Que cela nous plaise ou non, la guerre d’Ukraine se prolonge. Comme le soulignait Jean-Marie Guéhenno, en Europe, nous sommes aux premières loges mais pas en première ligne. Ou plutôt pas encore. Car sous l’impulsion du président Donald Trump et après un cessez-le-feu négocié entre Ukrainiens, Européens, Russes et Américains, nous soutenons qu’il reviendra à des soldats européens de fournir les forces d’interposition nécessaires à garantir la souveraineté de l’Ukraine et à entraver toute reprise des agressions. Il faut exclure un scénario de type Minsk 3. Les Européens doivent cesser d’invoquer la défense de l’Europe et s’engager au plus vite à la mettre en œuvre : c’est sur la ligne de démarcation du Donbass occidental que se joue la sécurité européenne effective.

La perspective d’intégration de l’Ukraine indépendante à l’Union européenne exige que nous sachions jouer le rôle de garde-frontières puisque, pour la première fois depuis 1957, la future limite orientale de l’Union coïncide avec une ligne de front. Le président américain a raison de faire passer les Européens du burden sharing au burden shifting : il a été élu sur la promesse de la fin des guerres engageant des troupes américaines sur des théâtres lointains. De même qu’il exige des puissances régionales du Moyen Orient de traiter par eux-mêmes la crise syrienne, il ne manquera pas de faire pression sur les alliés européens de l’Alliance atlantique d’agir enfin comme puissance régionale sur le continent.

Alors que des scénarios d’évolution du duel guerrier qui oppose l’Ukraine et la Russie se profilent du fait à la fois des réalités de terrain — avancées lentes des forces russes dans l’oblast de Donetsk, réticence du pouvoir ukrainien à autoriser le recrutement des classes d’âge de 18 à 25 ans pour contenir la supériorité numérique russe — et des intentions prêtées au président Donald Trump — la paix par la force, « peace through strength » — il importe au préalable de ne se tromper sur les causes de l’agression militaire décidée par le Kremlin pour éviter d’ignorer l’échelle pertinente de compréhension des buts de guerre qui vont en conditionner le règlement.

La perspective d’intégration de l’Ukraine indépendante à l’Union européenne exige que nous sachions jouer le rôle de garde-frontières puisque, pour la première fois depuis 1957, la future limite orientale de l’Union coïncide avec une ligne de front.

Michel Foucher

C’est pourtant cette erreur que viennent de commettre les dirigeants américains  : Trump, en reprenant le dialogue le 12 février avec son homologue par-dessus la tête des Européens — comme au bon vieux temps de la guerre froide — puis le secrétaire d’État à la défense, dans la foulée, Pete Hegseth, à Bruxelles, avalisant les « réalités territoriales » en Ukraine et les retirant d’emblée du domaine d’une possible négociation, en rupture avec toute la pratique diplomatique. Moscou vient d’encaisser un premier gain : selon une méthode russo-soviétique éprouvée, cela ne peut que l’encourager à poursuivre.

Ne pas se tromper d’échelle : la guerre d’Ukraine entre les empires

Il se confirme donc qu’en s’appuyant sur cet échange direct et exclusif avec la Maison-Blanche,  le Kremlin court-circuite les Européens en raisonnant toujours à l’échelle de l’espace euro-atlantique, comme l’a rappelé l’ultimatum de décembre 2021, exigeant le retour du dispositif militaire allié aux limites de 1997. Poutine s’accroche, à usage interne et à celui de ce qu’il nomme « la majorité mondiale », Chine en tête, à l’argument d’une opération défensive et préventive contre une agression en cours de « l’Occident collectif ». Cet argument ne tient pas. Chacun sait que Washington et Berlin n’ont jamais soutenu l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN  : Joe Biden avait gardé une mentalité de guerre froide qui l’incite à la prudence et tous les experts européens familiers des cercles américains de réflexion ont remarqué la retenue, sinon la réserve des décideurs américains face à des risques d’escalade, encore plus évoqués à Berlin. La seule négociation qui vaille devra donc avoir lieu avec le nouveau président, dans une tentative de « retour à Yalta », sans consultation des Européens.

