Derrière les murs épais, d’ordinaire impassibles, du Palais du Peuple, une certaine inquiétude perce depuis l’élection de Donald Trump.

À l’instar des sommets bilatéraux États-Unis-Corée du Nord étrangement initiés par Trump lors de son premier mandat — avec finalement peu d’effets —, l’esquisse de rapprochement Trump-Poutine ne saurait de prime abord réjouir Xi Jinping lui qui n’a de cesse de vanter sa relation privilégiée avec le président russe, et lui a apporté un soutien massif depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022.

Cette démarche trumpiste a surpris, y compris dans les cercles du pouvoir à Washington. Et certains se sont empressés de qualifier cette tentative de rapprochement d’un « Kissinger inversé », en référence à la  décision de 1971 du président américain Richard Nixon d’établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine aussi bien pour mettre fin à la désastreuse guerre du Vietnam que pour contrer son rival soviétique en pleine guerre froide.

Mais cette comparaison tient-elle vraiment la route ?

L’histoire a été généreuse avec le stratège Henry Kissinger, chargé par Nixon d’aller secrètement à la rencontre de Mao Zedong, en conflit ouvert avec son voisin soviétique Nikita Khrouchtchev, qualifié de « révisionniste » à Zhongnanhai, siège du PCC. Le voyage présidentiel de Nixon en 1972 ouvrit la voie à la réintégration de la Chine communiste dans la communauté internationale. On connaît la suite  : quatre décennies de croissance économique effrénée, souvent à deux chiffres, une Chine « usine du monde » grand bénéficiaire de la mondialisation, et finalement intégrée dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001.

Le rapprochement russo-américain, auquel Donald Trump semble tant tenir, est-il censé contrer la montée en puissance du grand rival chinois  ? Voit-il si loin  ?

Du côté des historiens américains, un grand scepticisme demeure face à une administration dont les faiblesses stratégiques paraissent criantes. 

Il est difficile de comprendre comment Washington pourrait triompher de Pékin en s’aliénant l’ensemble de ses alliés occidentaux, à commencer par l’Europe et le Canada. Une telle approche diffère d’ailleurs du premier mandat de Trump durant lequel le Département d’État, sous la houlette de l’ex-Secrétaire d’État Mike Pompeo, avait mené un chantage sans vergogne auprès de pays européens membres de l’OTAN, suspectés de vouloir se vendre à des investisseurs chinois ou de laisser l’équipementier Huawei prendre le contrôle de leurs réseaux 5G.

Les deux visites bilatérales prévues entre Xi et Poutine dans les prochaines semaines dans leurs capitales respectives pourraient sonner le glas des suppositions sur un rapprochement Moscou-Washington. Sur le papier, on voit mal ce qui pourrait éloigner les « partenaires sans limite » Xi et Poutine, affairés à redessiner l’ordre international. Les échanges bilatéraux sino-russes ont atteint 245 milliards de dollars alors qu’ils atteignent péniblement 3,5 milliards entre les États-Unis et la Russie. À bien des égards, Poutine a franchi un palier vers la victoire en amenant Washington à la table de négociation tout en gardant le soutien économique de Pékin, son premier client énergétique depuis le début de la guerre en Ukraine.

Il est difficile de comprendre comment Washington pourrait triompher de Pékin en s’aliénant l’ensemble de ses alliés occidentaux, à commencer par l’Europe et le Canada.

Philippe Le Corre

Néanmoins, la Chine n’a guère de raisons de faire du triomphalisme face à Trump. Depuis début avril, le pays est dans le collimateur de la Maison-Blanche qui a imposé à Pékin des sanctions commerciales à hauteur de 145 % tout suspendant les sanctions contre la plupart des autres pays. La Chine a certes rétorqué avec des mesures ciblées dans plusieurs secteurs-clefs comme l’aéronautique (Boeing), l’agro-alimentaire et surtout l’exportation de métaux rares dont l’industrie américaine a tant besoin. Mais à moyen terme, l’économie chinoise — qui dépend en grande partie des exportations — souffrira davantage que les États-Unis. On estime que la croissance du PIB chinois passerait à 4 % en cas d’application des sanctions dans la durée. Ce ne serait pas une bonne nouvelle pour la direction du parti.

