Une révolution culturelle est en cours. Elle ne produit pas de politiques publiques évidentes mais cherchent à étendre les frontières des États-Unis tout en abolissant les institutions démocratiques à l’intérieur du pays. Depuis l’Europe, comment comprendre cette transformation ? Alors qu’un pouvoir au visage nouveau s’installe en Amérique, nous publions en continu une série de textes canoniques (de Curtis Yarvin à J. D. Vance) et d’analyses pour tenter de décrire les nouvelles élites américaines à l’ère Trump. Pour recevoir chaque nouvelle parution et soutenir une revue indépendante, nous vous demandons de penser à vous abonner au Grand Continent
Alors que le Canada résistait face à l’annonce de tarifs agressifs par Donald Trump au début du mois de février 2025, le nouveau président américain a semblé promettre une porte de sortie : « Le Canada devrait devenir notre cher 51e État. Des impôts beaucoup plus bas, une bien meilleure protection militaire pour le peuple canadien — ET PAS DE TARIFS ! »
Traduisons-le : soumettez-vous à la domination américaine et la guerre commerciale sera terminée.
En réalité, une telle décision signifierait la destruction du Canada lui-même. Heureusement pour l’économie canadienne — et pour son État — le Premier ministre canadien Justin Trudeau et son homologue à Washington D. C. sont parvenus à un accord qui lève la menace des droits de douane pendant un mois. Pour autant, Trump pourrait ne pas céder si facilement sur sa demande de capitulation et de démembrement du Canada. Alors qu’Ottawa et ses alliés et amis en Europe s’interrogent sur les prochaines annonces du président américain, il faut prendre conscience que la Maison Blanche est désormais engagée dans une politique qui insiste sur la promesse de niveaux de destruction toujours plus élevés, dans une poursuite vorace de l’attention et du spectacle — au détriment de tout résultat empirique. C’est une transformation majeure.
Deux semaines auparavant, le discours d’investiture de Donald Trump semblait pourtant promettre tout le contraire de la destruction.
Lors d’une cérémonie très élaborée, aux allures de sacre, il s’était entouré de sommités du monde des affaires et de la politique dans le cadre étincelant et orné de la rotonde du Capitole des États-Unis. Des légions de partisans de son monde, apprêtés pour l’occasion, conditionnés dans sa réalité alternative, pianotaient frénétiquement pour envoyer partout des vidéos de célébration 1 dans l’éther des réseaux sociaux alors que le président nouvellement inauguré — Trump 2.0 — déclarait : « l’âge d’or de l’Amérique commence maintenant… l’avenir est à nous ». Trump, semblait-il, annonçait son intention de tenir sa promesse de longue date : redonner à l’Amérique sa grandeur. Toute la nation était invitée à une grande fête : embrasser l’avenir de rêve d’une utopie nationaliste.
En apparence, Trump s’adressait aux fissures et aux traumatismes du déclin postindustriel, du chômage et du sentiment de perte de puissance qui semblaient se frayer un chemin dans le paysage politique de l’Amérique contemporaine. Ses affirmations audacieuses sur les possibilités de la force et de la puissance américaines — mais aussi de sa richesse — semblaient injecter du dynamisme dans un monde dominé par une gauche puritaine et un libéralisme peu inspiré. Mais les actions de Trump dans les semaines qui ont précédé et suivi le 20 janvier font signe vers quelque chose de totalement différent — et de beaucoup plus inquiétant. L’ère qui vient n’est pas celle d’un âge d’or mais d’un âge de destruction, qui exigera des États-Unis le sacrifice sans fin de leur puissance, de leur identité et de leurs sujets sur l’autel du spectacle médiatique.
Depuis l’investiture, une série de politiques, dont le point culminant a été la décision du président de lancer ce que le Wall Street Journal a qualifié de « guerre commerciale la plus stupide de l’histoire » avec le Canada et le Mexique, menace de faire exploser de vastes pans de l’économie, d’éliminer des milliers d’emplois et de mettre en péril la sécurité des États-Unis. Les initiés de Washington, et moi-même en tant que Canadien, avons été choqués par la véhémence de Trump 2. Pourquoi un président promettant un « âge d’or » inaugurerait-il son règne par déclencher une série d’incendies, sociaux et politiques, qui semblent saper tous les fondements de la puissance économique, diplomatique et culturelle des États-Unis ?
C’est que la politique de Trump est une politique de pur spectacle, où l’esthétique l’emporte sur l’empirique et le rationnel. Trump gouverne par plébiscite — par les cris d’approbation de la foule en ligne qui observe chacun de ses moindres mouvements — et en offrant à cette foule la possibilité de prendre part à la grande destruction : la sienne et la leur. Il est l’aboutissement d’une forme postmoderne de gouvernement qui se nourrit de toujours plus d’absurdité, de toujours plus de spectacle ; une politique qui impose simultanément les propositions et les négations, les demandes et les anti-demandes, les thèses et les antithèses — le tout dans l’espace chaotique des réseaux sociaux.