Ce risque n’est pas négligeable dès lors que le 47ème président des États-Unis affiche des objectifs d’extension d’une zone d’influence depuis le nord du Groenland jusqu’au canal de Panama et invoque la géopolitique impériale des présidents William McKinley (1897-1901) et Théodore Roosevelt (1901-1909), adeptes de la politique et la carotte et du gourdin et conquérants de Porto Rico et de Cuba, de l’isthme situé au nord de la Colombie, d’Hawaï, de Guam et des Philippines. Un troc mettant en balance la poursuite du soutien militaire et financier américain à l’Ukraine et une prise de contrôle du Groenland est-il déjà envisagé à la Maison-Blanche  ? Si sa pression se faisait trop forte, une formule condominiale d’indépendance-association entre un Groenland devenu indépendant, un soutien financier et institutionnel danois et une présence américaine de sécurité accrue — elle a commencé dès 1941 et la base aérienne de Thulé est devenue la base spatiale de Pittufik en 2023 — pourrait être mise à l’étude. Que les États-Unis et le Danemark mettent fin au désintérêt qu’ils ont montré à l’égard de l’Arctique depuis la fin de la guerre froide serait par ailleurs justifié face à la stratégie tous azimuts de la Russie et de la Chine, dont le brise-glace Dragon des Neiges sillonne les mers froides depuis 2012 1.

Il convient donc d’éviter que l’attitude américaine ne vienne percuter les futures discussions sur la fin de la guerre en Ukraine. 

L’échelle pertinente pour analyser la guerre d’Ukraine est celle du monde russe, « Roussky mir », que le titulaire du Kremlin veut rassembler à nouveau, dans une tradition impériale.

Michel Foucher

Certes, on observe avec grand intérêt à Moscou toutes les déclarations révisionnistes (Groenland et Gaza). Et on comprend mieux l’intérêt de la partie russe à ne pas se précipiter dans des échanges censés porter sur des sujets élargis tels que le Moyen-Orient et le système international  : l’accent est toujours mis sur l’échelle globale de la reconnaissance du statut ancien. Pour la Maison-Blanche, depuis Barack Obama, la Russie est désormais une puissance régionale mais reste autant un adversaire que la Chine dans la région arctique 2.

La culture diplomatique russe repose sur quelques fondamentaux. 

Comme l’a rappelé Kaja Kallas, alors première ministre d’Estonie 3 et désormais Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, la méthode de négociation du Kremlin procède de la doctrine Gromyko, qui fut ministre des affaires étrangères de l’Union soviétique (1957-1985). Elle tient en trois points  : « demandez le maximum, y compris ce que vous n’avez jamais eu  ; présentez des ultimatums car vous trouverez toujours un Occidental prêt à négocier  ; enfin, ne cédez rien, car vous trouverez toujours une offre correspondant à ce que vous recherchez — exigez plus afin d’obtenir le tiers ou la moitié de ce que vous n’aviez pas au départ ».

En janvier, l’ancien secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolaï Patrouchev rappelait — à destination de Donald Trump — que les objectifs de la Russie restaient inchangés  : démilitarisation et « dénazification » de l’Ukraine dont les dirigeants actuels, non légitimes, seraient animés d’un esprit russophobe, négation de l’identité nationale de l’Ukraine et de son droit à la souveraineté, négociations exclusives avec Washington sans participation occidentale ni ukrainienne, afin de garantir un statut de parité entre les deux États. Dans le même esprit, le directeur de recherche du Club de discussion de Valdaï, forum international dirigé par le Kremlin, Fiodor Loukianov, a défini, le 30 janvier 2025 4, l’axe central de toute négociation russo-américaine, non pas les territoires de l’Ukraine mais les « causes profondes » de la guerre — à savoir l’expansion de l’OTAN en Europe centrale — afin d’exiger le retour au statu quo stratégique en 1997. Cette exigence maximale implique la capitulation de l’Ukraine et, là encore, une revendication d’égalité des positions entre Poutine et Trump. Comme au bon vieux temps de la guerre froide, donc, avec la réinstallation de sphères d’influence sur des pays à souveraineté limitée.

