Dimanche 4 mai, le Cabinet de sécurité israélien a approuvé un plan visant à progressivement occuper militairement la bande de Gaza, raser tous les bâtiments et déplacer de force la quasi-totalité des 2 millions de personnes vivant dans l’enclave.
- Le lancement — ou non — de l’opération, qui vise à « vaincre complètement le Hamas », est dépendant de la conclusion d’un accord sur la libération des otages.
- Après 19 mois de guerre, 58 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza (dont 23 seraient toujours en vie), suite à la libération lundi 12 mai du dernier otage américain détenu dans l’enclave.
Contrairement à la plupart des otages, la libération d’Edan Alexander s’est faite en-dehors du cadre d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Pour la première fois, le groupe terroriste a contacté directement Bishara Bahbah, un activiste pro-Trump qui a dirigé durant la campagne de 2024 l’initiative « Arab Americans for Trump ». Avec l’aide du Qatar et de Bahbah, Steve Witkoff est parvenu à obtenir la libération d’Alexander sans contrepartie, assurant le Hamas qu’un tel « geste » serait bien perçu par Trump 1.
Face à une situation humanitaire qui se dégrade et l’absence apparente de volonté de Netanyahou de trouver un accord, l’administration républicaine semble prendre ses distances avec le dirigeant israélien.
- Suite à l’échec de l’accord de cessez-le-feu conclu quelques jours avant l’investiture de Trump, en janvier, Netanyahou a maintenu sa campagne militaire.
- Début mars, le Premier ministre israélien a fermé tous les points de passage permettant l’entrée de nourriture, de médicaments ou de carburant dans la bande de Gaza – une décision qui a suscité l’opposition du président américain.
- Ce dernier a notamment déclaré le 5 mai : « Nous allons aider la population de Gaza à se procurer de la nourriture […] Les gens meurent de faim et nous allons les aider à se nourrir. Beaucoup de gens agissent de manière très répréhensible ».
D’ailleurs, l’accord de cessez-le-feu entre les Houthis et les États-Unis, en place depuis le 6 mai a été conclu sans Israël, et Donald Trump a rencontré mercredi 14 mai le nouveau président syrien Ahmed al-Charaa, ouvrant la porte à une levée des sanctions à l’encontre du pays 2.
- L’administration américaine a aussi autorisé le Qatar a verser le salaire de milliers de fonctionnaires syriens et à transférer du gaz naturel via la Jordanie pour soutenir la production d’électricité.
- Enfin, le président américain a repris des négociations avec Téhéran sur le nucléaire et aurait refusé de soutenir une frappe israélienne sur des sites militaires iraniens 3.
La Maison Blanche semble avoir changé de stratégie pour obtenir un accord entre Israël et le Hamas en augmentant la pression sur Jérusalem. La semaine dernière, un responsable américain aurait posé un ultimatum à ses homologues israéliens : si un deal n’est pas conclu avant la visite de Trump au Moyen-Orient, Israël serait « laissé seul » 4 — durant la visite, le pays a néanmoins intensifié les bombardements à Gaza.
- Hier, 14 mai, à bord d’Air Force One, Trump a déclaré en réponse à une question sur le fait qu’il ne s’était pas rendu en Israël : « C’est une bonne chose pour Israël. Avoir une relation comme celle que j’ai avec ces pays… Je pense que c’est très bon pour Israël ».
Sources
- Barak Ravid, « Hamas approached pro-Trump activist for secret talks that freed Edan Alexander », Axios, 13 mai 2025.
- Gram Slattery, Pesha Magid et Andrew Mills, « Trump meets Syrian president, urges him to establish ties with Israel », Reuters, 14 mai 2025.
- ulian E. Barnes, Eric Schmitt, Maggie Haberman et Ronen Bergman, « Trump Waved Off Israeli Strike After Divisions Emerged in His Administration », The New York Times, 9 mai 2025.
- « US heavily pressuring Israel to reach deal with Hamas ; Witkoff asked for his criticism of Jerusalem to be leaked », Times of Israel, 9 mai 2025.