Dans La société du spectacle, Guy Debord affirmait que la vie moderne est dominée par la production et la consommation d’images qui façonnent notre réalité pour la transformer en une performance continue, nous éloignant toujours plus des relations sociales authentiques. La politique spectaculaire de Trump transforme cette consommation en participation. Le leader et ses partisans — ses followers — interagissent les uns avec les autres en ligne, se potentialisant mutuellement pour atteindre des sommets toujours plus grands, toujours plus captivants. Trump peut être hypnotique et enchanteur. Il peut parler dans un langage fantaisiste, abscons — mais il n’agit jamais seul. Son esthétique est toujours produite avec la foule. En d’autres termes, alors que la politique semble offrir aux gens ordinaires peu de capacité d’action, Trump leur fait une promesse : la possibilité d’avoir un impact sur le monde — même sous des formes qui se nourrissent de la tendance à la ruine dramatique.
La politique de Trump exige par sa nature même la représentation des spectacles les plus accrocheurs : des naufrages violents, des catastrophes, des désastres dont les spectateurs — nous-mêmes — ne peuvent pas détourner les yeux. Avec Trump, nous pouvons maintenant non seulement les regarder, mais aussi les reproduire, les exagérer et même en créer nous-mêmes. Là où ces désastres n’existent pas, le trumpisme doit, dans sa soif sans fin de toujours plus de divertissement, les créer lui-même.
La première couverture de l’édition anglaise du livre de Debord représentait des rangées de spectateurs de cinéma avec des lunettes 3D, captivés par un écran hors champ. Aujourd’hui, nous ne pouvons même pas avoir le luxe de sortir de la salle, de nous détacher des écrans que nous tenons entre nos mains. La politique de Trump passe par une esthétique de destruction totale, car seule la participation à la destruction et au démantèlement semble ouvrir aux désenchantés une option politique : le semblant d’une possibilité d’agir.
Participer au sacrifice spectaculaire : la mise en scène de la destruction américaine
Depuis au moins 2016 et son entrée en politique, chaque minute ou presque du règne de Trump est enregistrée et offerte à la consommation publique en ligne. Dès la fin des cérémonies officielles, le 20 janvier, le président s’est retiré dans le cadre opulent du bureau ovale pour signer une série de décrets qui servaient essentiellement à détruire ce qui avait été construit auparavant et à cibler des ennemis politiques.
Les personnes condamnées pour leur rôle dans la prise d’assaut du Congrès le 6 janvier ont été graciées à l’unanimité. Des hommes comme Jacob Chansley, le criminel costumé « QAnon Shaman » 3 s’est joint aux célébrations en ligne en postant une caricature de lui-même brandissant un fusil dans une main et un drapeau américain dans l’autre. « Maintenant, je vais pouvoir m’acheter des putains de fusils ! ! ! » crie la légende de la photo de Chansley. Un flot de félicitations et d’approbations de ses fans affluent. Le fossé entre l’homme réel et le personnage caricatural et son carnaval en ligne — le pur spectacle — s’effondre. L’acte de Trump ne visait pas à réparer une « grave injustice nationale » 4, comme le proclamait avec grandiloquence le décret, mais à catalyser un torrent de représentations agressives, sans direction et arbitraires, issues des cerveaux d’hommes violents.
Les décrets de Trump ont continué à détruire ce que Barack Obama, Joe Biden et la gauche libérale avaient créé. Le gel des subventions fédérales émis le 27 janvier a donné à la foule du mouvement MAGA en ligne toutes les raisons de se réjouir : il prétendait viser « l’efficacité » et « mettre fin à la bureaucratie ». En réalité, il s’est avéré avoir des effets destructeurs explosifs, allant du blocage du système de soins médicaux à l’arrêt du paiement des salaires des employés des prisons, en passant par le chaos dans les établissements d’enseignement supérieur. Alors que certains commentateurs suggèrent que ce type d’action est le point culminant d’un plan à long terme visant à « éventrer » les cibles de la colère républicaine 5, ou que le décret aurait été involontairement rédigé de manière paresseuse, ses effets étaient évidents : une destruction cataclysmique annonce une tempête d’enthousiasme sur les réseaux sociaux de Trump et Musk.
Les partisans du président ont applaudi à tout rompre le chaos, qu’il s’agisse du ciblage mesquin de programmes de bourses d’études mineurs pour les étudiants du Myanmar — le genre de programme qui a longtemps été le ciment du soft power américain, à l’intérieur du pays et à l’étranger — ou de la destruction des structures du gouvernement fédéral lui-même. La décision d’annuler le décret deux jours après sa publication a suscité une nouvelle tempête de discussions enthousiastes. Pourtant, ce chaos — qui se réjouit de la lacération par le gouvernement de programmes que Trump et ses partisans prétendent soutenir, et ce que beaucoup pourraient considérer comme une volte-face embarrassante — révèle en fait ce qui motive vraiment l’administration. La confusion n’est pas un dysfonctionnement ou un effet indésirable 6 : c’est le moteur même et l’objectif du spectacle trumpiste qui génère sans cesse de l’attention.
Les partisans de Trump embrassent ouvertement cette manifestation postmoderne ludique et inquiétante.
