Giorgio Agamben, Amicizie, Einaudi

« ‘Il est plus facile de définir l’amour que l’amitié, plus facile de dire « je t’aime » en paraissant sincère, que de dire « je suis ton ami » sans que le soupçon d’imposture ne vienne assombrir nos propos. 

C’est pourquoi la seule définition de l’amitié qui me semble acceptable est l’ancienne, qui voit dans l’ami un alter ego, un autre moi, c’est-à-dire quelqu’un qui rend aimable et reconnaissant ce qu’il y a de plus odieux : notre moi.

Et précisément parce que — comme la vie — elle est en quelque sorte toujours à la fois exhaustive et inachevée, ponctuelle et manquante, l’amitié exige notre témoignage.’

À travers dix-sept courts portraits, Giorgio Agamben évoque le souvenir d’amis qui ont marqué sa vie et sa personne. »

Parution le 1er avril

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Giuliano da Empoli, L’heure des prédateurs, Gallimard

« ‘Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place.’

Giuliano da Empoli nous livre le compte-rendu aussi haletant que glaçant de ses pérégrinations au pays de la puissance, de New York à Riyad, de l’ONU au Ritz-Carlton de MBS. Il nous guide de l’autre côté du miroir, là où le pouvoir s’acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l’affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l’IA s’avère incontrôlable… Aucun doute, l’heure des prédateurs a sonné. L’auteur du Mage du Kremlin les regarde en face, avec la lucidité d’un Machiavel et la hauteur de vue du moraliste. »

Parution le 3 avril

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Giuliano da Empoli dans le Grand Continent

Mathieu Corteel, Ni dieu ni IA. Une philosophie sceptique de l’intelligence artificielle, La Découverte

« Dissimulées dans nos moteurs de recherche, réseaux sociaux, générateurs de textes ou d’images et autres assistants vocaux, les intelligences artificielles ont appris de nous pour produire des contenus à notre place. Du devoir de l’étudiant paresseux à l’article scientifique, en passant par le deepfake, le journalisme ou encore l’art visuel, les IA participent désormais à tous les types de production culturelle et se propagent de proche en proche dans chaque recoin de nos vies. Nous partageons avec elles nos souvenirs, nos désirs, nos affects, nos connaissances et nos créations sans la moindre limite. Et si leur développement conduisait non pas à l’émergence d’une machine consciente, comme leurs promoteurs et leurs détracteurs l’envisagent, mais à l’expropriation et à l’exploitation de notre intelligence collective ? 

En interrogeant la démultiplication infinie de simulations qui nous illusionnent, cet ouvrage (probablement écrit par une IA) nous entraîne à coups de paradoxes dans le vide du non-sens bien ordonné. Au gré d’un inquiétant voyage à la rencontre de cerveaux plongés dans des cuves, de robots dactylographes, de perroquets stochastiques, de policiers quantiques et de chatbots psychopathes, Mathieu Corteel nous amène à questionner la tentation de nous déposséder de nos qualités humaines et d’en investir des calculatrices toutes-puissantes.

Qu’est-ce que la délégation de nos pouvoirs d’action, de création et de décision à des interfaces auxquelles nous attribuons une pensée implique concrètement dans des domaines tels que le travail, le soin, la surveillance, le vote ou encore l’éducation ? Que deviennent nos mondes humains en s’hybridant à nos machines connectées ? »

Parution le 3 avril

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Déborah V. Brosteaux, Les Désirs guerriers de la modernité, Seuil

« Face aux guerres dans lesquelles les pays d’Europe sont impliqués, nous oscillons en permanence entre anesthésie et frénésie. Certaines situations guerrières donnent lieu à un échauffement affectif, un « regain » d’énergies psychiques et sociales, tandis que d’autres sont à peine nommées, reléguées au loin. Cette enquête philosophique creuse l’ambivalence de nos rapports à la guerre, inscrite au cœur de l’histoire sensible de la modernité.