De son côté, Trump a été confortablement élu et contrôle — au moins jusqu’en janvier 2027 — les deux chambres du Congrès américain et la Cour Suprême. Il bénéficie aussi du soutien des entrepreneurs de la tech Elon Musk, Jeff Bezos et Peter Thiel, ce qui lui donne de nombreuses cartes sur les sujets chers à la Chine : le commerce, le numérique, la technologie.

Le cap de Pékin face à la tempête commerciale de la Maison-Blanche

Initiée lors du premier mandat de Trump, poursuivie par Joe Biden, la guerre commerciale sino-américaine se poursuit à coups de mesures protectionnistes sur une longue liste de produits sensibles, allant de l’intelligence artificielle à la biotechnologie, en passant par les véhicules électriques. En annonçant dès le 6 mars un projet de 100 milliards de dollars d’investissements supplémentaires aux États-Unis 1 (en cumulé : 165 milliards de dollars) le numéro un mondial des semi-conducteurs, le Taïwanais TSMC, fournisseur de puces pour Apple, Intel et Nvidia, a rapidement choisi son camp. Il est difficile de séparer cette annonce des critiques à peine voilées émises par des membres de l’équipe Trump contre Taïwan, dont l’effort de défense (3 % du PIB) est qualifié « de très insuffisant » par Elbridge Colby, le nouvel idéologue du Pentagone récemment confirmé comme sous-secrétaire à la Défense par le Congrès. Sous la menace d’une intervention militaire de la Chine et des incertitudes distillées par Trump, les Taïwanais semblent n’avoir eu d’autre choix que de s’exécuter. Au rythme de la militarisation chinoise, la possibilité d’une guerre de « réunification » selon le terme utilisé par le Parti communiste chinois augmente d’année en année. Mais il est peu probable que le Pentagone accepte de céder ce joyau stratégique qui augmenterait considérablement l’influence chinoise en Asie.

On estime que la croissance du PIB chinois passerait à 4 % en cas d’application des sanctions dans la durée.

Philippe Le Corre

Pour amadouer l’adversaire, Trump avait invité Xi Jinping à sa cérémonie d’investiture en janvier. Mais le président chinois ne se serait évidemment pas contenté d’un strapontin à Capitol Hill. En lieu et place de Xi fut détaché le vice-président Han Zheng, qui n’est même plus membre du bureau politique du PCC. Résultat  : pas d’échange significatif en dehors d’une visite protocolaire à son homologue J.D. Vance, dont l’amabilité avait — à l’époque — surpris la délégation chinoise. Depuis, la Maison-Blanche semble vouloir prendre son temps, accaparée par ses nombreux décrets sur des sujets nationaux — la lutte contre l’immigration illégale, la réforme des administrations… — sans oublier la guerre en Ukraine pour laquelle le contact avec Vladimir Poutine a été renoué… sans que les autorités chinoises ne soient consultées. De son côté, Pékin pourra peut-être constater avec satisfaction que l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a pas été sanctionnée — et en tirer les conséquences pour Taïwan  ?

Une chose semble certaine pour les analystes chinois, comme pour les autres  : nous entrons dans une ère de grande incertitude — ce que Pékin n’apprécie guère.

Par tradition, les décisions du PCC se prennent sur la durée après de multiples rapports et de longs conciliabules secrets, rarement dans l’urgence ni sous la pression. 

Sous Xi Jinping, on a multiplié les groupes de travail, souvent aux dépens des instances hiérarchiques classiques, et toujours dans le but de servir exclusivement les intérêts du secrétaire général du parti. À trente mois du prochain congrès, Xi doit montrer qu’il peut tenir tête aux États-Unis, en menant la Chine sur la voie de l’autosuffisance. Comme le montrent les purges au sein des élites, le factionnalisme a toujours sa place dans ce parti qui compte aujourd’hui près de 100 millions de membres.

La redéfinition rapide de l’ordre international est une bonne nouvelle pour Xi Jinping.

