Depuis le 4 février, Donald Trump a annoncé — puis mis en pause — des droits de douane à l’encontre du Mexique et du Canada. Jusqu’à hier, seuls des droits de douane de 20 % sur la Chine (10 % depuis le 4 février et 10 % depuis le 4 mars) étaient en vigueur. Aujourd’hui, mercredi 12 mars, les premiers tarifs globaux de la seconde administration Trump de 25 % sur l’acier et l’aluminium, entrent en vigueur.

  • Hier, mardi 11 mars, Trump a annoncé que les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada feraient l’objet de tarifs ciblés de 50 %, contre 25 % pour le reste du monde. 
  • Cette hausse faisait suite à l’imposition par la province de l’Ontario, la veille, d’une taxe supplémentaire de 25 % sur les exportations d’électricité vers les États-Unis. Hier dans la soirée, le Premier ministre Doug Ford a finalement annoncé qu’il renonçait à cette mesure, et la Maison-Blanche a fait de même, maintenant toutefois les droits de douane à 25 % sur l’aluminium et l’acier canadien.

Il s’agit également des premiers tarifs douaniers imposés à l’Union européenne depuis l’investiture de Trump, et ils pourraient concerner 28 milliards d’euros d’exportations européennes, si les produits dérivés y sont inclus 1

  • L’Union a déjà annoncé dans la matinée imposer des mesures de rétorsions visant 26 milliards de dollars de biens américains, y compris celles adoptées lors du premier mandat concernant les Harley Davidson, le bourbon et les jeans, qui entreront en vigueur à partir du 1er avril et des mesures concernants les produits agricoles, textiles et industriels à partir de mi-avril. Des discussions auront lieu d’ici là avec les États membres. 
  • En 2018, les mesures imposées par Trump avaient visé un total de 7 milliards d’euros d’exportations européennes. En réponse, l’Union avait appliqué des droits de douane sur des produits américains pour un montant de 3 milliards de dollars.

La Commission avait trouvé un accord provisoire sur l’acier et l’aluminium avec l’administration Biden — qui avait accordé aux pays européens des quotas d’exportation sans droits de douane — mais aucune solution durable. La fin de cet accord, qui arrivait à échéance à la fin du mois, aurait de facto entraîné l’entrée en vigueur des tarifs.

  • Un obstacle majeur à un accord entre Bruxelles et Washington sous la présidence de Biden a été le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). En effet, l’Union européenne craignait qu’un accord avec les États-Unis, qui aurait exempté les entreprises américaines du mécanisme, ne compromette sa mise en place.
  • Le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières entrera en vigueur l’année prochaine, en 2026. Il est probable que Trump le considère — comme il le fait pour la TVA — comme une barrière non tarifaire.
  • Lors de son premier mandat, l’imposition de tarifs quasi identiques et l’augmentation des coûts de production aux États-Unis — qui a entraîné une hausse de 2,5 % du prix de l’acier et de 1,3 % du prix de l’aluminium — avaient eu des conséquences négatives sur l’activité et l’emploi dans des secteurs de l’industrie automobile, de l’aéronautique et de la construction.

Avant de limiter tout effort de contestation possible de la politique tarifaire de Trump par le Congrès, le leadership républicain de la Chambre a enfoui dans une mesure de procédure soumise au vote du Congrès cette semaine pour éviter un shutdown une provision empêchant aux élus — démocrates comme républicains — d’introduire des résolutions visant à supprimer ces tarifs 2. Le National Emergencies Act, invoqué par Trump le 1er février, prévoit une procédure accélérée octroyant au Congrès un contre-pouvoir qui aurait pu être utilisé pour bloquer certaines actions prises par Trump. En passant ce texte, les élus renonceront de facto à cette prérogative jusqu’en 2026.