À partir de mercredi prochain, le 9 avril, les exportations des États membres de l’Union européenne vers les États-Unis seront soumises à des tarifs douaniers de 20 %. 

Si Donald Trump a présenté ces nouveaux tarifs comme constituant des « mesures réciproques », soit une imposition par les États-Unis de taux similaires à ceux pratiqués par les partenaires commerciaux de Washington, les chiffres annoncés mercredi 2 avril par le président américain reposent en réalité uniquement sur la balance commerciale et le montant des importations.

  • La formule en apparence complexe publiée sur le site du Bureau du représentant américain au Commerce (USTR) ne prend de facto en compte que ces deux paramètres 1.
  • L’élasticité-prix de la demande d’importation et l’élasticité des prix à l’importation par rapport aux droits de douane sont quant à eux fixés à des valeurs qui s’annulent l’un et l’autre, ce qui revient à les multiplier par un.

Contrairement à ce qui a été mis en avant par l’administration Trump ces dernières semaines, les taxes (notamment la TVA), réglementations et autres barrières non-tarifaires au commerce ont été évacuées de l’équation sur la base de laquelle la Maison-Blanche a fixé les niveaux de ses tarifs réciproques. La méthodologie employée pour aboutir à un taux de 20 % sur les importations de l’Union est ainsi contestée, ou du moins questionnée, par des responsables européens — d’autant que, selon Trump, ce taux aurait dû être de 39 %, mais a été réduit de moitié dans un élan de « gentillesse ».

  • En appliquant la formule utilisée par l’USTR pour parvenir à ce taux, les États membres de l’Union auraient fait face à des tarifs allant de 10 % — soit le seuil minimal fixé par l’administration Trump — à 47 % pour la Slovaquie et la Slovénie.
  • Alors que ces deux pays ont enregistré un faible excédent commercial avec les États-Unis de 8 et 6 milliards de dollars respectivement en 2024, ils seraient frappés du taux le plus élevé parmi les États membres.
  • L’Allemagne, qui a exporté vers les États-Unis pour 85 milliards de dollars de bien de plus qu’elle n’a importé, ne serait soumise qu’à un taux de 26 %. Le taux appliqué à la France serait quant à lui de « seulement » 14 %, soit 6 points de moins que le tarif universel appliqué à l’Union.

La méthodologie utilisée par l’administration Trump est largement contestée par les économistes, qui considèrent au mieux que celle-ci relève d’une approximation utilisée faute de temps suffisant pour étudier chaque relation commerciale bilatérale, et au pire que celle-ci est erronée sur le plan économique et le fruit de l’incompétence de l’équipe économique de la Maison Blanche.

Sources
  1. Reciprocal Tariff Calculations, Office of the United States Trade Representative.