Les événements des derniers mois, après ceux des dernières années, sont autant de justifications de la vision multipolaire chinoise, qui s’illustre aussi en tendant la main vers l’Europe.

Pékin n’aura de cesse de chercher à diviser la communauté transatlantique, et les Européens entre eux. Pour autant, la Chine, qui depuis quarante ans bénéficie grandement de la mondialisation, est-elle prête à rebattre les cartes si brutalement  ? Rien n’est moins sûr. La patience est une vertu stratégique que, par appétence et expérience, elle cultive depuis toujours avec profit.

C’est pour cela que la disruption Trump a donc de grandes chances de lui bénéficier.

Les annonces en cascade qui ponctuent le retour de Donald Trump à la Maison Blanche depuis le 21 janvier 2025 provoquent à juste titre un électrochoc géopolitique dont on ne mesure ni toutes les facettes, ni encore moins les multiples conséquences à long terme.

À trente mois du prochain congrès, Xi doit montrer qu’il peut tenir tête aux États-Unis, en menant la Chine sur la voie de l’autosuffisance. 

Philippe Le Corre

Parmi les pays dont les noms depuis quelques semaines résonnent bruyamment dans les médias : l’Ukraine, la Russie, le Canada, le Mexique, le Danemark (avec le Groenland), Panama, Israël… alors que les puissances asiatiques semblent plutôt murées dans un mélange de stupéfaction et d’inquiétude, à l’exception peut-être de l’Inde. Cette dernière a eu la satisfaction d’obtenir, dès les premières heures de l’administration Trump, une loge de premier plan dans la pièce orchestrée par le nouveau président et sa garde rapprochée. 

L’attitude très positive de New Delhi à l’égard de Trump, caractérisée par la présence de son ministre des Affaires extérieures Subrahmanyam Jaishankar à la cérémonie d’investiture suivie de la visite d’État du premier ministre Narendra Modi dès les premiers jours de février, reflète clairement la proximité entre les dirigeants américain et indien, et une certaine vision de long terme.

Pourtant, à Washington, ce n’est évidemment pas l’Inde qui est sur toutes les lèvres mais la Chine, grand rival stratégique des États-Unis, superpuissance tentaculaire dont l’ambition semble sans limite, sur tous les sujets et sur tous les continents. Contrairement aux États-Unis de Donald Trump, la Chine de Xi Jinping revendique haut et fort depuis le 19ème congrès du PCC sa place « centrale » 2 sur la scène internationale. Pour Xi et ses affidés, tout porte à croire que « l’Orient s’est levé », et que « l’Occident est en déclin », phrases maintes fois répétées depuis janvier 2017 (discours de Xi à Davos) puis au cours de célébrations symboliques comme le centième anniversaire du parti en 2021.

L’Europe : un espace utile

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a emboîté le pas au vice-président américain J. D. Vance lors de la Conférence annuelle pour la sécurité de Munich en février. Il serait plus juste de dire qu’il s’est précipité à Munich. Mais sur le Vieux continent, une certaine retenue s’impose, doublée d’une main tendue  : « La Chine a toujours considéré l’Europe comme un pôle important dans le monde multipolaire », a-t-il lancé aux participants encore sous le choc des attaques de Vance. 

« La Chine et l’Europe sont des partenaires, pas des rivales  ; Cette année marque le 50ème anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE  ; Profitant de cette occasion, la Chine est prête à travailler avec la partie européenne pour approfondir la communication stratégique et une coopération mutuellement bénéfique, et guider le monde vers un avenir brillant de paix, de sécurité, de prospérité et de progrès ». 

Et le ministre, membre du bureau politique du PCC, de glisser au passage que Pékin « soutient le rôle important de l’Europe dans les pourparlers de paix sur l’Ukraine ». Message reçu avec bienveillance par certains dirigeants européens tels la présidente de la Commission Ursula von der Leyen — son discours devant le World Economic Forum évoquait la notion de « bénéfices mutuels » 3 —, le ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Albares — Madrid cherchant avec insistance à attirer des investisseurs chinois comme l’a montrée la récente visite en Chine du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez. Bien entendu, la Hongrie n’est pas en reste, ses représentants toujours prompts à rallier les ennemis de la souveraineté européenne et à accueillir sans vergogne les investissements chinois.