Le nouveau « Département de l’efficacité gouvernementale » de Musk est nommé uniquement parce que son acronyme, DOGE, est viral et amusant — c’est une référence au meme coin portant le même nom, dont l’homme le plus riche du monde a fait la promotion. L’existence même du département commence donc par une plaisanterie, tandis que le comportement de son chef semble poursuivre l’absurdité comme une évidence. Musk a installé de jeunes diplômés à des postes clefs du Bureau de la gestion personnelle, sachant sans doute que ces figures jeunes et inexpérimentées se révéleraient capables uniquement de l’incompétence nécessaire pour paralyser l’organisation — mais aussi que les nominations pourraient donner lieu à une autre scène ou deux dans le vaudeville en ligne du nouveau gouvernement. De l’attention, plus d’attention, toujours plus d’attention.
De même, l’ultimatum lancé aux employés fédéraux leur demandant de démissionner le jour-même avec huit mois de salaire sous peine d’être licenciés plus tard, ressemble davantage à un numéro répété dans des émissions de télé-réalité telles que Apprentice, l’émission de Trump, qu’à un élément d’un plan gouvernemental visant à produire vraiment des gains d’efficacité. La Maison Blanche a en effet affirmé que le plan permettrait d’économiser cent milliards de dollars 7 — une déclaration délibérément absurde qui n’a rien à voir avec la réalité mais s’explique par une pulsion : le désir de troller, de provoquer, d’attirer l’attention. Démolir l’État tout entier, saper la capacité administrative : mettre en péril le fonctionnement de tout — pour des clics, du spectacle et du plaisir. Ce divertissement fabuleusement excitant et exaltant pour le public en ligne — une scène numérique saturée de memes ironiques, ouvertement ridicules — ont rendu le texte et l’image bien plus importants que l’élaboration de toute politique rationnelle.
Le même processus se répète déjà à travers et autour des actions de Trump. L’État fédéral a réintégré 8 000 soldats qui avaient refusé de se faire vacciner contre le Covid-19 — en sapant au passage le principe de la hiérarchie militaire. Les soldats qui refusent de suivre les ordres ne constituent-ils pas un élément dangereux lorsque, comme le prétend Trump, une vaste crise sécuritaire mettant en péril la nation se déroule aux frontières canadienne et mexicaine ? Non, les compagnons de route sur des plateformes comme TruthSocial se réjouissent de la destruction de ce vestige des plans du « tyran » Joe Biden 8. L’ancien président n’était un méchant de pantomime : avec leur nouveau leader, ils sont à la fois spectateurs et acteurs du spectacle.
Le casting est posé : une série de méchants — même parmi ceux qui pourraient défendre la nation de la destruction — doivent être vaincus, encore et toujours. Pete Hegseth, le nouveau Secrétaire à la Défense, totalement inexpérimenté, sera probablement incapable de maîtriser les vastes ressources militaires nécessaires pour réaffirmer la sécurité américaine que Trump prétend poursuivre, mais peu importe : il est le héros qui vaincra les sénateurs « pathétiques » qui remettent en question le chef suprême 9. En face, le général Mark Milley — un militaire de carrière décoré dont la figure pourrait précisément incarner le genre de héros d’un « âge d’or » américain perdu — est censé être rétrogradé pour ses critiques à l’égard de Trump. Mais la foule veut aller plus loin. Elle réclame du sang. Elle exige de l’État qu’il persévère d’un cran dans la destruction des valeurs et de la sécurité qu’il est censé défendre : « Poursuite militaire pour haute trahison, laissons la Cour décider ! ! » demande un utilisateur sur X 10. On peut se demander à quel genre de Cour il pense : un tribunal militaire légal ? ou celui de l’opinion publique, hébergé dans le chaos tapageur des réseaux sociaux du mouvement MAGA ? La politique et la pratique sont définies par la relation du nouveau gouvernement avec son public excité par la frénésie de la destruction. Plus le gouvernement va loin, plus la foule est exigeante. Dans une dynamique exponentielle, le pouvoir spectaculaire ne peut conduire qu’à des actes destructeurs plus grands, plus audacieux, plus scandaleux.
La mise en scène autour de la signature des décrets de Trump — il n’a pas pris la peine de consulter les représentants élus qui auraient pu ralentir la cadence du divertissement gouvernemental toujours en marche et toujours accessible via les réseaux sociaux — sont un moyen de rendre public non pas l‘élaboration des politiques, mais l’acte de jouer à l’élaboration des politiques. « À quoi correspond celui-là ? » demande Trump lorsqu’on lui tend le parapheur. « Se retirer de l’Organisation mondiale de la santé », répond son assistant. « Oh, c’est un gros dossier », déclare-t-il avant de se lancer dans une diatribe sur le budget, la Chine et les immigrés clandestins et de signer le décret face caméra. Les paroles de Donald Trump suivent le rythme d’un flux de conscience maladif, plein d’incohérences, de contradictions et de non-sens. Elles sont une matière informe, conçue seulement pour être ensuite découpée en extraits sonores à partager sur les réseaux. La vidéo devient instantanément virale, les partisans et les opposants réagissant et devenant à leur tour des acteurs de cette représentation publique de la fonction de président.
