L’Union sera représentée par la présidente de la Commission von der Leyen et le président du Conseil Costa. Ce premier sommet fait suite à la première itération d’un format similaire des États de la région avec la Chine et les États-Unis, en 2023, alors que le sommet avec l’Union, qui devait se tenir en 2024, a été décalé.

L’engagement européen, plus tardif, semble pourtant plus affirmé : le sommet se tient dans la région, alors que les deux autres avaient eu lieu respectivement à Xi’an et New York.

  • L’Union avait déjà élaboré une stratégie pour l’Asie centrale en 2019. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, elle cherche à conserver et renforcer ses liens avec ces 5 pays du voisinage russe.
  • Après plusieurs réunions depuis octobre 2022, une feuille de route commune a été signée à Luxembourg en octobre 2023, selon 5 priorités : coopération régionale, relation commerciale et d’investissement, transition écologique, défis sécuritaires et renforcement des contacts interpersonnels.
  • La Haute-représentante Kallas était également à Achgabat, au Turkménistan, début mars. Le commissaire européen aux partenariats internationaux Jozef Sikela s’est lui aussi rendu dans les cinq pays de la région entre le 12 et le 18 mars.

L’Union est le 2e partenaire commercial de la région, et le 1er investisseur, avec plus de 40 % du total des investissements, notamment dans le cadre du Global Gateway. L’un des projets phares est le Corridor de transport transcaspien (TCTC), qui a bénéficié d’un engagement d’investissement de 10 milliards d’euros début 2024 à Bruxelles.

  • Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, ont appelé à centrer la discussion sur les droits humains.
  • Les accords de coopération et de partenariat que l’Union a avec les pays de la région — à l’exception du Turkménistan — devraient en théorie garantir le respect de l’État de droit contre un accès privilégié au marché commun.
  • Ces conditions sont cependant peu respectées : dernier exemple en date, en février, le Tadjikistan a condamné, des journalistes, d’avocats et de personnalités politiques couvrant ou défendant les victimes de la répression dans la province autonome du Haut-Badakhchan.

L’Asie centrale joue un rôle de premier plan dans la stratégie énergétique de basculement vers l’Orient — et notamment vers la Chine — engagée au début des années 2010 par Poutine avec le lancement du gazoduc Force de Sibérie.

  • Si le nouveau gazoduc Force de Sibérie 2 (qui peine à voir le jour) devrait traverser la Mongolie, qui ne sera pas présente au sommet avec l’Union, Moscou cherche à conquérir de nouveaux marchés au Kazakhstan et en Ouzbékistan pour compenser la perte de la quasi-totalité du marché européen.
  • Un projet de nouveau gazoduc qui passerait par le nord du Kazakhstan pour relier le territoire chinois est également en gestation, et des responsables russes ont déclaré que celui-ci pourrait être opérationnel dès 2029 1.
  • S’il est mis en service avec les capacités prévues, il pourrait remplacer jusqu’à un tiers des volumes d’exportation de gaz perdus par Moscou suite à l’arrêt des livraisons vers les pays européens 2.
Sources
  1. Vladimir Afanasiev, « Russia advancing plans for building strategic gas export pipeline to China and Kazakhstan », UpStream, 26 décembre 2024.
  2. Annette Bohr, Playing both sides : Central Asia between Russia and the West, Chatham House, 26 mars 2025.