Kristi Noem, nommée par Trump pour servir en tant que secrétaire à l’Intérieur lors de sa seconde administration, a grandi dans le comté de Hamlin, dans le Dakota du Sud, un État des Grandes Plaines qui a voté républicain à chaque élection présidentielle depuis 1968. C’est dans son État natal que Noem a passé le plus clair de sa carrière, d’abord en s’occupant de la ferme familiale dans les années 1990-2000 puis en étant élue en 2006 à la chambre basse de la législature de l’État.

  • Après deux mandats passés au Congrès du Dakota du Sud, Noem se présente pour représenter son État au Capitole. Elle est la représentante du district at large de 2011 à 2019, siégeant notamment au sein de la commission de la Chambre sur les voies et moyens, chargée de la rédaction des lois fiscales.
  • En 2018, elle devient la première femme gouverneur du Dakota du Sud. Elle est réélue pour un second mandat en novembre 2022, appuyée par le soutien de Trump. C’est au cours de ses six années passées à la tête de l’État que la républicaine gagne une exposition nationale.

Kristi Noem met largement en avant son image de femme du Midwest, élevée dans un ranch et habituée du travail manuel. Après ses premières semaines passées au Capitole, elle troque ses chaussures de ville pour des bottes de cowboy ornées de cactus 1. Adolescente, elle fut élue « Reine de Neige du Dakota du Sud », un concours de beauté réunissant les gagnantes de 50 lycées de l’État. Dans son premier livre, Not My First Rodeo (2022), Noem mêle passages autobiographiques et versets de la Bible.

Bien que conservatrice depuis le début de sa carrière politique, Noem a connu un glissement vers la droite suite à la première victoire de Donald Trump en 2016. 

  • Lors de leur première rencontre, afin de charmer le nouveau président, Noem a proposé à Trump sur le ton de l’humour d’ajouter son visage au mont Rushmore. Ce dernier, qui avait déjà étudié la possibilité, a pris l’offre au sérieux, conduisant la gouverneur à lui offrir une réplique miniature du monument à laquelle avait été ajoutée la tête du 45e président 2.
  • La future secrétaire à l’Intérieure est devenue une figure médiatique en 2020, pendant la pandémie de coronavirus, en prônant à l’image de Trump une approche « pro-liberté », refusant d’instaurer une obligation de porter un masque et appelant à la réouverture précoce des commerces.
  • Sa posture ainsi que sa proximité revendiquée avec les politiques de Trump lui valent d’être régulièrement invitée sur Fox News et Newsmax, deux chaînes conservatrices. À l’été 2019, elle fait construire le premier studio télé du Capitole de l’État afin de renforcer son image et de faire la promotion de figures conservatrices 3.

Le rapprochement de Noem avec Trump est également passé par une transformation physique : après la victoire du républicain, elle se laisse pousser les cheveux et adopte un style vestimentaire proche de celui de l’ex-fiancée de Don Jr., Kimberly Guilfoyle, ou de la belle-fille de Trump, Lara 4. Selon une source proche du président-élu, anciennement hôte de son émission de télé, celui-ci aurait déclaré préférer travailler avec des femmes « qui s’habillent comme des femmes » 5. En mars 2024, elle fait la publicité d’un cabinet médical, Smile Texas, où elle s’est fait poser de nouvelles dents afin de coller à l’esthétique trumpiste.

Kristi Noem est principalement connue parmi les rangs républicains pour son implication dans les « guerres culturelles ».

  • Lors de la Conservative Political Action Conference 2021, quelques semaines après l’arrivée au pouvoir de Biden, elle dénonce la « campagne organisée et coordonnée pour supprimer et éliminer toutes les références à la fondation de notre nation et à beaucoup d’autres parties de notre histoire ». 
  • Elle appelle également à la mise en place d’un nouveau playbook conservateur, affirmant que les thèmes traditionnels du GOP ne sont plus suffisants : « En tant que conservateurs, nous oublions souvent que les histoires sont bien plus puissantes que les faits et les statistiques » 6.

Les principaux combats de Noem correspondent aux grandes luttes culturelles de ces dernières années aux États-Unis : « l’élimination de la critical race theory », la lutte contre la participation des femmes transgenres à des sports d’équipe, la protection du droit à posséder et porter des armes ainsi que la « protection » de la frontière sud et la lutte contre l’immigration illégale. En avril 2023, à un événement de la National Rifle Association, elle déclare que sa petite-fille âgée de 2 ans « a déjà un fusil à pompe et un fusil de chasse ».

  • Au-delà de son rôle joué pendant la pandémie de coronavirus, Noem a également gagné une importante exposition — ainsi qu’une forte crédibilité dans les cercles trumpistes — en envoyant en 2021 des troupes de la Garde nationale de l’État pour « protéger » la frontière face aux « afflux » de migrants. La capitale de l’État, Pierre, se trouve à plus de 1 600 kilomètres de la frontière américano-mexicaine.
  • Le coût du déploiement des troupes, qui s’élevait à un million de dollars, a été partiellement couvert par un don du milliardaire républicain Willis Johnson. D’autres gouverneurs républicains dont DeSantis, Youngkin ou Henry McMaster, avaient également décidé d’envoyer des soldats pour prendre part à la lutte contre l’immigration illégale à la frontière avec le Mexique.

Si elle est confirmée — ce qui est très probable —, Noem sera principalement en charge de la lutte contre l’immigration illégale et de la déportation de millions d’immigrés annoncée par Trump. Elle partagera toutefois son agenda avec le « tsar de la frontière », Tom Homan — qui n’a pas besoin d’être confirmé par le Sénat —, ancien directeur de l’agence de police et contrôle aux frontières sous la première administration Trump. C’est ce dernier qui a été choisi par le président élu pour superviser « l’aspect opérationnel » de l’agenda de la nouvelle administration.

Sources
  1. Emily Miller, « Rep. Kristi Noem : Head of the Class », Human Events, 14 février 2011.
  2. Michael Klinski, « Mount Trumpmore ? It’s the president’s ‘dream,’ Rep. Kristi Noem says », Sioux Falls Argus Leader, 24 avril 2018. 
  3. Angela Kennecke, « Gov. Noem uses $130k studio to boost national conservative profile and reach South Dakotans », KELOLAND News, 23 avril 2020.
  4. Vanessa Friedman, « The Trumpification of Kristi Noem », The New York Times, 20 mars 2024.
  5. Mike Allen et Jonathan Swan, « Trump 101 : The producer of his own epic film », Axios, 2 février 2017.
  6. Ben Leonard, « Kristi Noem slams Covid shutdowns, defends South Dakota’s record at CPAC », Politico, 27 février 2021.