Hier, dimanche 23 mars, pour la cinquième soirée consécutive des milliers de manifestants ont marché dans plusieurs dizaines de villes du pays pour protester contre l’arrestation mercredi dernier, le 19 mars, du maire d’Istanbul et principal opposant politique d’Erdoğan, Ekrem İmamoğlu.

  • Le pouvoir turc a accusé İmamoğlu de s’être engagé dans des activités de corruption et d’avoir porté assistance à un « groupe terroriste », ce qui est dénoncé par le Parti républicain du peuple (CHP), principale formation d’opposition à Erdoğan, de « coup d’État » contre le « prochain président » turc.
  • Alors qu’une cour de justice annonçait que le maire d’Istanbul resterait emprisonné jusqu’à ce que son procès soit organisé, le CHP organisait une primaire au sein de laquelle İmamoğlu était le seul candidat. Le parti a annoncé aujourd’hui, lundi 24 mars, sa victoire à la primaire en vue de l’élection présidentielle de 2028.

Les partis d’opposition turcs ont dénoncé une dérive autoritaire du pouvoir exercé par Recep Tayyip Erdoğan depuis 2014. Bien que ce dernier ne puisse pas se re-présenter lors de la prochaine élection en raison d’une limite de mandats fixée par la constitution, certains de ses alliés ont demandé une révision constitutionnelle qui lui permettrait d’être à nouveau élu. Les derniers sondages placent Erdoğan en tête des intentions de vote devant İmamoğlu, avec environ 36 % contre 27 %.

  • L’arrestation d’İmamoğlu a provoqué une vague de manifestations qui ont eu lieu à ce jour dans au moins 55 des 81 provinces du pays. Le pouvoir turc a durement réprimé le mouvement, conduisant plus de 1 100 arrestations depuis le 19 mars.
  • Parmi les 1 133 personnes arrêtées, 9 sont des journalistes turcs qui couvraient les manifestations. Un photographe de l’Agence France Presse a également été interpellé à son domicile par les autorités. 
  • Lundi 24 mars, Erdoğan a dénoncé un « mouvement de violence » en soutien à İmamoğlu. Le président trurc a également qualifié le Parti républicain du peuple comme étant responsable de dégradations matérielles et de préjudices causés à des policiers lors des manifestations. 

Bien que derrière Erdoğan dans les sondages pour 2028, İmamoğlu est perçu comme la principale figure d’opposition. Le candidat du CHP avait créé la surprise en 2019 en remportant la mairie d’Istanbul, capitale et plus grande ville de Turquie, contre le candidat de l’AKP, le parti d’Erdoğan, Binali Yıldırım. Suite à l’annulation du premier scrutin par le Conseil électoral supérieur, İmamoğlu avait considérablement creusé l’écart lors du deuxième vote.