Aujourd’hui, jeudi 13 février, s’ouvre à Paris une conférence internationale sur la Syrie. Le nouveau dirigeant du pays, Ahmed al-Charaa, a été invité par l’Élysée mais ne sera finalement pas présent. Il sera représenté au cours des échanges par son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani.

  • Le 27 janvier, les États membres ont décidé de suspendre une partie des sanctions à l’encontre de la Syrie, concernant notamment les secteurs de l’énergie, des transports et des institutions financières.
  • Les ministres français et allemand des Affaires étrangères ont déjà effectué une visite conjointe à Damas le 3 janvier, et ont été suivis par le ministre italien des Affaires étrangères le 10 et par la commissaire européenne Hadja Lahbib le 24. Celle-ci a annoncé un programme d’aide humanitaire de 235 millions d’euros.
  • Tous les pays du G7, la Turquie, de nombreux pays arabes et européens seront représentés aujourd’hui à Paris. Il s’agit de la troisième conférence sur le processus de transition en Syrie depuis la chute du régime d’el-Assad — et la première à se tenir en Europe.

Nommé président du pays pour la période de transition le 29 janvier, Al-Charaa cite l’Arabie saoudite et Singapour en exemple. Pour Wassim Nasr, spécialiste du djihadisme, « le nouveau pouvoir syrien souhaite mettre en place un modèle économiquement libéral, qui s’oppose à la fois au dirigisme étatiste et baasiste des cinquante dernières années et au modèle économique panarabe socialiste qui a dominé la moitié du XXe siècle ».

Une grande partie du pays échappe encore toutefois au contrôle de l’État syrien. Le département de la Défense américain envisagerait par ailleurs de retirer les 2 000 militaires américains actuellement présents en Syrie 1.

  • Abdullah Öcalan, cofondateur et figure historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), s’exprimera dans une lettre samedi 15 février. Il devrait possiblement appeler le PKK à abandonner la lutte armée contre le pouvoir turc.
  • Un apaisement des relations entre le PKK et Ankara pourrait encourager les Kurdes de Syrie, qui administrent aujourd’hui une région autonome au nord-est du pays, à accepter un gouvernement d’union nationale autour d’Al-Sharaa.
  • Un tel ralliement serait crucial pour le nouveau pouvoir syrien — comme le rappelait Wassim Nasr « toutes les richesses minières, agricoles et gazières de la Syrie se trouvent dans l’est du pays, actuellement contrôlé par les Forces démocratiques syriennes ».

La question de la présence russe en Syrie constitue un autre sujet majeur pour la transition politique et le futur du pays. Lors d’un appel avec al-Charaa hier, mercredi 12 février, quelques heures avant que Donald Trump ne l’appelle, Vladimir Poutine « a réaffirmé la volonté constante de la Russie de contribuer à l’amélioration de la situation socio-économique en Syrie, notamment en fournissant une aide humanitaire à ses habitants » 2. La semaine dernière, le ministre de la Défense syrien Mourhaf Abou Qasra a déclaré que Damas était prêt à laisser la Russie conserver ses bases en Syrie « tant qu’un accord avec le Kremlin sert les intérêts du pays » 3.