Cinq ans après la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union, une majorité de Britanniques (55 %) considère que le Brexit a été une erreur. Selon une enquête YouGov conduite du 20 au 21 janvier, les partisans du « Leave » sont 18 % à regretter leur choix, contre 7 % pour ceux ayant voté « Remain » lors du référendum de 2016 1.

Depuis la victoire du Labour aux élections générales de juillet 2024, les signes de rapprochement entre l’Union et le Royaume-Uni se sont multipliés.

  • Dans un entretien publié dans nos pages en mai dernier, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères britannique David Lammy affirmait : « un futur gouvernement travailliste souhaiterait construire un nouveau partenariat géopolitique entre le Royaume-Uni et l’Union, basé sur des intérêts communs et une confiance mutuelle ».
  • Ce « nouveau partenariat » passe notamment par la participation de membres du cabinet britannique à des réunions avec les États membres : la chancelière de l’Échiquier Rachel Reeves a ainsi pris part en décembre à une rencontre de l’Eurogroupe, et le Premier ministre Keir Starmer a été invité à la séance de réflexion informelle organisée par le président du Conseil européen le 3 février. 

Si les résultats de la promesse faite par Starmer de « réinitialisation » des relations entre Londres et Bruxelles restent limités, le soutien affirmé du gouvernement britannique à l’Ukraine renforce la présence de Londres en tant qu’interlocuteur clé à Bruxelles. Au Château de Limont, lundi prochain, le Premier ministre travailliste prendra ainsi part aux discussions sur la défense européenne et les moyens de renforcer les capacités de défense communes.

  • En décembre, Starmer et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont annoncé l’organisation d’un premier sommet Union-Royaume-Uni au printemps 2025.
  • À cette occasion, ce rapprochement pourrait se traduire aussi par l’établissement d’un lien entre les systèmes d’échange de quotas d’émission du Royaume-Uni et de l’Union, ce qui permettrait aux Britanniques d’éviter l’imposition de tarifs lors de la mise en œuvre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières 2.

Le retour au pouvoir de Trump pourrait par ailleurs contribuer à renforcer davantage le développement des liens entre Londres et l’Europe continentale.

  • Trump a déclaré dimanche dernier avoir une « très bonne relation » avec Starmer, et ce malgré des divergences idéologiques. Lors de la dernière visite du Premier ministre britannique aux États-Unis, celui-ci avait été invité à dîner à Trump Tower, à New York, où les deux hommes semblaient entretenir de bons liens.
  • Plusieurs proches du président américain méprisent toutefois Starmer. Au cours des dernières semaines, Elon Musk a multiplié les attaques contre le Premier ministre britannique en l’accusant d’être « profondément complice des viols de masse en échange de votes », en lien avec le rôle supposément joué par ce dernier dans le scandale des « grooming gangs ».
  • En juillet 2024, quelques jours après les élections, le vice-président JD Vance avait quant à lui sérieusement remis en question la « relation spéciale » entre Washington et Londres en déclarant que « le Royaume-Uni pourrait devenir le premier pays véritablement islamiste doté de l’arme nucléaire », suite à la victoire du Labour. 3
  • Le Royaume-Uni est toutefois, contrairement à l’Union européenne, l’un des rares principaux partenaires commerciaux des États-Unis dont la balance commerciale avec Washington est négative.

Comme en témoignent les attaques et menaces de Trump contre le Danemark — l’un des plus fidèles alliés des États-Unis et membre de l’OTAN — vis-à-vis du Groenland, le projet impérial du président américain se traduit par une remise en cause de toutes les alliances, sans tenir compte de la nature de la relation. L’élu républicain à la Chambre des représentants Andy Ogles le résumait par cette phrase après avoir déposé une proposition de loi visant à autoriser le président à acheter le Groenland : « nous sommes, très franchement, le prédateur dominant ».

Sources
  1. YouGov Survey Results, 20-21 janvier 2025.
  2. George Parker, Peter Foster et Andy Bounds, « Keir Starmer looks to link UK and EU emission trading schemes », Financial Times, 28 janvier 2025.
  3. Sen. J. D. Vance | America is a Nation | NatCon 4, YouTube, 11 juillet 2024.