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Cette année sera charnière pour le multilatéralisme. Les défis auxquels nous sommes confrontés — inégalités croissantes, changement climatique et déficit de financement du développement durable — sont urgents et interdépendants.
Pour y faire face, il faut une action audacieuse et coordonnée — et non un repli sur soi, des actions unilatérales ou de la disruption.
Cette année, trois grands rassemblements mondiaux offrent une occasion unique de tracer la voie vers un monde plus juste, plus inclusif et plus durable : la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) à Séville en Espagne, la 30e Conférence des Parties la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), plus connue sous le nom de COP30, à Belém au Brésil et le Sommet du G20 à Johannesbourg en Afrique du Sud.
Ces sommets ne doivent pas être des réunions comme les autres : ils doivent permettre de réelles avancées.
Saisir le moment multilatéral
Alors que le besoin de dialogue et de coopération mondiale n’a jamais été aussi grand, la confiance dans les institutions multilatérales est mise à mal. Nous devons réaffirmer que le multilatéralisme, lorsqu’il est ambitieux et orienté vers l’action, reste le moyen le plus efficace de relever les défis et de faire progresser les intérêts communs. Nous devons nous appuyer sur les succès du multilatéralisme, en particulier l’Agenda 2030 et l’Accord de Paris. Le G20, la COP30 et le FfD4 doivent servir de jalons dans un engagement renouvelé en faveur de l’inclusion, du développement durable et de la prospérité partagée.
Trois grands rassemblements mondiaux offrent une occasion unique de tracer la voie vers un monde plus juste, plus inclusif et plus durable.
Pedro Sánchez, Luiz Inácio Lula da Silva, Cyril Ramaphosa
Cela nécessitera une forte volonté politique, la pleine participation de toutes les parties prenantes concernées, un état d’esprit créatif et la capacité de comprendre les contraintes et les priorités de toutes les économies.
Lutter contre les inégalités grâce à une architecture financière renouvelée
Les inégalités de revenus se creusent : à la fois entre les nations et à l’intérieur de leurs frontières.
De nombreux pays en développement sont confrontés à des charges d’endettement insoutenables, à une marge de manœuvre budgétaire étriquée et à des obstacles à un accès équitable aux capitaux. Les services de base tels que la santé ou l’éducation doivent faire face à des taux d’intérêt qui vont croissants.
C’est n’est pas seulement un échec moral : c’est un risque économique pour tous.
L’architecture financière mondiale doit être repensée pour donner aux pays du Sud une voix plus forte et une meilleure représentation — ainsi qu’un accès plus équitable et plus prévisible aux ressources.
Nous devons faire progresser les initiatives d’allègement de la dette, promouvoir des mécanismes de financement innovants et travailler à l’identification et à la résolution des causes du coût élevé du capital auquel sont confrontés la plupart des pays en développement.
Sous la présidence sud-africaine, le G20 a donné la priorité à ces trois domaines.
Parallèlement, la FdD4 de Séville sera un moment décisif pour obtenir des engagements en faveur d’une coopération financière internationale plus forte pour le développement durable, notamment par une meilleure taxation de la richesse mondiale et des externalités négatives, un renforcement de la mobilisation des ressources nationales et une réorientation plus efficace et plus pertinente des droits de tirage spéciaux.
L’architecture financière mondiale doit être repensée pour donner aux pays du Sud une voix plus forte et une meilleure représentation.
Pedro Sánchez, Luiz Inácio Lula da Silva, Cyril Ramaphosa
Financer des transitions justes vers un développement vert et résilient au changement climatique
Pour de nombreux pays en voie de développement, les transitions justes en matière de climat restent hors de portée. Deux raisons principales les bloquent : l’absence de financements et des contraintes internes. Cela doit changer.
Lors de la COP30 à Belém, qui sera organisée au cœur de l’Amazonie, nous devons veiller à ce que nos engagements en matière de financement de la lutte contre le changement climatique se traduisent par des actions concrètes.
Le succès de la COP30 dépendra de notre capacité à combler le fossé entre les promesses et les résultats.
Dans le cadre de la CCNUCC, les fondements clefs de la COP30 seront de deux ordres : la soumission de nouvelles et ambitieuses contributions déterminées au niveau national (CDN) par toutes les parties et la Feuille de route de Bakou à Belém visant à augmenter le financement des pays en développement parties pour l’action climatique provenant de toutes les sources publiques et privées à au moins 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2025.

Il est en effet urgent d’augmenter considérablement le financement de l’adaptation au changement climatique, mobiliser les investissements du secteur privé et veiller à ce que les banques multilatérales de développement jouent un rôle plus important dans le financement de la lutte contre le changement climatique. La conférence de Séville complétera ces efforts en veillant à ce que le financement de la lutte contre le changement climatique ne se fasse pas au détriment du développement.
Le succès de la COP30 dépendra de notre capacité à combler le fossé entre les promesses et les résultats.
Pedro Sánchez, Luiz Inácio Lula da Silva, Cyril Ramaphosa
Une réponse globale et inclusive aux menaces mondiales
Dans un monde de plus en plus fragmenté, nous devons redoubler d’efforts pour trouver un terrain d’entente.
Johannesburg, Belém et Séville doivent devenir des modèles de coopération multilatérale, montrant que les nations peuvent s’unir autour d’intérêts communs.
À Séville, nous nous efforcerons de mobiliser des capitaux publics et privés pour le développement durable, en reconnaissant que la stabilité financière et l’action climatique sont indissociables.
À Johannesbourg, le G20 réaffirmera l’importance d’une croissance économique inclusive.
À Belém, nous nous mobiliserons pour protéger notre planète.
Nous appelons toutes les nations, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile à se montrer à la hauteur de ce moment.
Le multilatéralisme peut et doit porter ses fruits. Il y a trop en jeu pour échouer.