Inspiré des écrits de Walter Benjamin, de W. G. Sebald ou encore de Klaus Theweleit, l’ouvrage explore ces affects guerriers à travers le XXe siècle, et interroge leur héritage : la froideur de la mise à distance, le déni des ruines après 1945, le désir d’intensification de l’expérience de soi, qui mobilise les imaginaires en 1914-1918 et s’engloutit dans les tranchées… voire mute en passions fascistes qui se nourrissent activement de la dévastation.

Déborah V. Brosteaux prend au sérieux ces désirs, y compris dans leurs attraits. Et se demande : quelles transformations affectives activer pour résister aux mobilisations guerrières ? »

Parution le 4 avril

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Antonio Rivera et Víctor Manuel Amado Castro (dir.), Más allá de la derecha. Diez casos mundiales, Catarata

« Cet ouvrage collectif propose une analyse approfondie de l’extrême droite et du conservatisme radicalisé dans le contexte mondial actuel. 

À travers une douzaine de cas, il explore les différents visages de ces mouvements dans des pays tels que l’Espagne, l’Italie, la France, la Russie, le Brésil, les États-Unis, Israël et l’Inde. Chaque chapitre dévoile les causes internes et externes qui ont conduit à la montée de ces idéologies, de leurs racines historiques à leurs manifestations contemporaines, à travers l’étude de figures clés telles que Viktor Orbán, Donald Trump, Jair Bolsonaro et Javier Milei, qui représentent un changement de leadership politique et une évolution vers l’autoritarisme populiste. 

Les auteurs analysent comment ces mouvements remettent en cause les démocraties libérales, érodent leurs institutions et promeuvent des modèles autoritaires nationalistes et anti-démocratiques. Ils cherchent à comprendre de manière critique comment la radicalisation de la droite remodèle le paysage politique mondial et son impact sur l’avenir de nos sociétés démocratiques. »

Parution le 7 avril

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Luca Misculin, Mare aperto. Storia umana del Mediterraneo centrale, Einaudi

« Pendant une grande partie de l’histoire de l’humanité, la mer a suscité un sentiment particulier : la peur. Même dans un endroit comme la Méditerranée centrale, où l’Europe et l’Afrique se regardent à courte distance. L’histoire de cette partie du monde, d’une mer qui peut être un pont mais aussi une barrière infranchissable, en dit long sur nous.

Des hommes préhistoriques qui, depuis ses rives, observaient ces eaux sombres et menaçantes sans jamais trouver le courage de les traverser, aux peuples qui, les premiers, ont taillé une bûche et l’ont mise à l’eau ; des marchands d’obsidienne et de leurs rituels perdus aux mystérieuses civilisations de l’âge du bronze. Plus encore : les conquêtes des empires, les raids des pirates, les flux migratoires du nord vers le sud, comme les Italiens envoyés en Libye par le régime fasciste, ou ceux du sud vers le nord, comme les milliers de personnes qui entreprennent aujourd’hui des traversées risquées à la recherche d’une nouvelle vie ou simplement de la survie.

Luca Misculin opère un véritable carottage historique, racontant la stratification des peuples, des hommes et des mythes qui se sont succédé au fil des siècles. Et dresse le portrait de la Méditerranée d’aujourd’hui, de ses îles et de ses ports, de ses oiseaux migrateurs et de ses câbles sous-marins, de ses lieux inaccessibles comme les bases militaires abandonnées ou les plates-formes pétrolières. »

Parution le 8 avril

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Joaquín Rodríguez, Paraíso. O de la felicidad en las bibliotecas, Tusquets

« ‘Le paradis peut être imaginé sous de nombreuses formes, mais l’une des plus réputées est celle d’une bibliothèque’, déclare l’auteur au début de ce voyage fascinant dans le monde des bibliothèques, ces espaces fertiles où se forgent la curiosité, le sens critique et la créativité humaine. 

Conçues à l’origine comme des temples de la connaissance et des lieux restreints du savoir élitiste, les bibliothèques disposent aujourd’hui d’infrastructures conçues pour assurer un usage public le plus universel possible de la connaissance et de la culture. Mais est-ce vraiment le cas, l’accès aux nouvelles formes de connaissance est-il réellement égalitaire, la numérisation est-elle la nouvelle panacée culturelle ou ouvre-t-elle simplement les portes de l’enfer de l’incommunication et de l’oubli ? 