On ne peut que constater la réactivité de Pékin pour s’attirer les bonnes grâces des uns et des autres, trois mois après le retour de Trump — alors même que la nouvelle stratégie chinoise de Washington n’a toujours pas été annoncée 4 en dehors des sanctions commerciales. Le parti communiste chinois n’ayant pas pour habitude de se laisser dicter ses actes, il n’avait d’autre choix que de répliquer alors que s’ouvrait l’événement politique de l’année, les « Deux Sessions » parlementaires mettant en scène les plus hauts dirigeants du parti communiste (PCC) et de l’État.

La nouvelle stratégie chinoise de Washington n’a toujours pas été annoncée en dehors des sanctions commerciales.

Philippe Le Corre

Et qu’en est-il de l’Ukraine  ? Dans le Palais du peuple où étaient réunis début mars les délégués respectifs de l’Assemblée nationale populaire (ANP) et de la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois (CCPPC), on n’en a guère parlé. 

Le ministre Wang Yi s’en était chargé lors de sa conférence de presse du 7 mars après avoir déjà abordé le sujet à Munich et à Johannesburg en Afrique du Sud le 20 février lors d’une réunion ministérielle du G20 5. Cela tombe bien car l’Afrique du Sud est aussi un membre important des BRICS, qui en comprend désormais dix 6. La Chine attache une importance beaucoup plus grande aux BRICS qu’au G20, parce ces pays regroupent les puissances non-occidentales qui pèsent le plus — le groupe représente désormais 51 % et 40 % du PIB mondial — au nom de la redéfinition de l’ordre international souhaitée par Pékin. 

« Les meilleures relations possibles » en Afrique

Concernant ses relations avec l’Afrique, que ses diplomates et chefs d’entreprises arpentent depuis plusieurs décennies, la Chine déclare avoir atteint le pinacle (« les meilleures relations possibles » 7), et organise tous les trois ans dans sa capitale le Forum Afrique-Chine (FOCAC) en présence de la quasi-totalité des dirigeants du continent.

Pékin entretient également une petite présence militaire en Afrique à travers des coopérations de moins en moins discrètes avec certaines anciennes colonies françaises comme le Niger, qui bénéficie désormais d’un attaché militaire chinois. 

Ambassadeur à Niamey, Jiang Feng promet que la Chine « soutiendra le Niger en renforçant les capacités militaires de ce dernier, et en luttant contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière afin de préserver la paix et la sécurité dans la région ». Des programmes de coopération ont également lieu avec le Burkina Faso et le Mali, deux pays ayant chassé les militaires français depuis peu. Autant de moyens de garder un œil sur les investissements chinois en Afrique en particulier dans le domaine énergétique (pétrole, uranium…). On estime à 10 000 le nombre d’entreprises chinoises en Afrique 8 pour 180 milliards de dollars de revenus, et à plus d’un million le nombre de résidents chinois sur le continent. Sans oublier l’importante base navale de l’Armée populaire de libération à Djibouti 9, dont l’effectif réel tournerait autour de 12 000 militaires. La Chine voit l’Afrique comme un soutien essentiel à sa « communauté globale aux valeurs communes » 10, notamment aux Nations Unies où elle s’affaire depuis de longues années à rassembler des soutiens d’États du « Sud global ». Membre permanent du conseil de sécurité, grand pourvoyeur de casques bleus, la Chine n’entend pas laisser l’ONU s’évanouir, alors qu’elle a tant utilisé l’organisation pour pousser ses pions. Pékin la défend en tant qu’autorité suprême supranationale alors que d’autres grandes puissances — États-Unis, Russie en particulier — lui attribuent désormais une importance limitée, sauf pour bloquer les résolutions onusiennes qui leur déplaisent.

Pékin entretient une présence militaire en Afrique à travers des coopérations de moins en moins discrètes avec certaines anciennes colonies françaises comme le Niger, qui bénéficie désormais d’un attaché militaire chinois. 

