Les États-Unis ont envoyé une nouvelle proposition d’accord à Kiev concernant les ressources du pays, le dimanche 24 mars. Contrairement à la version précédente, que l’Ukraine avait dans un premier temps rejetée, celle-ci pose des conditions beaucoup plus dures. Elle n’offre aucune garantie de sécurité.

  • Le document de 55 pages obtenu par le Financial Times 1, concerne l’ensemble des ressources minières du pays, y compris le pétrole, le gaz et les principaux actifs énergétiques.
  • Washington prévoit notamment la création d’un organisme de supervision qui sera chargé d’un fonds d’investissement conjoint, qui répartira les revenus issus des projets pétroliers, gaziers et miniers ukrainiens entre les deux pays. Cet organisme sera composé de cinq membres, dont trois Américains.
  • L’aide accordée depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine — qui s’élève selon le Kiel Institute à 119,04 milliards d’euros 2 mais que Trump estime à 350 milliards de dollars — constituerait l’apport des États-Unis. Washington aurait droit aux bénéfices, ainsi qu’à un rendement annuel de 4 % jusqu’à ce que leur « investissement » ait été récupéré.
  • L’administration américaine exige également le « droit de première offre » sur les investissements dans tous les projets d’infrastructures et de ressources naturelles.
  • Il n’est pas clair si un tel accord permettra à l’Ukraine de s’aligner sur l’Union européenne en vue d’une possible adhésion.
  • Si les actifs nucléaires ne figurent pas dans le document, la semaine dernière, Trump a déjà évoqué la possibilité que les États-Unis prennent le contrôle des centrales nucléaires ukrainiennes, dont la plus grande, située à Zaporijjia, se trouve en territoire occupé par l’armée russe.
  • Selon Yaroslav Trofimov,  journaliste au Wall Street Journal, l’accord semble « inspiré par le Congo du roi Léopold » et il transformerait essentiellement l’Ukraine « d’un pays souverain en la propriété d’une société du Delaware, qui aurait le monopole de ses ressources naturelles et de toutes ses infrastructures, et le pouvoir d’inspecter tous ses bureaux gouvernementaux, jusqu’à la fin des temps ».

L’Ukraine se trouve dans une position particulièrement fragile. 

  • S’agit-il d’une provocation escalatoire ou d’une stratégie de négociation ? Il semble évident que l’Ukraine ne pourra pas accepter ces conditions et que l’administration Trump pourrait ainsi faire retomber la responsabilité sur Zelensky.
  • Depuis l’échange particulièrement violent dans le bureau ovale le 28 février, Kiev a essayé de tout mettre en œuvre pour démontrer à l’administration républicaine sa bonne volonté quant à une issue rapide du conflit, tout en espérant que le président Trump perde patience avec Moscou.
  • Cependant, alors que Washington a été particulièrement rapide à mettre en pause son assistance militaire à Kiev après les échanges du 28 février, aucune pression n’a été mise sur le Kremlin, en dépit du refus de Poutine d’accepter un cessez-le-feu de 30 jours. Malgré les nouvelles conditions de Moscou pour la mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu partiel dans la mer Noire, Trump n’est pas allé plus loin dans ses déclarations que d’affirmer : « Il se peut qu’ils (la Russie et Poutine) traînent les pieds ».
  • Le 27 mars à Paris, Zelensky a déclaré : « Nous soutenons la coopération avec les États-Unis, nous ne voulons envoyer aucun signal qui pourrait inciter les États-Unis à arrêter leur aide à l’Ukraine ».

Le signal poutinien pour la reconnaissance d’une sphère d’influence américaine dans l’hémisphère occidental en échange du partage de l’Ukraine. 

  • Cet après-midi dans un discours à paraître dans les pages du Grand Continent, Vladimir Poutine a envoyé un signal à la Maison-Blanche. Le président russe a appuyé le projet de Trump de s’emparer du Groenland, en lui reconnaissant le « sérieux » : « Il a des racines historiques profondes » et « Il est évident que les États-Unis le poursuivront systématiquement ».

La visite du Groenland du vice-président J. D. Vance a été lourdement redimensionnée suite aux réactions négatives des habitants de l’île. D’après la télévision danoise TV2, des représentants américains ont cherché, sans succès, des Groenlandais disposés à recevoir Usha Vance à Nuuk. Faute de volontaires, la visite a été annulée 3 et le couple vice-présidentiel visitera finalement uniquement la base spatiale américaine de Pituffik.

Sources
  1. Christopher Miller, Paola Tamma US pushes for expansive new deal to control Ukraine’s minerals and energy, Financial Times, 27 mars 2025.
  2. Kiel Institute, Ukraine Support Tracker, mise à jour le 14 février 2025.
  3. Amerikanere stemte dørklokker i Nuuk før aflyst besøg, siger Steinmetz, TV2, 27 mars 2025.