Économie russe : l’inflation continue à grimper, le prix des pommes de terre a augmenté de plus de 90,5 % en une année

Selon Rosstat, le Service fédéral des statistiques de Russie, l’inflation en Russie s’accélère, passant de 9,52 % en décembre à 9,92 % en janvier 2025. Vendredi 14 février, la Banque centrale russe a également revu à la hausse ses prévisions à moyen terme pour l’inflation ¹, tout en maintenant son taux directeur inchangé.

• Ces chiffres pourraient masquer une réalité encore plus alarmante.
• Selon plusieurs études, l’inflation réelle pourrait être deux fois supérieure à celle qui est officiellement mesurée, atteignant ainsi 16 % contre 8-8,5 % en septembre 2024. Cela remet en cause la croissance annoncée de 3,6 % en 2023 (et 4,1 % en 2024) et suggère une possible récession ².

Ces évolutions traduisent une pression inflationniste persistante, provoquée par des contraintes d’approvisionnement et l’impact des sanctions économiques.

• Selon Rosstat, les prix à la consommation ont augmenté de 1,23 % sur un mois et les prix des denrées alimentaires ont progressé de 1,33 % sur un mois et de 11,13 % sur un an ³.
• Les produits non alimentaires ont enregistré une hausse de 0,42 % sur un mois et de 6,07 % sur un an. Le coût des services a bondi de 2,07 % par rapport à décembre et de 12,95 % en rythme annuel.
• En 2024, la Russie avait déjà connu une forte augmentation des prix des denrées alimentaires, avec une hausse particulièrement marquée pour des produits de base comme l’agneau (+24,5 %), la betterave (+21,7 %) et les produits laitiers.

L’érosion du pouvoir d’achat accentue les tensions économiques face aux sanctions occidentales. La hausse continue de l’inflation pourrait fragiliser le soutien populaire à Poutine.

• Pendant sa rencontre avec le premier ministre du 7 février, Vladimir Poutine a exigé que « le gouvernement réalise une décélération de l’inflation cette année » ⁴.
• Si la politique monétaire de la Banque centrale a le soutien du parti présidentiel Russie Unie, plusieurs députés montrent une forme d’inquiétude ⁵. Nina Ostanina (KPRF), présidente du Comité pour la protection de la famille, a critiqué la Banque centrale, soulignant un désaccord sur l’impact du taux directeur. Elle affirme que son niveau élevé nuit aux indicateurs démographiques désincitant les prêts hypothécaires préférentiels.

La Banque de Russie a maintenu son taux directeur à un niveau record de 21 % le 14 février, en attendant plus de données pour évaluer une éventuelle hausse le 21 mars. 

• L’inflation a commencé à augmenter au deuxième trimestre 2023, poussant la gouverneure Elvira Nabiullina à inverser la politique d’assouplissement en vigueur jusqu’alors et à relever les taux. 
• Dans sa conférence de presse de fin d’année 2024, elle avait souligné que la pression inflationniste restait élevée et que la demande dépassait toujours l’offre domestique.
• Malgré la réticence de la Banque centrale à un nouveau durcissement, une nouvelle hausse des taux reste probable ce trimestre.

Le niveau élevé de l’inflation contribue à un environnement d’incertitude économique dans lequel des rumeurs sur la politique de l’État pour y remédier commencent à se propager.  

• Ainsi, Elvira Nabiullina a dû dissiper les craintes d’un éventuel gel des dépôts des ménages, qualifiant ces rumeurs de « non-sens ». 
• Elle a souligné que l’Autorité de régulation n’avait aucune base juridique et qu’elle n’avait d’ailleurs pas besoin de prendre de telles mesures. 

Il s’agit de la deuxième fois que la gouverneure de la banque centrale russe commente les rumeurs de gel des dépôts qui ont commencé à être diffusées sur Telegram en 2024. Plus tôt, en décembre, Andrey Kostin, le PDG de Vnechtorgbank (la deuxième plus grande banque russe), avait également dû communiquer pour qualifier ces rumeurs de « non-sens » ⁶.