En réalité, l’échelle pertinente pour analyser la guerre d’Ukraine est différente  : c’est celle du monde russe, « Roussky mir », que le titulaire du Kremlin veut rassembler à nouveau, dans une tradition impériale. Il s’agit donc d’une guerre coloniale, menée par une puissance nucléaire. L’adjectif de « colonial » ne surprend que ceux qui oublient que tous les empires ne sont pas d’outre-mer et qu’il existe également des empires d’outre-terre : la Russie mais également la Chine dans son tiers occidental, l’Iran dans ses ambitions régionales, désormais compromises, et la Turquie dont le dirigeant ressasse une rhétorique néo-ottomane. La guerre contre l’Ukraine vise à briser un processus d’émancipation nationale. À cet égard, l’Ukraine est en quelque sorte une nation tard-venue sur la carte de l’Europe, la dernière-née, parmi les derniers issus des autres ex-républiques soviétiques — dans la douleur comme le plus souvent. L’un des fils conducteurs de l’histoire longue de l’Europe est le passage de l’empire à l’État-Nation : si l’on admet ce fondement, pour les amis de l’Ukraine, la fin de la guerre ne pourra passer que par la garantie de son existence comme État-Nation indépendant et souverain. C’est cela qui doit être placé au centre des pourparlers envisageables en 2025.

Autrement dit, ce n’est pas d’abord un conflit entre la Russie et ses rares alliés et l’Occident dit « collectif » (Kollektivnyy Zapad) mais bien un duel entre un peuple que la guerre unifie et un centre de pouvoir autocratique, qui rêve encore d’empire et se maintient par des guerres successives et une propagande incessante visant à susciter la peur dans les opinions des pays alliés. Carl von Clausewitz écrivait : « La guerre n’est rien d’autre qu’un duel à plus grande échelle. Si l’on veut saisir d’un seul coup d’œil les innombrables duels particuliers qui la composent, il faut se représenter deux lutteurs. Chacun essaie, par sa force physique, de soumettre l’autre à sa volonté ; son but immédiat est de terrasser l’adversaire, afin de le rendre incapable de toute résistance… »

Le stratège prussien opposait les forces morales — ici celles de la nation agressée — et les forces physiques — celles, supérieures, de l’agresseur. À la détermination face à un combat existentiel, l’adversaire estime avoir le temps pour lui, et le renfort d’alliés douteux — Corée du Nord, Iran, Yémen, Chine partiellement —, avantage temporel auquel le président américain s’emploiera à mettre fin. 

Ce n’est pas d’abord un conflit entre la Russie et ses rares alliés et l’Occident dit « collectif » (Kollektivnyy Zapad) mais bien un duel entre un peuple que la guerre unifie et un centre de pouvoir autocratique, qui rêve encore d’empire.

Michel Foucher

Les objectifs du Kremlin n’ont pas varié depuis l’annexion de la Crimée en 2014 : asservir l’Ukraine dénommée « Novorossia » (« Nouvelle Russie ») à la suite de Catherine II, rebâtir une terre d’empire sans frontière, et promouvoir la Russie comme « État-civilisation » face à un Occident « en catastrophe spirituelle ». La guerre consolide un système autocratique sans contrepoint interne ou externe. Aucun groupe d’exilés russes n’a à ce jour formé de centre de pouvoir alternatif. À l’intérieur s’impose un régime de servitude volontaire, impossible sans la participation de ceux qui s’y résignent et l’acceptent. L’histoire russe enseigne que seules les défaites militaires provoquent des ruptures politiques : l’échec en Crimée en 1856 déboucha sur l’abolition du servage en 1862 ; la destruction de l’Eskadra russe par la flotte japonaise à Tsushima entraîna la révolution de 1905 ; idem en février 1917 après la défaite face à l’armée allemande et en 1989 avec le retrait d’Afghanistan, prélude à l’effondrement de l’Union soviétique sur elle-même et par elle-même.

Une victoire russe serait une régression politique et géopolitique majeure pour l’Europe. En août 2023, le président français Emmanuel Macron avait énoncé la position suivante : « La Russie ne peut, ni ne doit gagner cette guerre, parce qu’alors, ce serait l’instabilité sur le sol européen et, parce qu’alors, ce serait la fin de toute confiance dans les principes du droit international ». C’était un utile rappel pour décourager les postures d’apaisement — qui rappellent les erreurs des années 1930 face à Adolf Hitler — et écarter les invocations diplomatiques. Ceux qui répètent que tout conflit se termine à la table de négociations oublient que ce ne fut jamais le cas, tant en 1919 qu’en 1945, où les conditions de la paix furent imposées par les vainqueurs. Tous les autres conflits se sont conclus par une paix injuste ou une absence de règlement comme dans la péninsule coréenne, avec les conséquences néfastes observées à Koursk.