Ces actes de vandalisme interne et international ne feront que mettre en péril la capacité des États-Unis à répondre effectivement aux différentes crises. Ils n’émanent pas d’un désir d’efficacité ou d’équité, mais d’un désir d’attention. La production d’un maximum de gros titres et de divertissements semble primer sur tout le reste. Car quel plus grand spectacle qu’une crise constitutionnelle de grande ampleur, provoquée par une série d’actes qui contournent ou enfreignent les limites de la légalité ? La possibilité d’un spectacle sur les réseaux sociaux qui verrait la sécurité et la stabilité des États-Unis — sans parler de la possibilité d’un futur « âge d’or » — menacées en échange de la production de gros titres lorsque les juges, les politiciens, le public et Trump ont tous leur mot à dire dans la cacophonie.
« Pleinement désenchantés » : l’Amérique piégée dans un spectacle sans but et sans fin
Trump est un phénomène clivant. Il laisse les experts au mieux perplexes — au pire totalement divisés. Eli Lake a affirmé qu’il était un « un rouleau compresseur, un doigt d’honneur, le coup de poing du peuple dans la tronche de Washington… la classe ouvrière vient de dire à la classe dirigeante d’aller se faire voir » 11. Timothy Snyder, l’historien de l’autocratie, suggérait que Trump serait un « dictateur dès le premier jour ». D’autres, comme Matthew Yglesias, craignent que « Trump et Musk soient de l’autre côté » dans une « nouvelle guerre froide » avec la Chine 12 — une guerre que les États-Unis sont voués à perdre tant que leur président continue à « se gargariser de shitposting ».
Ces tentatives sont insuffisantes.
Elles font fi de l’utilisation par Trump de la destruction comme moyen de générer un spectacle infini pour son public, qui attend avec impatience le dernier morceau de divertissement consommable et participatif. Trump n’est pas un bâtisseur. C’est un démolisseur — mais un démolisseur qui n’a pas de sens de l’orientation : les cibles peuvent être aussi bien la classe ouvrière que la classe dirigeante, dont il fait de toute façon partie depuis longtemps. Contrairement à un dictateur traditionnel, Trump ne consolide pas son pouvoir. Il ronge sa propre sécurité en affaiblissant l’armée, en déstabilisant l’économie et en invitant à un conflit militaire — l’intérêt de Trump pour le processus électoral « injuste » contre lequel il fulminait en 2020 semble être complètement absent aujourd’hui. De même, Trump n’est d’aucun côté dans une guerre avec la Chine — il est, chez lui et à l’étranger, seulement engagé dans une guerre contre la raison qui cherche la création maximale d’un spectacle violent pour satisfaire son propre désir d’attention. Il n’est pas tant un révolutionnaire créatif qu’un anarchiste destructeur.
Même les déclarations des pseudo-philosophes souvent identifiés comme la source d’inspiration de la politique trumpienne semblent difficilement pouvoir rendre compte de ce qui se passe depuis le début de ce second mandat. Curtis Yarvin, l’ancien informaticien et blogueur autrefois connu sous le pseudonyme de Mencius Moldbug, est devenu célèbre pour avoir fait la promotion des Lumières noires, une philosophie politique antidémocratique. Il a même fait l’objet d’un article dans The Guardian 13 et d’une interview dans les pages de l’auguste et sédentaire organe de surveillance du centrisme américain, le New York Times. Comptant parmi ses admirateurs le nouveau vice-président J. D. Vance, Yarvin embrasse la fin de la démocratie et s’enthousiasme à l’idée d’instaurer un monarque américain.
La philosophie de pacotille de Yarvin, comme la plupart de ce qui a émergé de la sphère MAGA en ligne, n’est qu’une nébuleuse : il a beau prétendre être un admirateur du philosophe politique italien anti-démocrate Gaetano Mosca 14, ce dernier suggère toujours qu’à travers une « formule politique… l’élite politique justifie son propre pouvoir, en construisant autour d’elle une structure morale et légale ». Or le trumpisme n’a aucunement l’intention de construire une quelconque « structure » pour ses élites. Jusqu’à présent, Trump ne fait que démanteler. Yarvin semble presque lui-même le comprendre lorsqu’il décrit son sujet américain idéal : « pleinement éclairé », déclare-t-il, signifie « pleinement désenchanté… une absence de croyance ». Pourtant, Yarvin a bien une vision — répugnante, certes — de l’avenir. Lui et ses compagnons de route — oligarques techno-césaristes, libertariens ou protectionnistes de l’America First — semblent incapables de reconnaître que sous Trump, la construction est remplacée par la poursuite du spectacle qui nécessite une lutte à mort entre la thèse et l’antithèse, sur tous les sujets. En effet, alors qu’ils débattent sans fin avec la gauche, avec les libéraux et entre eux, sur les montagnes russes de Trump, Yarvin et ses semblables sont plus des artistes performers d’un vaste spectacle que les moteurs d’un comportement directionnel.
