La progression russe en Ukraine a atteint en mars son niveau le plus faible depuis près d’un an : 133 km²

Au cours du mois de mars, l’armée russe a occupé 133 km² de territoire ukrainien supplémentaire, soit un chiffre en constante baisse depuis novembre 2024 selon les données du groupe d’analystes ukrainiens Deep State ¹.

• Le ralentissement du rythme de progression russe en Ukraine n’est pas lié à une baisse de l’intensité des combats, mais à une défense ukrainienne plus efficace alors que l’offensive de Moscou se concentre principalement sur plusieurs villes du sud et de l’est du pays.
• L’armée russe connaît également un nombre important de problèmes logistiques exacerbés par un épuisement de sa flotte de véhicules blindés : selon une base de données tenue par des analystes indépendants, la Russie aurait perdu 52 % de tous les chars d’assaut dont elle disposait avant 2022, 48 % de ses véhicules de combat d’infanterie, 55 % de ses véhicules blindés de transport de troupes ou encore 59 % de son artillerie.

• À Toretsk, dans l’oblast de Donetsk, les forces ukrainiennes ont réussi au début du mois de mars à lancer des contre-attaques et reprendre plusieurs positifs clefs à l’intérieur de la ville. Au début de l’année, la chute de Toretsk semblait imminente alors que l’armée russe a pénétré dans la ville en août 2024.
• À la mi-mars, Kiev lançait plusieurs contre-offensives à l’est, au sud et à l’ouest de Pokrovsk, menacée d’encerclement depuis plusieurs mois. Après des succès russes significatifs au nord-ouest de la ville au début de l’année, l’offensive russe y a largement stagné ces deux derniers mois.

Si Donald Trump a initié plusieurs cycles de négociations sur un cessez-le-feu avec les parties russe et ukrainienne depuis son retour au pouvoir, les combats se poursuivent sur la totalité de la ligne de front. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également alerté la semaine dernière sur le lancement au cours des prochaines semaines d’une nouvelle offensive russe d’ampleur dans les oblasts frontaliers de Soumy et Kharkiv. 

Kiev et Moscou dénoncent également mutuellement la violation du cessez-le-feu partiel sur les infrastructures énergétiques en place depuis le 25 mars. 

• Mercredi 2 avril, dans la matinée, le président ukrainien a accusé l’armée russe d’avoir frappé une sous-station électrique avec un drone FPV (donc piloté) dans l’oblast de Soumy. Une frappe d’artillerie a également endommagé une ligne électrique dans la région de Dnipropetrovsk ².
• La Russie dénonce elle aussi plusieurs violations du cessez-le-feu par l’Ukraine au cours des derniers jours. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré hier, mardi 1er avril, avoir remis aux États-Unis, à l’ONU et à l’OSCE une « liste des violations » citées par le ministre de la Défense Andreï Belooussov lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe ³.
• Les données des forces de défense ukrainiennes et du ministère de la Défense russe indiquent toutefois que les frappes de drones ont considérablement diminué après que Trump a déclaré dimanche 30 être « énervé » contre Vladimir Poutine en raison de l’absence apparente de volonté du président russe de parvenir à un accord de paix avec l’Ukraine ⁴.

Dans un entretien à paraître avec le magazine russe Affaires internationales (Международная жизнь), le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a déclaré que les propositions américaines n’apportaient pas de résolution aux « problèmes liés aux causes profondes de ce conflit » ⁵. L’administration Trump, qui espère parvenir à un accord de cessez-le-feu d’ici le 20 avril, montre depuis quelques jours des signes d’impatience de plus en plus prononcés vis-à-vis de Moscou ⁶.