Dans le Donbass, les enfants kidnappés sont « rééduqués » avec des cours sur « l’Ukraine nazie » et sur la grandeur de la Russie. Le nouveau manuel d’histoire destiné aux élèves des classes de première et de terminale, Histoire de la Russie. De 1945 au début du XXIème siècle, relaie le récit du Kremlin sur « l’opération militaire spéciale » rendue nécessaire par la machination ourdie par l’Occident, les États-Unis et l’OTAN en tête, qui visent à affaiblir la puissance russe. L’un des auteurs n’est autre que Vladimir Medinski, ancien ministre de la Culture, acteur de la réhabilitation de Staline et désigné comme négociateur avec l’Ukraine en 2022 !

Avec la guerre d’agression, les élites russes sont sorties de l’espace de civilisation européenne et ont choisi la vassalisation à l’égard de la grande puissance chinoise, qui est le vrai défi existentiel de la Russie.

Michel Foucher

Pour comprendre la stratégie de Poutine, on peut prendre l’image de trois matriochkas 5  : le « monde russe » dont l’Ukraine doit faire partie, de gré ou de force  ; la maîtrise de l’espace post-soviétique — incluant la Moldavie, la Géorgie et les autres —  ; enfin l’affaiblissement de l’Occident jugé comme moralement décadent et géopolitiquement dépassé au profit de l’Eurasie mythifiée et du supposé Sud Global, « lassé de la domination occidentale sur les affaires du monde et dont la Russie serait le porte-drapeau » 6.

Si Vladimir Poutine parvient à reconstituer le « monde russe » sous son emprise, la seconde poupée gigogne deviendra plus facile à absorber. Les Occidentaux ont commis une grave erreur d’analyse à propos de sa remarque sur la fin de l’Union soviétique présentée par lui comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle  : il ne regrettait pas alors la chute d’une grande puissance mais déplorait la dispersion du monde russe entre une demi-douzaine d’ex-républiques devenues indépendantes, où le sort des habitants de langue maternelle russe serait forcément tragique, ce qui ne fut pas le cas.

Avec la guerre d’agression, les élites russes sont sorties de l’espace de civilisation européenne et ont choisi la vassalisation à l’égard de la grande puissance chinoise, qui est le vrai défi existentiel de la Russie. Elles devront comprendre qu’il n’y a plus de place pour l’empire dans l’espace démocratique européen.

Un pacte de garantie pour l’Ukraine avec des forces européennes d’interposition

Les objectifs finaux recherchés dans des pourparlers visant à un gel du conflit ne convergent pas à ce stade vers la signature d’un traité de paix qui entérinerait définitivement les annexions territoriales déjà légitimées unilatéralement par la Douma.

Ils doivent viser à réaliser les buts suivants :

  • établir sur le terrain une ligne de démarcation, complétée d’une zone démilitarisée de part et d’autre ;
  • obtenir l’échange des prisonniers et le retour des Ukrainiens déportés (notamment les enfants et ceux qui sont retenus de force) ;
  • empêcher la finlandisation de l’Ukraine (sans pour autant s’engager dans une intégration dans l’Alliance atlantique) ;
  • éviter le nouveau Yalta poursuivi par le Kremlin et confirmer le régime démocratique libre de ses choix politiques et stratégiques, qui incluent l’adhésion à l’Union européenne.

Le président finlandais, Alexander Stubb, a récusé tout retour à Yalta où les grandes puissances décideraient de diviser l’Europe en sphères d’intérêt. Il plaide pour un « moment Helsinki » qui se fonderait sur trois piliers du droit international  : l’indépendance, l’intégrité territoriale et la souveraineté — qui implique de choisir à quelle organisation vous voulez appartenir 7.