En plus de reconstituer les histoires et les morphologies des bibliothèques à travers le temps, cet ouvrage défend la nécessité que ces enceintes deviennent enfin des espaces capables de générer et d’accroître l’autonomie, la liberté et l’esprit critique de chacun d’entre nous, quel que soit notre héritage social et culturel. »

Parution le 9 avril

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Ulysse Lojkine, Le fil invisible du capital. Déchiffrer les mécanismes de l’exploitation, La Découverte

« Les rapports économiques du capitalisme ne s’observent pas à l’œil nu. L’enchevêtrement de la circulation des marchandises, l’usage d’unités de compte monétaires, le mécanisme indirect des interactions par les prix ou la division internationale du travail les rendent illisibles. L’ouvrière marocaine, la caissière française et les grandes banques sont prises dans des liens rigoureux mais opaques, qui créent l’ambiguïté au sujet de questions fondamentales : qui travaille pour qui, qui décide pour qui ?

À condition d’assumer l’abstraction et la rupture avec l’expérience immédiate, il est possible d’y répondre et de mettre en évidence, contre l’illusion libérale de l’égalité contractuelle, les rapports d’appropriation et de pouvoir qui traversent notre société. Comme l’avait dit Marx, ces rapports se révèlent inhérents au fonctionnement même du système capitaliste. Mais, en particulier à l’heure des réseaux de production internationaux, de la finance et de la rente, l’exploitation ne peut être analysée à partir du seul face-à-face entre employeur et salarié. Elle se déploie en cascade, à plusieurs échelles, dessinant une structure qui est aussi celle de la coordination économique.

Point alors un horizon d’émancipation socialiste qui n’est pas celui d’un retour à des communautés locales, ni d’une mobilisation générale au service de l’État, mais d’institutions de synchronisation à grande échelle des fins et des capacités de chacun. »

Parution le 10 avril

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Ulysse Lojkine dans le Grand Continent

Andrea Venanzoni, Tecnodestra. I nuovi paradigmi del potere, Signs Publishing

« La première étude sur la techno-droite et ses protagonistes. Un ouvrage extraordinaire de plus de 350 pages avec un solide corpus de notes pour comprendre en profondeur la vision du monde des nouveaux gagnants américains. 

La techno-droite est partout — dans les salles de classe des universités, les pages des journaux et les mots des éditoriaux — elle émerge dans le lexique politique et dans le débat public. 

Mais qu’est-ce concrètement ?

Malgré les accents terrifiants qui accompagnent chaque geste d’Elon Musk ou les paroles de Peter Thiel, il ne s’agit de rien d’autre que de la manifestation de nouveaux paradigmes de politique et de pouvoir, au cœur d’une société qui, sous le coup de la numérisation, est en train de changer radicalement. En retraçant l’histoire de la mondialisation et la naissance des grandes plateformes numériques, du jeu vidéo et des nouvelles dimensions de la pensée philosophico-politique typiques du numérique, ce livre s’interroge sur les caractéristiques, les différences, les contradictions et les opportunités de la techno-droite. »

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Andrea Venanzoni dans le Grand Continent

Gabriel Entin, En quête de République. Une histoire de la communauté politique en Amérique hispanique, Presses universitaires de Rennes

« Durant les révolutions en Amérique hispanique du début du XIXe siècle, une vingtaine de républiques s’organisent sur le continent après trois cents ans de monarchie. Comment expliquer cette explosion républicaine, la plus vaste du monde atlantique ? C’est à cette question que ce livre cherche à répondre. 

À partir d’une histoire conceptuelle de la république dans le monde hispanique depuis le XVIe siècle, il montre comment se sont entrelacées la nouveauté d’une vision émancipatrice des révolutions modernes et les anciennes références classiques à la res publica de la monarchie catholique. En analysant la révolution d’indépendance en Amérique du Sud, notamment sur le territoire de la vice-royauté du Rio de la Plata, l’ouvrage explore la mise en place d’un scénario républicain face à l’incertitude des abdications royales imposées par Napoléon en 1808. 