Une autre hypothèse est agitée : Trump serait un millénariste, l’un des nombreux faux messies autoproclamés qui ont surgi tout au long de l’histoire occidentale en période de troubles sociaux pour promettre, comme le notait l’anthropologue Bruce Knauft il y a quelques années, « le salut » 15. En effet, Trump lui-même s’exprime souvent en des termes qui, comme le dit l’historien et médiéviste Joel Schnäpp, tendent vers « une rhétorique puissamment religieuse, avec l’utilisation de nombreux thèmes bibliques et eschatologiques » 16. En octobre 2024, il a même averti une foule de partisans en délire lors d’un rassemblement dans le Delaware que Kamala Harris provoquerait un « Armageddon économique ».
Dans l’histoire, ces figures de sauveurs millénaristes ont été rendus possibles non seulement par leur relation avec la foule qui les portait mais aussi par les conditions matérielles de celle-ci — généralement la pauvreté ou l’oppression. Or les électeurs de Trump proviennent de toutes les classes sociales. En novembre 2024, les riches, les classes moyennes et les pauvres sont venus en masse voter pour lui. Même s’ils l’ont fait, peu d’entre eux se sont fait des illusions sur ce que le trumpisme signifiait réellement : tout en votant Trump, les plus défavorisés ont craint qu’il ne réduise l’aide sociale qui leur offrait une bouée de sauvetage au quotidien 17 ; de même, tout en votant Trump, les plus fortunés savaient que les guerres commerciales risquaient d’entraîner un vaste chaos économique. Alors que l’économie américaine progressait l’année dernière, la campagne de Trump s’est évertuée à créer une réalité alternative — l’image « d’Armageddon économique », légendée par une série d’affirmations contradictoires : la débâcle était déjà arrivée sous Joe Biden mais Kamala Harris serait celle qui la déclencherait véritablement ; de toute façon, Trump promettait de prendre l’économie par les cornes, les « difficultés » qui en résulteraient seraient donc nécessaires.
L’hypothèse millénariste ne nous semble pas tenir la route : c’est une soif spectaculaire de destruction — non de salut — qui sous-tend le phénomène trumpiste.
De nombreux électeurs ont incontestablement choisi Trump en pensant à l’économie 18. Mais ils n’avaient pas l’impression que Trump allait les sauver. Aujourd’hui, tout discours sur un tel « salut » — de l’Armageddon économique, du « wokisme », des libéraux ou de tout autre mal, réel ou imaginaire — est noyé dans les acclamations de la foule pour la destruction — celle des autres et la leur. Même lorsque la politique est écrite à l’avance — par exemple dans le manuel du Projet 2025 pour les six premiers mois d’une administration conservatrice — elle est noyée sous une pluie d’actions négatives : « démanteler », « enlever le pouvoir », « retirer », « éliminer », « fermer », « licencier ». Là où elle est annoncée, elle est — comme dans l’effusion de décrets de Trump après l’investiture — exécutée et célébrée comme une destruction publique.
Pour comprendre la totalité du projet Trump, il faut explorer la façon dont la rhétorique, l’image et l’action se croisent au niveau esthétique.
On découvre un dense entrelacs de contradictions : entre son langage teinté de religiosité, Trump s’exprime dans les tons effrontés de l’ennuyeux du club de golf, dans le langage du négociateur new-yorkais et, plus souvent qu’autrement, avec des propos d’une incohérence déroutante. Le langage visuel et textuel de Trump passe de l’affirmation à la négation sans tenir compte de la logique, des transitions ou de la structure. D’un côté, il rend à l’Amérique sa grandeur ; de l’autre, il la sape perpétuellement. L’Amérique doit faire la guerre ; mais sa propre armée doit être mise au pas. Les emplois américains doivent être rétablis ; mais l’économie américaine doit être sabotée. Le gouvernement américain doit être réformé ; mais il faut détruire l’administration. L’effet est celui d’une affirmation et d’une négation simultanées. Les déclarations de Trump sur la création d’un âge d’or sont toujours accompagnées de discours et d’actes physiques qui convoquent leurs propres « Armageddons », symboliques ou réels — et parfois les deux.
Depuis l’avènement de l’ère des médias de masse et de la propagande de masse, les sociétés occidentales sont friandes de tels spectacles. Mais les spectacles de destruction qui ont défini l’ère des mass media ont été, comme le montrait Guy Debord dans les années 1960, destinés à fragmenter puis à « se fondre dans un courant commun » : le spectacle était un outil de contrôle politique. Cela a été le cas non seulement dans le contexte de l’affrontement effréné des impérialismes russe et américain au milieu du XXe siècle, mais aussi jusqu’à beaucoup plus récemment. Même à l’heure la plus sombre de la souffrance médiatisée du XXIe siècle américain — lors des attaques terroristes du 11 septembre 2001 — les « spectacularistes » islamistes qui ont planifié l’attaque des tours jumelles comme un acte destiné à la consommation publique étaient, comme le note l’écrivain britannique Will Self, « déterminés à diviser pour mieux régner », leur but était de nous monter les uns contre les autres 19. La thèse et l’antithèse conduisent au changement : le simple choc dialectique oriente l’avenir dans la direction choisie par le metteur en scène.