Les Européens ne peuvent pas laisser à d’autres le soin de protéger leurs intérêts de sécurité. Et ils doivent clarifier très vite la nature de leurs garanties militaires. Cela suppose que le noyau dur — le triangle de Weimar élargi à l’Italie et à l’Espagne — plus le Royaume-Uni et quelques autres — Finlande, Suède, Norvège — proposent à leurs partenaires une ligne d’action claire.

Il faut cesser de disserter sur la défense de l’Europe : il convient de la mettre en pratique. Il s’agit tout simplement de protéger à la fois la souveraineté de l’Ukraine, même provisoirement amputée d’un cinquième de son territoire, et la future limite extérieure de l’Union qui coïncide avec la ligne de démarcation. Ces forces agiront comme des garde-frontières. La perspective d’adhésion à l’Union et le déploiement de forces d’interposition par des États européens donneraient une consistance au nécessaire Pacte de garantie, renforcé par le soutien des États-Unis.  Le point 9 du plan Zelensky avait rappelé cette évidence : « L’Ukraine n’est membre d’aucune alliance. Et la Russie a pu déclencher cette guerre précisément parce que l’Ukraine est restée dans la zone grise — entre le monde euro-atlantique et l’impérialisme russe ». L’intégration progressive dans l’Alliance atlantique et dans une Union réformée est le seul horizon crédible face à un risque de fatigue des opinions européennes, entretenue par la guerre informationnelle russe.

La perspective d’adhésion à l’Union et le déploiement de forces d’interposition par des États européens donneraient une consistance au nécessaire Pacte de garantie, renforcé par le soutien des États-Unis.

Michel Foucher

Enfin, le point 7 du plan Zelensky se référait à l’établissement d’un Tribunal spécial concernant le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine et la création d’un mécanisme international pour compenser tous les dommages causés par cette guerre. Les déportations d’enfants ukrainiens par la Russie ont été confirmées par les autorités russes qui présentent ces actions comme des évacuations humanitaires : la Commissaire présidentielle de Russie pour les droits des enfants a avancé le chiffre de 700 000 enfants lors d’une conférence de presse en avril 2023, chiffre invérifiable mais repris en juillet par Grigory Karasin, chef du comité international du Conseil de la Fédération de Russie. La déclaration de Sergueï Kirienko, chef adjoint de l’administration présidentielle russe, le 20 août, lors de l’ouverture d’un centre éducatif à Piatigorsk, dans le sud de la Russie, a suscité une indignation justifiée : « Si tu veux vaincre l’ennemi, éduque ses enfants ! » Ce sont ces déportations qui ont fondé le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le président de la Fédération de Russie.

En septembre 2023, la journaliste Florence Aubenas, de retour d’Ukraine, faisait ce constat tragique : « Ce qu’il faut bien comprendre en Ukraine aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de plan B. Dans les villes libérées, les Ukrainiens ont vu ce qu’avaient fait les Russes et leur rouleau compresseur contre l’identité ukrainienne ».

Les Ukrainiens ne peuvent pas lâcher : il revient aux Européens de répondre présents à l’impulsion américaine décisive qui s’annonce.

Sources
  1. La flamme olympique des Jeux de Sotchi avait fait escale au « pôle Nord » en 2013, situé en prolongement de la dorsale de Lomonossov selon Moscou, argument géologique contesté par le Danemark et le Canada mais utile pour la mise en œuvre de la convention sur l’extension du plateau continental. Cf. Michel Foucher (dir.), L’Arctique, La nouvelle frontière, CNRS éditions, 2019.
  2. L’Arctique est la zone située au nord du cercle polaire (66°34’) où, ajoutent les astronomes, il est possible de voir le soleil de minuit au moins une fois par an. L’inlandsis du Groenland représente le douzième de la superficie totale.
  3. Déclaration sur la situation de la sécurité européenne, Riigikogu, 19 janvier 2022.
  4. Agence TASS, cité par le Financial Times du 31 janvier 2025.
  5. Je remercie Tatiana Kastouéva-Jean de cette suggestion (27 décembre 2024).
  6. Selon la remarque de l’expert russe Fiodor Loukianov.
  7. Sylvie Kauffmann, « Alexander Stubb, président finlandais : l’Europe doit choisir entre ‘le moment Yalta et le moment Helsinki’ », Le Monde, 8 décembre 2024.