Plus qu’une forme de gouvernement, on voit ici se dévoiler une république catholique qui renvoie tout autant à l’institution d’une communauté politique, centrée sur la cité, qu’à l’articulation d’un langage de liberté publique et de patriotisme. Les deux dimensions ont permis aux révolutionnaires hispano-américains de donner sens à leur expérience dans un contexte de guerre. Cette histoire de la république révèle aussi les ambiguïtés et les enjeux constitutifs du républicanisme atlantique. »

Parution le 10 avril

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Kerstin Holzer, Thomas Mann macht Ferien. Ein Sommer am See, Kiepenheuer & Witsch

« Vacances d’été en Bavière, 1918. La famille Mann a loué une maison au bord du Tegernsee. Les mois s’annoncent insouciants — mais le monde change dramatiquement, et l’écrivain sera bientôt lui aussi un autre homme.

Les enfants nagent et pêchent le gardon, le père rame, se promène et escalade pour la première fois une montagne, la mère s’occupe du nouveau bébé, et Bauschan, le chien, somnole à l’ombre, alors que Thomas Mann vient d’en faire le héros de son récit « Herr und Hund ». Une idylle, mais l’écrivain est préoccupé. La défaite allemande dans la Première Guerre mondiale est imminente, la révolution est dans l’air, et avec son manifeste antidémocratique Considérations d’un apolitique, Thomas Mann est historiquement sur le mauvais bateau. Il s’est brouillé avec son frère Heinrich à cause de cela et n’a pas la force de travailler sur sa prochaine grande œuvre, La montagne magique.

Kerstin Holzer revient sur un été très particulier dans la vie du prix Nobel de littérature, sur ses peurs et ses aspirations. »

Parution le 10 avril

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Jean-Pierre Dupuy, Vertiges. Penser avec Borges, Seuil

Adolescent, Jean-Pierre Dupuy a découvert Borges, un auteur qu’il n’a cessé de relire. S’il retrouve l’écrivain argentin dans ce livre, ce n’est pas seulement pour commenter son œuvre, mais bien pour traverser avec lui ses questionnements scientifiques comme littéraires et refuser les frontières entre les différents champs du savoir — sciences, littérature, économie, politique.

Vertiges, tissu de récits, contes et lectures, est construit selon une « hiérarchie enchevêtrée », nous conduisant de Tchernobyl aux élections états-uniennes, de Vertigo à la série Lost, de chameaux à la question de l’impuissance, sexuelle comme créative. La réflexion se déploie à partir de la notion de « point fixe », commentée de chapitre en chapitre.

Jean-Pierre Dupuy nous offre ainsi une véritable biographie intellectuelle. Il se raconte en analysant Borges mais aussi Alfred Hitchcock, Günther Anders ou Hervé Le Tellier. Ce faisant, il interroge notre rapport au présent, à la vérité de la fiction ou à un avenir inévitable qui « peut cependant ne pas avoir lieu ».

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Jean-Pierre Dupuy dans le Grand Continent

Parution le 11 avril

Raffaella Baritono et Vinzia Fiorino (dir.), Il voto alle donne. Una storia globale, Il Mulino

« L’histoire du droit de vote des femmes dans le monde révèle le pouvoir patriarcal ancré dans le contrat social et montre comment les concepts de liberté et d’égalité, apparemment universels, ont plutôt émergé dans le conflit entre l’indépendance et l’esclavage, l’égalité et la différence, les dominants et les dominés et dans les tensions entre les espaces nationaux et impériaux. 

Partant de l’Europe, de l’Amérique, de l’Inde et du monde arabe, ce livre se concentre sur les similitudes et les discontinuités des processus non linéaires qui ont conduit à la reconnaissance du droit de vote des femmes. Mouvements de mobilisation, alliances et stratégies politiques, perméabilité du système, dynamiques internes et internationales ont influencé l’acquisition du suffrage. »

Parution le 11 avril

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Quinn Slobodian, Hayek’s Bastards. Race, Gold, IQ, and the Capitalism of the Far Right, Allen Lane

