Peter Navarro
Navarro, conseiller du président pour le Commerce, était le directeur du Conseil du Commerce de la Maison-Blanche puis du Bureau de la politique commerciale et industrielle pendant le premier mandat de Donald Trump, de 2017 à 2021. Titulaire d’un doctorat en économie de l’Université Harvard, il est sans doute le conseiller le plus radical de Donald Trump en matière commerciale.
- Navarro a rédigé plusieurs ouvrages très critiques à l’égard des effets de la mondialisation, et en particulier de la concurrence chinoise sur l’économie et la société américaine.
- Malgré sa position institutionnelle moins établie que les Secrétaires à la tête de larges départements, Navarro exerce une grande influence sur la politique commerciale en raison de la confiance que lui accorde Donald Trump.
- Il est largement perçu comme étant l’un des principaux architectes de la politique tarifaire mise en œuvre par Trump depuis le 20 janvier.
Navarro et Steve Bannon sont les deux seuls responsables de l’administration Trump I ayant purgé une peine de prison pour outrage au Congrès en raison de leur refus de livrer leur témoignage dans le cadre de l’enquête sur l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Comme Bannon, Navarro a présenté ses quatre mois passés en prison comme un signe de sa fidélité envers Trump, déclarant après sa libération : « Le comité J6 a exigé que je trahisse Donald John Trump pour sauver ma peau […] J’ai refusé ».
Stephen Miran
Également diplômé d’un doctorat en économie de Harvard, Miran a effectué la plus grande partie de sa carrière dans le secteur financier en tant qu’analyste économique. Après un court passage au département du Trésor lors des derniers mois du premier mandat de Donald Trump, il a été Senior Strategist pour le gestionnaire d’actifs Hudson Bay Capital Management LP. C’est en cette qualité qu’il a rédigé, après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle en 2024, un long programme sur la restructuration du système commercial mondial.
- Selon Miran, les droits de douane peuvent servir de levier de négociation pour aboutir à de « nouveaux accords de Mar-a-Lago », dans lesquels les partenaires des États-Unis accepteraient une réévaluation de leurs monnaies, ce qui renforcerait la compétitivité de l’Amérique et contribuerait à sa réindustrialisation.
- Il n’y a pour le moment aucun signe toutefois que ses réflexions pèsent sur les décisions de l’administration.
Dans un discours prononcé lundi 7 avril au Hudson Institute, Miran offre une défense vigoureuse de la politique commerciale en cours de déploiement et ne tente même pas de mettre en évidence la nécessité et la place de la coordination, du compromis et de la négociation. Il affirme que même des droits de douane impliquant des représailles totales permettraient d’assurer un certain niveau de rééquilibrage économique dans l’intérêt des États-Unis. Le réalignement des taux de change et la coordination des politiques macroéconomiques semblent en somme avoir complètement disparu de sa réflexion, de même que l’idée d’un échange de dettes, qui était l’aspect le plus controversé de sa proposition initiale.
Le président américain a déclaré au reste du monde une guerre commerciale.
Pour s’orienter dans cette séquence extrêmement tendue, nous avons réuni les chiffres clefs, les grandes tendances pour comprendre — et répondre — à cette grande transformation.
Howard Lutnick
Banquier à Wall Street dans les années 1980 avant de rejoindre Cantor Fitzgerald, dont il devient le président directeur général en 1991, Lutnick s’est rallié à Donald Trump en 2020. C’est toutefois seulement en 2024 que celui-ci s’est véritablement imposé comme l’un des principaux conseillers du président en étant nommé co-responsable, aux côtés de Linda MacMahon, de l’équipe de transition de Trump. Soutenu par Elon Musk pour être nommé secrétaire au Trésor, il obtient finalement le portefeuille du Commerce au sein de la nouvelle administration.
- Howard Lutnick est aujourd’hui la principale figure publique des droits de douane. Cela s’explique institutionnellement puisque son département comprend à la fois l’International Trade Administration (ITA) et l’United States Trade International Commission (USITC), qui jouent un rôle clé en matière de commerce international et de protection douanière.
- Il s’est fait ces dernières semaines le porte-parole le plus virulent de l’administration en faveur des tarifs imposés par Donald Trump. Alors que les craintes liées à la stabilité de l’économie américaine commençaient à émerger au début du mois de mars, Lutnick a déclaré sur CBS News que les politiques de Trump « en valent la peine » — même si elles provoquent une récession.
Si Howard Lutnick ne figure pas parmi les « théoriciens » de la politique de l’administration, il n’en demeure pas moins un partisan de la « réciprocité » dans les tarifs. Lors de son audition au Sénat fin janvier, il déclarait que les tarifs « réciproques » sont un moyen pour mettre fin au « manque de respect » dont seraient victimes les États-Unis. Devant la commission sur le Commerce, il ajoutait : « Il est tout simplement absurde de penser que les droits de douane provoquent l’inflation ».
Jamieson Greer
À la tête de l’USTR, le Bureau du représentant au Commerce, Greer est la personne en charge de négocier avec les pays visés par les tarifs « réciproques », entrés en vigueur aujourd’hui, mercredi 9 avril. Passé notamment par Sciences Po Paris et l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Greer est un juriste de formation, spécialiste des questions de commerce international. Après quatre années au sein du Judge Advocate General’s Corps (JAG) de l’armée de l’air, de 2008 à 2012, il rejoint le cabinet d’avocat Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom et se spécialise en droit commercial.
- Le nouvel USTR est un proche de Robert Lighthizer, dont il fut le collègue au sein du cabinet Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom et qui le fit venir par la suite au sein du bureau du représentant au Commerce pour être son directeur de cabinet au cours de la première administration Trump.
- Selon Renaud Lassus, Lightizer a exercé une influence qu’aucun membre du cabinet n’avait eu avant lui dans ces fonctions : « plusieurs des décisions les plus importantes de Donald Trump comme président portent directement sa marque, comme le tournant beaucoup plus ferme donné à la politique commerciale américaine à l’égard de la Chine ».
- Si Lightizer est absent de la nouvelle administration, son successeur, Greer, continue de suivre et d’appliquer le playbook élaboré par son prédécesseur et compilé dans son livre de 2023, No Trade Is Free : Changing Course, Taking on China, and Helping America’s Workers.
- L’impact négatif supposé « énorme » de la TVA ou des régulations européennes sur les services numériques, au cœur des critiques de l’administration Trump contre l’Union, occupent une place centrale dans les chapitres 17 et 18 du livre.
Lors d’une audition par la commission des Finances du Sénat hier, mardi 8 avril, Greer a présenté les droits de douane de Trump comme étant d’ores et déjà un succès : « Un licenciement prévu pour une équipe de production automobile dans le Tennessee a été suspendu. Un autre constructeur automobile embauche des employés supplémentaires et augmente les heures supplémentaires pour accroître la production automobile dans l’Indiana ». Comme Lutnick, il considère également que par l’instauration de tarifs « réciproques », les États-Unis sous Donald Trump sont de nouveau perçus comme une grande puissance.