Philippe Le Corre

Le cœur asiatique des « Nouvelles Routes de la Soie »

En Asie, où de nombreux conflits territoriaux demeurent — du Japon au Vietnam, en passant par les Philippines —, la Chine se présente comme « un pilier de stabilité et un moteur de développement » 11 à travers sa stratégie Belt and Road (BRI) qui associe « vingt-cinq pays » de la région, du Cambodge au Pakistan. 

À l’inverse de la stratégie indo-pacifique de Washington qui n’aurait « rien produit de bon pour l’Asie », conduisant à « davantage d’échecs que de succès », la politique d’influence chinoise essaime, à coups d’investissements et d’opérations de charme. Pékin multiplie les initiatives, à travers des projets labellisés BRI, portées par ses banques d’investissement (Banque Asiatique pour les Investissements dans les Infrastructures, Export Import Bank, Banque de Chine pour le Développement) ou défend une coopération monétaire digitale 12 pour aller vers une « dédollarisation » compensée par un renforcement de la devise chinoise sur les marchés.

Sur un plan stratégique, elle promeut bien évidemment l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui vise l’Asie centrale élargie à l’Afghanistan. Autant de pays dans lesquels la Chine a tissé de nombreux liens. Cette année, la Chine accueillera d’ailleurs elle-même le sommet annuel de l’OCS, à Tianjin. L’Inde y sera représentée même si les deux géants asiatiques font de plus en plus figures de rivaux — à l’image de leurs nombreux désaccords frontaliers. Mi-avril, Xi Jinping lui-même a effectué une tournée dans trois pays d’Asie du Sud-Est (Malaisie, Cambodge, Vietnam) qui n’avaient pas été habitués à tant d’égards par le passé. À l’heure du découplage sino-américain, un tel déplacement illustre la volonté d’ouverture de Pékin à l’égard de pays asiatiques avec lesquels il entend renforcer les échanges commerciaux. Face à la tornade trumpiste, la Chine veut mettre en avant la stabilité de sa politique et sa proximité avec le « Sud global ».

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Des récents propos de Wang Yi à l’issue des « Deux Sessions », on retient que la Chine « n’a pas l’intention de tout remettre à plat (start all over) » 13 à propos de l’ordre international. 

C’est un contraste évident avec l’impression de stratégie du chaos venant de Washington, avec ses effets dévastateurs en Europe et au Canada notamment. 

Les entreprises étrangères contribuent pour un tiers à la balance commerciale chinoise — et les rencontres bilatérales de Xi avec leurs dirigeants participent d’une véritable offensive chinoise que la politique de Washington depuis janvier a contribué à accélérer.

Philippe Le Corre

Pékin entend au contraire favoriser les ententes diplomatiques à sa manière, dans la discrétion — sur le modèle de la rencontre entre l’Iran et l’Arabie Saoudite qu’elle avait facilité en novembre 2024 14

Après deux années post-pandémiques difficiles à la suite de la sortie brutale de confinement en 2022, le gouvernement chinois s’efforce de reconquérir la confiance de son opinion publique.

Les campagnes de propagande se sont ainsi accélérées ces derniers mois pour restaurer la confiance. Face à la crise immobilière qui touche tant de villes, de régions et de citoyens, Pékin a publié des chiffres destinés à rassurer sur les perspectives de croissance économique (5 % en 2025) tout en exprimant de bonnes intentions à l’égard des entreprises privées, étrangères mais surtout chinoises comme on l’a vu lors de la rencontre inhabituelle de Xi Jinping en personne avec une délégation parlementaire de la province du Jiangsu 15 en marge des « Deux Sessions ».

Dans le même esprit, le secrétaire général du PCC a lui-même reçu une quarantaine de dirigeants étrangers parmi lesquels les Allemands Mercedes-Benz et Volkswagen, les Américains Blackstone et FedEx ou les Japonais Hitachi et Toyota.

Les entreprises étrangères contribuent pour un tiers à la balance commerciale chinoise, et de telles rencontres participent d’une véritable offensive chinoise, que la politique de Washington depuis janvier a contribué à accélérer. Même si les effets de la guerre commerciale présentent de nombreux risques pour son économie, la Chine est à l’évidence prête à saisir les opportunités qui s’offrent à elle.