« Après la fin de la guerre froide, le néolibéralisme, avec sa croyance dans les vertus des marchés et de la concurrence, semblait avoir triomphé. Le communisme avait été vaincu et Friedrich Hayek, le père spirituel de l’économie néolibérale, avait vécu suffisamment longtemps pour le voir. Mais dans les décennies qui ont suivi, les disciples de Hayek ont compris qu’ils avaient un problème. L’essor des mouvements sociaux, des droits civiques au féminisme en passant par l’écologisme, s’avérait être un obstacle sur le chemin de la liberté, car il alimentait une culture de dépendance à l’égard du gouvernement, de dépenses publiques et de rectitude politique. Les néolibéraux avaient besoin d’un antidote.

À partir des années 1990, les penseurs néolibéraux se sont donc tournés vers la nature pour tenter de faire reculer les changements sociaux et revenir à une hiérarchie des sexes, des races et des différences culturelles. Ces penseurs ont utilisé le langage de la science, de la psychologie cognitive à la génétique, afin d’ancrer toujours plus profondément l’idée de « concurrence » dans la vie sociale et de prôner l’homogénéité culturelle comme étant essentielle pour que les marchés fonctionnent réellement. Relisant les écrits de leurs maîtres, Friedrich Hayek et Ludwig von Mises, ils ont forgé des alliances avec des psychologues raciaux, des néoconfédérés et des ethnonationalistes qui allaient devenir connus sous le nom d’« alt-right ».

Hayek’s Bastards montre que de nombreuses itérations contemporaines de l’extrême droite, de Javier Milei à Donald Trump, sont apparues non pas en opposition au néolibéralisme, mais en son sein. Aussi répugnante que soit leur politique, ces prétendus perturbateurs ne sont pas des transfuges de l’ordre néolibéral, mais ses derniers zélateurs. »

Parution le 15 avril

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Quinn Slobodian dans le Grand Continent

Adam Laurence Rovner, The Jew Who Would Be King. A True Story of Shipwreck, Survival, and Scandal in Victorian Africa, University of California Press

« The Jew Who Would Be King raconte l’histoire de Nathaniel Isaacs, un juif britannique du XIXe siècle qui a contribué à la création du royaume zoulou avant de devenir un chef de guerre impitoyable et un esclavagiste. Le voyage palpitant d’Isaacs commence par un naufrage sur les côtes du Zoulouland et se poursuit jusqu’aux ports d’Afrique de l’Ouest. À Freetown,au Sierra Leone, il est chargé par le gouverneur colonial de mettre fin au commerce local des esclaves. Il en profite pour conclure des accords qui renforcent son propre pouvoir.

Les recherches d’Adam Rovner dans les archives d’Angleterre, de Sierra Leone, d’Afrique du Sud et de Sainte-Hélène, ainsi que ses propres voyages sur les vestiges du bastion insulaire d’Isaacs en Guinée, redonnent vie à ce personnage complexe. À travers l’histoire d’Isaacs, Adam Rovner expose les forces enchevêtrées de l’émancipation juive et de l’antisémitisme, de l’esclavage et de l’abolition, les dichotomies brutales de la civilisation et de la « sauvagerie », et la création de la blancheur par opposition à la noirceur. »

Parution le 15 avril

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Marina Cardozo et Mimmo Franzinelli, Gli artigli del Condor. Dittature militari latino-americane, CIA e neofascismo italiano, Einaudi

« Le « Plan Condor », un accord opérationnel formalisé à l’Academia de Guerra del Ejército, à Santiago du Chili, à la fin du mois de novembre 1975, entre les représentants des organismes d’espionnage militaire du Chili, de l’Argentine, de l’Uruguay, du Paraguay et de la Bolivie, avec l’adhésion ultérieure du Brésil, de l’Équateur et du Pérou, constitue une étape clé dans le terrorisme d’État contre les mouvements de gauche et les personnalités politiques progressistes d’Amérique latine. Le cerveau politique du plan Condor est Augusto Pinochet, le directeur de l’organisation et coordinateur le colonel Manuel Contreras, chef de la Direccíon de Inteligencia Nacional (DINA). À partir du printemps 1976, le rôle de l’Argentine, soumise à la dictature de la junte militaire du général Videla, s’est accru de manière exponentielle. 