Mais il y a cette fois-ci une différence majeure. Chez Trump, le spectacle n’est pas le moyen d’une amorce vers un sentiment de contrôle ou de changement. Le spectacle est plus important que la planification et l’action. L’annonce de la destruction — le meme, le tweet, l’image — est plus importante que la réalité. Une pantomime de fureur contre le « marécage » de Washington, avec ses héros et ses méchants de dessins animés, est créée à partir d’images et de réalités alternatives, d’engagements et de promesses non tenues, de mensonges et de tromperies. Des politiques destructrices sont mises en œuvre non pas pour résoudre des dilemmes ou parvenir à une quelconque forme de stabilité ou de progrès mais simplement pour alimenter le spectacle. La foule en ligne acclame le dernier acte de destruction, mais cette destruction — mise en œuvre par Trump et son public collectivement — est aussi sinueuse et sans but que le flot incohérent et spontané des paroles de Trump. L’avenir et le passé n’existent pas, seule compte l’obsession du présent puisqu’il incarne le moment de destruction qui attire, capte et retient notre attention. Il n’y a rien au-delà de la pantomime : pour que cette politique puisse continuer, il faut une destruction sans fin.
Nous sommes au théâtre, mais les rideaux ne cachent rien. Tout le monde — des élites de la Maison Blanche à la coterie de pseudo-philosophes sur Internet en passant par les Américains ordinaires qui ouvrent X pour regarder le spectacle jusqu’à plus soif — voit tout, toutes les parties, toutes les coulisses, toutes les ficelles de ce qui se passe. La scène et l’arrière-scène se confondent. La sénatrice Elizabeth Warren a déclaré récemment que « Trump et ses alliés espèrent que s’ils continuent à nous inonder avec leurs actes horribles, nous ne les remarquerons pas tous » 20. Le flux ne se tarira probablement pas mais il n’y a aucune tentative de le cacher ou d’espérer que nous ne les remarquions pas. Au contraire, le propre de l’artifice de la destruction trumpiste est d’être toujours bien visible — non pas accidentellement, mais délibérément puisque le projet ne consiste en rien d’autre que d’afficher publiquement la nécessité de l’oblitération. Des décrets qui démantèlent l’armée et le gouvernement fédéral aux guerres commerciales, tout est explicite.
Trump est obsédé par le spectacle mais il n’a rien d’un magicien. Tous ses tours — jusqu’à la souffrance de ses propres partisans — sont exposés au grand jour : « Est-ce que cela va faire mal ? Oui, peut-être (et peut-être pas !) », a-t-il déclaré confusément alors qu’il déclenchait une guerre commerciale avec le Canada et le Mexique 21.
La transparence de cette entreprise de création destructrice publique par Trump n’a jamais été aussi évidente que dans l’affaire du lancement du meme coin $TRUMP qui a précédé son investiture présidentielle.
Trois jours avant d’accéder à nouveau à la présidence, le nouveau dirigeant a lancé un crypto-actif à son effigie. Le président et son équipe ont assisté à la montée en flèche du prix des 20 % de coins disponibles — le reste étant resté en toute sécurité entre les mains de l’initiateur — sur le marché des crypto-monnaies, qui a atteint 5,4 milliards de dollars. De l’argent créé à partir de rien ; des investisseurs suivant au pas de course la foule exaltée par le cours en hausse ; une montée de crypto-fièvre à laquelle tout le monde veut goûter. Et évidemment, tout le monde veut en être avant que les actionnaires majoritaires ne tirent la couverture à eux 22. Les médias et la foule en ligne ont bien sûr déliré à mesure que la nouvelle de cet opportunisme flagrant circulait irriguait les réseaux.
Le phénomène des crypto-monnaies n’est rien d’autre qu’une grande illusion dans laquelle des prestidigitateurs comme Elon Musk et maintenant Donald Trump lui-même invitent le public à participer en masse à un tour dont les rouages sont entièrement connus de l’auditoire. Pourtant, à l’histoire banale mais extraordinairement tordue de $TRUMP s’est ajoutée une série de rebondissements destructeurs qui ont chacun généré encore plus de gros titres, fait imploser la valeur du meme coin et créé un vaste bavardage dans une ambiance de confusion totale.
Deux jours après le lancement de la pièce à l’effigie de Donald, Melania Trump a mis en circulation son propre meme coin, dont la valeur a grimpé à l’inverse de celle du $TRUMP. L’équipe Trump avait elle-même détruit la valeur de sa création.
Une multitude de fausses cryptos prétendument associées à d’autres membres de la famille Trump — mais en réalité créées par des internautes anonymes — ont été lancées presque aussitôt 23 : le Barron coin, le Ivanka coin, etc. Le 21 janvier, la valeur des « vraies » Trump coin s’était effondrée. Trump, Melania et les créateurs et acheteurs ordinaires de cet actif avaient tous participé en toute connaissance de cause à une affaire risquée et illusoire. Autrement dit : ils avaient créé et orchestré — « de toutes pièces », pourrait-on dire — leurs propres pertes financières, préférant l’excitation d’une participation spectaculaire à un investissement profitable.
