Le 24 janvier, la Commission européenne a annoncé reprendre la procédure engagée auprès de l’Organisation mondiale du commerce contre la Chine en 2022 en raison de mesures commerciales discriminatoires et coercitives visant la Lituanie.

  • Les relations diplomatiques entre Pékin et Vilnius se sont détériorées en 2021 après que la Lituanie a autorisé l’ouverture d’un « Bureau de représentation de Taïwan » (駐立陶宛台灣代表處). Le choix d’utiliser le nom « Taïwan » (台灣) plutôt que « Taipei » (台北) a été perçu par Pékin comme une violation de sa politique d’une seule Chine.
  • Lors de sa première intervention devant l’OMC en 2022, la Commission européenne avait soutenu que la Chine avait instauré des mesures empêchant systématiquement les marchandises lituaniennes de franchir les douanes chinoises.
  • Elle avait également accusé Pékin d’avoir adopté des sanctions secondaires informelles, en exerçant des pressions sur les entreprises européennes pour qu’elles éliminent tout contenu d’origine lituanienne de leurs chaînes d’approvisionnement lorsqu’elles exportaient vers la Chine. En 2021, la Fédération des industries allemandes avait déclaré que Pékin avait bloqué les importations des fabricants allemands basés en Lituanie 1.
  • Selon les statistiques douanières chinoises, les échanges entre la Lituanie et la Chine ont diminué de 80 % entre janvier et octobre 2022 par rapport à l’année précédente.

Une source européenne a confié au Grand Continent que la reprise de la procédure permettra à l’Union de gagner du temps pour rassembler davantage de preuves, bien qu’il ne soit pas certain qu’elle obtienne gain de cause auprès de l’OMC.

  • Le président lituanien, Gitanas Nausėda, a affirmé que tout retrait aurait été prématuré, soulignant que des problèmes commerciaux non résolus subsistent encore aujourd’hui. En 2022, Nausėda avait également déclaré que l’ouverture du bureau avait été une erreur.
  • Dans un entretien paru dans ces pages, l’ancien ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a déclaré que la Chine agissait davantage comme un adversaire que comme un partenaire.

Ces dernières années, l’Union a tenté de rééquilibrer ses relations commerciales avec la Chine, en cherchant à poursuivre une politique de « de-risking » et à réduire ses dépendances dans les secteurs stratégiques.

  • En octobre 2024, la Commission a annoncé l’introduction de droits de douane définitifs pour une durée de cinq ans sur les voitures électriques en provenance de Chine, à la suite d’une enquête lancée en octobre 2023 qui a confirmé l’existence de subventions octroyées par le gouvernement chinois à ses constructeurs tout au long de la chaîne de production.
  • Depuis 2021, l’Union a également adopté de nouveaux instruments de défense commerciale, notamment un mécanisme de lutte contre la coercition, entré en vigueur en décembre 2023. Celui-ci devrait permettre une meilleure coordination des politiques commerciales et de sécurité.

La décision européenne de poursuivre la démarche devant l’OMC doit également être lue dans le contexte du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

  • En 2021, les États-Unis avaient notamment signé avec la Lituanie un accord de crédit à l’exportation de 600 millions de dollars.
  • Des responsables de l’administration démocrate de Joe Biden avaient exhorté l’Union à poursuivre l’affaire. Dans une tentative d’apaiser les tensions avec les États-Unis, les 27 vont probablement chercher à s’aligner davantage sur la politique de Washington envers Pékin.
Sources
  1. Joe Miller, Guy Chazan, Andy Bounds, « German business hits out at China after Lithuania trade row snares exports », Financial Times, 17 décembre 2021.