Ce livre reconstitue notamment, à partir de sources inédites, la contribution apportée au plan Condor par les néo-fascistes italiens, qui ont encadré les polices politiques du Chili et de l’Argentine dans la chasse aux opposants et sont devenus des collaborateurs impitoyables des généraux boliviens, tant comme formateurs d’unités sélectionnées que dans la gestion du trafic de drogue avec lequel cette dictature s’est financée. Gli artigli del Condor traite de l’offensive supranationale lancée contre la gauche latino-américaine, entremêlant l’histoire des appareils répressifs et la reconstitution des principales opérations sur le terrain, en soulignant les complicités obtenues et les difficultés rencontrées. »

Parution le 15 avril

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Dan Edelstein, The Revolution to Come. A History of an Idea from Thucydides to Lenin, Princeton University Press

« Les penseurs du politique, de Platon à John Adams, considéraient les révolutions comme une grave menace pour la société et préconisaient en conséquence une constitution conçue pour les empêcher. The Revolution to Come retrace l’évolution des conceptions de l’histoire qui, au contraire, ont conduit à croire au pouvoir de la révolution de créer des sociétés plus justes et plus raisonnables.

De l’Antiquité grecque à la Russie léniniste, Dan Edelstein montre comment les philosophes classiques considéraient l’histoire comme chaotique et sans direction et cherchaient à maintenir les changements historiques — en particulier les révolutions — à distance. Cette conception a prévalu jusqu’au XVIIIe siècle, lorsque les penseurs des Lumières ont conçu l’histoire comme une forme de progrès et la révolution comme son catalyseur. Ces idées ont été mises à l’épreuve lors de la Révolution française et ont fini par définir les révolutions jusqu’au XXe siècle. Dan Edelstein montre comment l’avènement de la révolution laisse les sociétés divisées sur leurs objectifs, donnant lieu à de nouvelles formes de violence dans lesquelles les rivaux sont pris pour cibles en tant que contre-révolutionnaires.

Ouvrage panoramique d’histoire intellectuelle, The Revolution to Come nous incite à réfléchir sur les objectifs et les conséquences de la révolution et à trouver un équilibre entre la valeur de la stabilité et l’espoir de changement dans notre propre époque de peur et de bouleversements. »

Parution le 15 avril

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Peter Longerich, Unwillige Volksgenossen. Wie die Deutschen zum NS-Regime standen. Eine Stimmungsgeschichte, Siedler

« La majorité des Allemands aurait été saisie après 1933 par un enthousiasme nationaliste  euphorique et se serait ralliée étonnamment vite aux nouveaux dirigeants. Tel est le jugement courant sur la période de la dictature nazie. Cette image d’une « dictature du consentement » est remise en question par Peter Longerich, l’un des historiens les plus renommés du national-socialisme.

En se basant sur plusieurs milliers de rapports contemporains provenant de différents services de la dictature nazie et de l’exil socialiste, qui n’ont pas encore été évalués dans leur intégralité, Peter Longerich présente la première représentation globale de l’état d’esprit du peuple sous le Troisième Reich. Il montre que le mécontentement de la population à l’égard du régime était beaucoup plus important qu’on ne le pensait jusqu’à présent. 

Elle était largement répandue dans tous les groupes de population, des paysans aux classes moyennes en passant par les ouvriers. La « communauté du peuple » s’avère donc être avant tout un mythe de la propagande nazie. »

Parution le 16 avril

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Greg Grandin, America, América. A New History of the New World, Penguin

« L’histoire de la formation de l’identité des États-Unis est presque toujours racontée en regardant vers l’est, vers l’Europe. Or, comme le démontre Greg Grandin dans ce livre, l’identité de la nation s’est en fait forgée en regardant vers le sud, en direction de l’Amérique latine. À son tour, l’Amérique latine a développé sa propre identité en luttant contre le colosse qui se profilait au nord. Dans cette réinterprétation du Nouveau Monde, Greg Grandin révèle comment le Nord et le Sud ont émergé d’un engagement constant et turbulent l’un envers l’autre.