La valeur de ces crypto-actifs, tout comme la « valeur » des politiques de Trump en tant que président, est toujours destinée à s’effondrer. En l’espèce, ce sont les équipes Trump elles-mêmes qui ont provoqué cet effondrement, avec quelques investisseurs qui ont profité de la crédulité de la foule pour tenter leur chance et repartir — ou non — avec des millions de dollars en poche. Mais pour un homme comme Trump, qui possède déjà une immense richesse, un vaste pouvoir et l’immunité contre les poursuites judiciaires aux États-Unis, le gain matériel n’est pas vraiment ce qui compte. L’excitation réside dans la création d’un acte d’automutilation politique et économique, entièrement spontané et associant la participation rituelle du plus grand nombre de personnes possibles.
Dans la spirale Trump : le chaotique et l’absurde comme moteurs du spectacle
Trump passera les quatre prochaines années à détruire autant que possible.
Il détruira au détriment du monde, de son pays, de ses partisans et soutiens ou des oligarques qui semblent désormais lui être inféodés. Plus la destruction sera profonde et chaotique, plus ses partisans le soutiendront. Le nouveau groupe d’acteurs MAGA qui entourent le président peuvent prétendre être des révolutionnaires cherchant le retour d’un âge d’or américain à l’ancienne, mais leur politique est une politique de la performance.
C’est peut-être le critique littéraire russe Mikhaïl Bakhtine qui explique le mieux le trumpisme, lui qui voyait dans l’agitation des années 1910 et 1920 en Russie un retour du carnaval médiéval, une époque où la dépravation, le grotesque et les plaisirs interdits servaient à redynamiser l’ennui de la vie quotidienne. Mais sous le régime de Trump, le carnaval n’est pas un moment défini et circonscrit. Il n’a ni début ni fin. Il n’est pas destiné à construire quoi que ce soit, à créer quoi que ce soit ou à restaurer quoi que ce soit. La vitalité est détruite au moment même où elle est produite. « Rendre à l’Amérique sa grandeur » n’est pas une vision utopique, c’est un plaisir de la destruction : une absence totale, pour le dire avec Curtis Yarvin, « de croyance » — à laquelle on peut ajouter une absence de direction, de but. Le trumpisme est une absence de tout — sauf de son propre spectacle.
En ce sens, Trump et sa cour ont plus en commun avec les futuristes russes, qui ont promis en 1912 de jeter leurs prédécesseurs « par-dessus bord du navire de la modernité » 24 dans la poursuite de l’absurde pur, donnant naissance à une génération d’avant-gardistes comme Daniil Kharms qui remettaient en question et sapaient toute possibilité de faire sens par une poésie ridicule et des spectacles de rue, qu’avec les autoritaires purs et durs des XXe et XXIe siècles.
Il pourrait être tentant de regarder le clinquant et l’éclat du postmodernisme et d’y voir des reflets de l’État russe de Vladimir Poutine, mais Poutine est un idéologue et un impérialiste convaincu dont la destruction est implacablement, chirurgicalement ciblée en direction de l’expansion du pouvoir : le sien, celui de ses élites et celui de son empire. À chaque étape, Trump et ses alliés choisiront le chaos parce que le chaos génère l’absurdité — et que l’absurdité est spectaculaire. L’action et l’accumulation de pouvoir ne sont pas nécessairement associées ; les avantages monétaires, politiques ou stratégiques qui découlent de la politique sont accessoires plutôt que véritablement intentionnels.
En conséquence, les outils de l’opposition pour comprendre et contrer le pouvoir sont considérablement affaiblis : il est vain d’essayer de chercher un sens à la boule de cristal de Washington, car sous Trump, tout est vain, tout est dénué de sens et il n’y a pas d’intention cachée.
Pendant des décennies, la gauche s’est appuyée sur des variations de l’analyse foucaldienne pour comprendre et révéler le fonctionnement occulte du pouvoir dans le monde sociopolitique. Mais au moment où Trump et ses acolytes ont pris l’absurdité postmoderne par les cornes — celle du Chamane Qanon — en la plaçant non seulement au centre mais en en faisant la raison d’être, l’essence même de leur politique, l’analyse de gauche qui met à nu les contradictions ne nous est plus d’aucun secours. Le contrôle des actes, des contre-arguments et des restrictions systémiques au pouvoir présidentiel s’évapore. Les hypocrisies et les abus du spectacle de destruction trumpiste sont déjà bien visibles. Ses partisans s’en moquent : en braillant, en acclamant et en applaudissant en ligne, ils sont à la fois les participants et les générateurs du chaos.
