Tôt dans la matinée du mercredi 7 mai, l’Inde a conduit plusieurs frappes « de précision » contre des cibles présentées par New Delhi comme étant des « camps terroristes » situés au Pakistan ainsi que dans la région semi-autonome de l’Azad Cachemire, dont la souveraineté est revendiquée par l’Inde.

Ces frappes font suite à l’attaque terroriste du mardi 22 avril, qui a provoqué la mort de 26 personnes dont 25 Indiens à Pahalgam, dans le Cachemire.

  • L’attentat avait été initialement revendiqué par le Front de résistance (avant de se rétracter quelques jours plus tard), un groupe rebelle rattaché à l’organisation islamiste Lashkar-e-Taiba, qui lutte pour la sécession du Cachemire de l’Inde.
  • À l’issue d’une enquête de l’agence indienne en charge de la lutte contre le terrorisme, New Delhi a conclu que l’attaque avait été planifiée et organisée « avec le soutien actif et sous la direction d’acteurs étatiques pakistanais » 1.
  • Dans les jours ayant suivi, plusieurs échanges de tirs ont eu lieu à la frontière entre les armées indienne et pakistanaise.
  • Islamabad a également renforcé sa présence le long de la ligne de contrôle, une zone démilitarisée créée après la première guerre indo-pakistanaise de 1947-1948.

En représailles, l’armée indienne a lancé la nuit dernière, entre le 6 et le 7 mai, l’Opération Sindoor (vermillon), du nom du pigment rouge que les femmes hindoues mariées appliquent sur leur front. Le ministère de la Défense indien revendique avoir exercé son « droit de riposte » en frappant « avec précision, prudence et compassion » 2. Au total, neuf camps supposément utilisés par les terroristes auraient été détruits.

  • New Delhi revendique n’avoir blessé aucun civil. Le Pakistan a de son côté dénonce la mort de 26 personnes qui ne seraient pas affiliées aux groupes terroristes visés, dont une fille de 3 ans. Au total, 46 personnes auraient également été blessées.

Le Pakistan revendique également avoir détruit au cours de l’attaque cinq appareils de l’armée de l’air indienne, parmi lesquels un Sukhoi Su-30 et un MiG-29 russes ainsi que trois avions de chasse Rafale vendus par la France. Cette information a été démentie par l’ambassade indienne à Pékin, qui l’a qualifiée de « désinformation » 3.

Si ces allégations venaient à être confirmées, il s’agirait de la première fois que des Rafale tombent au combat depuis leur mise en service en 2002 au sein de la marine française.

  • Depuis 2016, l’Inde a passé commande auprès du constructeur français Dassault de 62 Rafale. La signature du dernier contrat de vente remonte à seulement quelques jours avec la vente le 29 avril de 26 appareils en configuration marine, qui viendront équiper le premier porte-avions construit en Inde, livré en 2022.
  • Sur les réseaux sociaux, plusieurs photos d’un moteur ressemblant au Safran M88 — qui équipe les Rafale — tombé au sol ont circulé au cours des dernières heures. Une autre montre ce qui ressemble à un bidon externe qui équipe les Rafale 4. Celles-ci viennent soutenir l’hypothèse de la destruction d’au moins un appareil 5, mais à ce stade, aucune de ces informations n’a pu faire l’objet d’une vérification indépendante.
  • Des sources officielles indiennes ont confié à Reuters que trois avions de chasse s’étaient écrasés dans des zones distinctes de la région himalayenne au cours de la nuit. Les pilotes auraient été hospitalisés.
  • Cependant, en raison de la portée des missiles équipant ces Rafale (SCALP, d’une portée allant jusqu’à 400 kilomètres), il semble peu probable que les pilotes aient eu besoin de se trouver au-dessus du sol pakistanais pour frapper leurs cibles.
  • Suite à l’attaque, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a chargé l’armée d’étudier quelles seraient les « mesures appropriées » à mettre en œuvre en représailles.
  • Lors d’une réunion du Comité national de sécurité, Sharif a également appelé les forces armées à « venger la perte de vies innocentes pakistanaises » 6.

Le ministre de la Défense du Pakistan a quant à lui tenu mercredi 7 mai un discours se voulant rassurant à l’attention de la communauté internationale. Sur Bloomberg, Khawaja Muhammad Asif a suggéré que l’affrontement pourrait en rester là si l’Inde décidait de faire « marche arrière » 7.

  • Plusieurs pays ont appelé à faire preuve de retenue afin d’éviter l’escalade, parmi lesquels la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni, le Japon et la Turquie.
  • Donald Trump a quant à lui déclaré : « C’est regrettable. Je viens d’apprendre la nouvelle. Je suppose que les gens s’attendaient à ce que quelque chose se passe, compte tenu des antécédents. Ils se battent depuis longtemps. Ils se battent depuis plusieurs décennies. J’espère que cela prendra fin rapidement ».
Sources
  1. Mukesh Ranjan, « Pahalgam attack planned by LeT with ISI, Pak Army help : NIA report ; 20 Valley OGWs under probe », The New Indian Express, 2 mai 2025.
  2. Through Operation Sindoor, India used its ‘Right to Respond’ to the attack on its soil : Raksha Mantri, Ministère de la Défense indien, 7 mai 2025.
  3. Asif Shahzad et Shivam Patel, « India strikes Pakistan over tourist killings, Pakistan says it will retaliate », Reuters, 7 mai 2025.
  4. Laurent Lagneau, « L’Inde a lancé un raid aérien contre des sites terroristes au Pakistan ; Première perte d’un Rafale au combat ? », Opex360, 7 mai 2025.
  5. Publication sur X de Rick Joe, 7 mai 2025
  6. Rhea Mogul, Sophia Saifi, Aishwarya S. Iyer, Aditi Sangal, Elise Hammond, Tori B. Powell, Jessie Yeung, Lex Harvey et Antoinette Radford, « India strikes Pakistan in wake of Kashmir massacre. Pakistan says 5 Indian planes downed », CNN, 7 mai 2025.
  7. « Pakistan Defense Chief’s Response to India Strikes », Bloomberg TV, 7 mai 2025.