America, América traverse un demi-millénaire, de la conquête espagnole – le plus dévastateur épisode de l’histoire de l’humanité – aux guerres d’indépendance du XVIIIe siècle, en passant par la doctrine Monroe, les coups d’État et les révolutions du XXe siècle, et au-delà. Greg Grandin jette un nouvel éclairage sur des personnages historiques bien connus comme Bartolomé de las Casas, Simón Bolívar et Woodrow Wilson, ainsi que sur des acteurs moins célèbres comme le Vénézuélien Francisco de Miranda, qui a failli perdre la tête lors de la Révolution française et a conspiré avec Alexander Hamilton pour libérer l’Amérique de l’Espagne ; le Colombien Jorge Gaitán, dont le meurtre non élucidé a inauguré la montée de la terreur politique, des escadrons de la mort et des disparitions de la guerre froide ; et le journaliste radical Ernest Gruening, qui, en défendant le non-interventionnisme en Amérique latine, a aidé à négocier le renversement de politique le plus spectaculairement réussi de l’histoire des États-Unis. 

America, América montre que des siècles d’effusion de sang et de diplomatie ont non seulement contribué à façonner les identités politiques des États-Unis et de l’Amérique latine, mais aussi les lois, les institutions et les idéaux qui régissent le monde moderne. Ce faisant, Greg Grandin soutient que la culture profondément ancrée de la démocratie sociale en Amérique latine peut constituer un contrepoids efficace à l’autoritarisme de droite qui se répand aujourd’hui. »

Parution le 22 avril

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Adam Lebor, The Last Days of Budapest. The Destruction of Europe’s Most Cosmopolitan Capital in World War II, Public Affair

« Budapest, automne 1943. Après quatre années de guerre, la Hongrie est fermement alliée à l’Allemagne nazie. Budapest est le théâtre d’intrigues et de trahisons, abritant des espions et des agents de toutes sortes. Mais la ville reste une oasis au milieu du conflit, où les prisonniers de guerre alliés et les réfugiés polonais et juifs trouvent refuge.

Tout cela prend fin en mars 1944 lorsque les nazis envahissent la ville. Dès l’été, les bombardiers alliés pilonnent les grands boulevards et les places historiques de Budapest. Fin décembre, la ville est encerclée et assiégée par l’Armée rouge. Des dizaines de milliers de soldats et de civils meurent dans les combats sauvages, tandis que Budapest sombre dans l’anarchie. Les escadrons de la mort hongrois parcourent les rues tandis que les Juifs de la ville sont contraints de se réfugier dans des ghettos ou sont abattus dans le Danube. L’artillerie russe réduit la ville en ruines fumantes, tandis que les habitants affamés luttent pour survivre à l’hiver. À l’aide de journaux intimes, de documents, d’archives et d’entretiens avec les derniers survivants, Adam LeBor recrée la vie et la mort à Budapest en temps de guerre. »

Parution le 22 avril

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Stefanie Schüler-Springorum, Unerwünscht. Die westdeutsche Demokratie und die Verfolgten des NS-Regimes, Fischer

« Stefanie Schüler-Springorum présente pour la première fois la société ouest-allemande d’après-guerre du point de vue des personnes persécutées sous le régime nazi. Elle raconte ainsi une histoire largement passée sous silence jusqu’à présent. Elle décrit les expériences des Juifs, des Sinti et des Roms survivants, des anciens travailleurs forcés et des homosexuels dans la partie occidentale de l’Allemagne au cours des premières décennies de l’après-guerre.

Après 1945, l’antisémitisme et le racisme et la haine envers les homosexuels n’étaient pas moins forte qu’à l’époque nazie, au contraire. On parlait ainsi d’Européens de l’Est « en maraude » à propos d’anciens travailleurs forcés, ou de Juifs « trafiquant » sur le marché noir de Munich. Les Sintis et les Roms avaient été recensés exhaustivement pendant le national-socialisme. Le fichier, qui contenait 30 000 noms, a continué à être utilisé par la police en République fédérale. Les homosexuels ont également continué à être poursuivis jusqu’en 1969 sur la base de l’article 175 dans sa version de 1935.