Pour l’instant, le Canada a réussi à échapper à une guerre commerciale catastrophique, mais Donald Trump a remporté la bataille qu’il voulait gagner : il a attiré l’attention. Bien qu’il n’ait apparemment pas gagné grand-chose d’un accord visant à créer un « tsar du fentanyl » canadien et à investir la somme dérisoire de 200 millions de dollars dans la sécurité des frontières, il a orchestré une grande pièce de théâtre politique en faisant s’écrouler les relations avec le plus proche allié de son pays à leur point le plus bas depuis des décennies. Le Canada doit se préparer : Trump est déjà en train de bricoler une autre bombe. Mais la situation n’est pas désespérée. Ceux qui cherchent à contrer l’influence néfaste de Trump ne seront pas aidés par le fait de souligner ses insuffisances : cela piquera sa vanité et ne fera que l’enflammer. Ils ne pourront pas faire grand-chose non plus pour assouvir son appétit de destruction.
Mais les partisans de Trump sont peut-être plus souples. Si leur intérêt pour la politique trumpiste découle à la base du manque de dynamisme, de l’absence du spectacle et du sentiment d’impuissance que procurent les alternatives, ils pourraient très bien être tentés par d’autres philosophies, moins nocives, qui offrent les mêmes choses.
Aussi banal que cela puisse paraître, ceux qui cherchent à s’opposer à Trump pourraient très bien passer moins de temps à discuter avec des analystes politiques technocrates et plus de temps avec les producteurs de télévision professionnels et les influenceurs des réseaux sociaux qui savent comment créer de l’engagement avec le public américain.
L’ère de la grande destruction peut rayonner.
Elle peut être éclairée d’une lumière glorieuse, pleine de glamour, de lustres éblouissants et de fêtes bruyantes. Elle est peut-être un carnaval sans fin et éblouissant d’histoires et de récits en ligne, avec ses héros et ses méchants. Comme une émission de télé-réalité qui prendrait vie.
Mais tout ce qui brille n’est pas de l’or, et « l’Âge d’or » de l’Amérique n’arrivera pas. Car la lumière au cœur du projet trumpiste ne repose que sur la destruction. Pour ceux d’entre nous qui observent Trump brandir le glaive de la guerre économique (et de la guerre tout court), nous devons nous mettre au défi d’imaginer des moyens de répondre — et de nous préparer avant que la prochaine vague de destruction ne viennent se fracasser contre nous.
Sources
- Marina Hyde, « So this is Trump’s ‘golden age’ – chaos, dysfunction and a coalition of creeps », The Guardian, 21 janvier 2025.
- Robert Tait, « Trump’s revenge agenda has shocked officials who ‘didn’t think it was going to be this bad’, insiders say », The Guardian, 31 janvier 2025.
- James Liddell, « ‘QAnon Shaman’ Jacob Chansley says he will ‘buy some motha f***in guns’ after Trump pardon », The Independent, 31 janvier 2025.
- « Granting Pardons And Commutation Of Sentences For Certain Offenses Relating To The Events At Or Near The United States Capitol On January 6, 2021 », Proclamation du Président des États-Unis d’Amérique, Maison Blanche, 20 janvier 2025.
- Voir l’analyse d’Aidan Quigley sur X.
- Barbara Sprunt, Elena Moore, Deirdre Walsh, Asma Khalid et Tamara Keith, « White House response adds to confusion on federal funding freeze », NPR, 29 janvier 2025.
- David Dayen, « Elon Musk Offers Federal Workers an Unauthorized Buyout », The American Prospect, 29 janvier 2025.
- Voir le post sur TruthSocial.
- Voir le post sur TruthSocial.
- Voir le post sur X du correspondant de Fox News Lucas Tomlinson.
- Bari Weiss, « Trump’s Populism Isn’t a Sideshow. It’s as American as Apple Pie » (Podcast), The Free Press, 22 janvier 2025.
- Matthew Yglesias, « Nobody knows what Trump is going to do », Slow boring, 20 janvier 2025.
- Jason Wilson, « He’s anti-democracy and pro-Trump : the obscure ‘dark enlightenment’ blogger influencing the next US administration », The Guardian, 21 décembre 2024.
- « Transcript of Currents 022 : Curtis Yarvin on Institutional Failure », The Jim Rutt Show.
- Bruce Knauft, « Trumpism Today : Conspiracy Theory and Alt-Right Apocalypse », communication au colloque “Corruption and Illiberal Politics in the Trump Era”, 10 novembre 2022, Seattle.
- Virginie Larousse, « Donald Trump, l’Apocalypse et le roi David : une lecture théologique du président américain », Le Monde, 24 janvier 2025.
- Tim Craig, « These low-income Trump voters hope he doesn’t slash their benefits », The Washington Post, 26 décembre 2024.
- Matthew Ward Agius, « The demographic groups that propelled Trump to presidency », DW, 11 juin 2024.
- Will Self, Psychogeography, Bloomsbury, 2017.
- Voir le post d’Elizabeth Warren sur X.
- Brett Samuels, « President Trump says potential pain caused by tariffs ‘worth the price that must be paid’ », The Hill, 2 février 2025.
- « What is a rug pull and how to avoid it », Coinbase.
- Jennifer Sor, « This week’s meme coin mania sparked a wave of unauthorized tokens looking to cash in on the frenzy », Markets Insider, 24 janvier 2025.
- David Bourliouk, Alexander Kruchenykh, Vladimir Maïakovsko, Victor Khlebnikov, Une gifle au goût public, G. I. Kuz’min, 1912.