États-Unis d’Amérique sera répondue par une force bien supérieure à celle à laquelle nous avons assisté ce soir ».

Aux États-Unis, l’utilisation de la force militaire est très impopulaire auprès des Démocrates mais également au sein même de la base MAGA, qui a élu Trump sur la promesse de mettre fin aux guerres au Moyen-Orient et de toujours placer « l’Amérique d’abord ».

  • Plusieurs alliés centraux du président républicains comme Tucker Carlson, Steve Bannon ou Marjorie Taylor Greene ont ouvertement critiqué l’implication des États-Unis dans le conflit.

La frappe américaine contre les installations nucléaires iraniennes, bien que significative sur le plan diplomatique et militaire, pourrait avoir un effet stratégique limité.

En laissant Trump revendiquer une victoire symbolique, l’Iran pourrait en réalité lui tendre un piège stratégique, en complexifiant le dossier nucléaire et les rapports de force régionaux.

  • Trump a présenté cette action comme un succès stratégique permettant d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, tout en évitant une guerre ouverte.
  • Comme l’analyse Hamidreza Azizi, spécialiste du Moyen-Orient, cette stratégie place la décision de l’escalade entre les mains de Téhéran, qui pourrait choisir de ne pas riposter directement contre les États-Unis — du moins pas immédiatement.
  • L’Iran pourrait concentrer sa réponse contre Israël, évitant ainsi une confrontation directe avec Washington et transférant à Trump la responsabilité de toute éventuelle escalade future — le président américain ayant déjà évoqué explicitement la possibilité de tuer le Guide suprême Ali Khamenei.
  • Plutôt qu’un retrait explicite du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), Téhéran pourrait invoquer le brouillard de guerre pour justifier des pertes d’uranium enrichi, instaurant une dissuasion floue et difficile à contrer.
  • Téhéran pourrait ainsi modifier sa stratégie nucléaire : cela créerait une ambiguïté stratégique, similaire à celle dont Israël a toujours fait preuve.
  • L’Iran n’aurait pas besoin de tester une bombe. La simple incertitude suffirait à dissuader de futures attaques et à compliquer les plans occidentaux.