Depuis 2016 — et encore plus depuis la pandémie —, l’OPEP+ s’était accordée sur une baisse de la production de pétrole afin de maintenir un prix du baril élevé, qui bénéficiait à tous ses États membres et assurait à la Russie des revenus durables, le pétrole représentant près de 40 % de ses exportations. Début avril, le baril de Brent s’échangeait à environ 75 dollars.
- Toutefois, l’administration Trump a exercé une forte pression sur l’OPEP+ depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, cherchant à maintenir des prix bas du pétrole afin de garantir la compétitivité de l’industrie énergétique américaine.
- Par ailleurs, en février, l’OPEP+ anticipait une hausse de la demande mondiale de pétrole d’environ 1,35 million de barils par jour, pour atteindre 105,1 millions de barils par jour à l’horizon 2025-2026.
- À la mi-avril, le groupe a toutefois revu à la baisse cette hausse à 1,30 millions de barils par jour en 2025 et 1,28 millions en 2026 en raison de l’impact des tarifs de Trump sur le commerce international.
Début avril, l’OPEP+ a donc changé de politique et annoncé un retour à la hausse de la production de 0,4 mb/jour en mai puis en juin, et ce malgré les incertitudes économiques et géopolitiques concernant notamment l’Iran et la Russie. La plupart des analystes s’attendent à ce que cette hausse de 0,4 mb/jour soit reconduite lors de la réunion qui aura lieu aujourd’hui, samedi 31 mai. Hier, le baril de Brent s’échangeait à autour de 63 dollars.
- Le cartel vise à renforcer ses parts de marché, qui sont actuellement légèrement inférieures à la moitié de la production mondiale, face à la concurrence croissante du pétrole de schiste américain, dont les coûts sont plus compétitifs.
- Si les décisions sont communes, l’OPEP+ est de facto dirigé par l’Arabie saoudite, qui prend les décisions et ne les communique qu’à ses autres partenaires parfois à la dernière minute.
- Au-delà de sa volonté de s’attirer les bonnes grâces du président américain, Riyad pourrait également chercher à « punir » les membres du groupe qui dépassent leurs quotas de plusieurs centaines de milliers de barils par jour, comme le Kazakhstan ou l’Irak 1.
- L’an dernier, l’Arabie saoudite représentait plus du tiers (34 %) de la production de pétrole de l’OPEP.
La baisse du prix du baril devrait davantage affaiblir l’économie russe et menacer la stabilité de ses finances. Moscou anticipe une chute de 24 % de ses revenus tirés du gaz et du pétrole sur l’année 2025, et a annoncé d’importantes coupes budgétaires, notamment dans l’aéronautique, l’automobile et la construction de navires et de robots industriels.
Sources
- Salma El Wardany, Grant Smith et Sam Dagher, « OPEC+ Mulls Even Larger Output Hike to Regain Market Share », Bloomberg, 30 mai 2025.