L’image habituelle d’une démocratisation réussie de la République fédérale est mise à mal par ces histoires. Les expériences des personnes autrefois persécutées montrent que la haine et le ressentiment à leur égard n’ont pas disparu simplement, ils étaient profondément ancrés dans la pensée des gens et le sont encore en partie aujourd’hui. Les raisons et les fonctions de ces attitudes peuvent être très différentes, mais elles ont un point commun : le souhait de la société majoritaire que les personnes concernées n’existent pas. »

Parution le 23 avril

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Ernesto De Martino, La storia velata. Crisi e riscatto della presenza, Einaudi

« Les essais rassemblés ici témoignent de l’intense ferveur spéculative qui se reflète également dans les travaux issus des enquêtes ethnographiques menées au cours de la même période. 

Ces inédits sont particulièrement importants car ils permettent au lecteur de pénétrer dans l’atelier du chercheur, qui s’est interrogé tout au long de sa vie sur certaines idées directrices qui, bien que sous des angles différents et par des éclairages soudains, sous-tendent l’ensemble de son œuvre. 

De ce corpus, émergent les traits d’une théorie générale de la religion laïque, imprégnée d’une forte tension humaniste. Il est plausible d’y reconnaître les écrits préparatoires d’un essai resté inachevé, animé par l’intention de pénétrer la fonction et le sens profond de chaque phénomène religieux. »

Parution le 25 avril

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John Cassidy, Capitalism and Its Critics. A Battle of Ideas in the Modern World, Allen Lane

« Dans un moment où nous sommes confrontés à des questions fondamentales sur la durabilité et la moralité du système économique, Capitalism and Its Critics offre une histoire kaléidoscopique du capitalisme mondial, du colonialisme et de la révolution industrielle à la crise écologique et à l’intelligence artificielle.

John Cassidy adopte une nouvelle approche audacieuse : raconter l’histoire du capitalisme à travers les yeux de ses contempteurs. Des tisserands du XVIIIe siècle qui se sont rebellés contre l’automatisation des premières usines, en passant par les travaux d’Eric Williams sur l’esclavage et le capitalisme, jusqu’aux dependistas d’Amérique latine, à la campagne internationale « Wages for Housework » des années 1970 et au mouvement moderne de décroissance, ce récit traverse le globe. Il examine des figures familières – Smith, Marx, Luxemburg, Keynes, Polanyi – sous un angle nouveau, mais se concentre également sur des personnalités moins connues, notamment William Thompson, le proto-socialiste irlandais dont l’œuvre a influencé Marx ; Flora Tristan, la française qui a défendu l’idée d’un syndicat universel ; John Hobson, le premier théoricien de l’impérialisme et J. C. Kumarappa, le théoricien indien de l’économie gandhienne.

Mêlant biographie, histoire panoramique et exploration vivante des théories économiques, Capitalism and Its Critics met en lumière les racines profondes de nombreuses questions parmi les plus urgentes de notre époque. »

Parution le 29 avril

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David Commins, Saudi Arabia. A Modern History, Yale University Press

« L’Arabie saoudite est l’un des pays les plus riches du monde, un acteur majeur sur la scène internationale et le site des deux villes les plus saintes de l’islam. C’est également l’une des seules monarchies absolues au monde. Comment est-elle devenue ce qu’elle est aujourd’hui ?

Dans ce récit complet, David Commins retrace toute l’histoire de l’Arabie saoudite, de l’émirat oasien aux tentatives actuelles de passer à une économie post-pétrolière. Au fil des âges, il retrace la façon dont la dépendance de la dynastie des Saoud au sectarisme, à l’expertise étrangère et au pétrole pour stabiliser le pouvoir a involontairement engendré des mouvements laïques et religieux en quête de responsabilité et de justice. Il intègre les expériences de militants, de femmes, de minorités religieuses, de Bédouins et de travailleurs expatriés alors que le pays passait d’une vie agraire de subsistance à une société de consommation urbaine. »

Parution le 29 avril

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes de présentation des ouvrages sont les citations des quatrièmes de couverture des éditeurs.