Selon un rapport du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), un groupe d’opposition au régime en exil, au moins 1 000 prisonniers auraient été tués l’an dernier en Iran. Le premier jour de l’année 2025 aurait également été marqué par 12 pendaisons, dont 5 dans la prison de Ghezel Hesar 1.

  • Le chiffre avancé par le CNRI est crédible, bien qu’il n’ait pas encore été confirmé par les organisations de référence pour le décompte des exécutions capitales dans le monde, comme Ensemble contre la peine de mort, qui publie chaque année un rapport sur les exécutions en Iran en partenariat avec l’ONG Human Rights Iran.
  • Selon le dernier rapport de ces deux organisations, au moins 834 exécutions capitales ont eu lieu en Iran en 2023, soit une augmentation de 43 % par rapport à 2022 (582 exécutions) 2.
  • Seulement 15 % des exécutions sont annoncées officiellement par les autorités iraniennes.

Les chiffres sont le résultat d’un travail de recherche de l’ONG Human Rights Iran qui repose sur des témoins directs des exécutions, des membres des familles, des avocats ainsi que des sources internes aux prisons iraniennes. Les chiffres annoncés sont donc probablement inférieurs à la réalité. Ainsi, 50 exécutions portées à l’attention de l’ONG n’ont pas été comptabilisées dans le total, faute de témoignages concordants suffisants pour les corroborer.

Au moins 56 % des exécutions sont liées à des condamnations pour trafic de stupéfiants.

  • L’Iran est l’un des pays les plus concernés au monde par l’addiction aux drogues dures, qui touche entre 2 et 7 % de la population. Cette réalité s’explique en partie par la porosité de la frontière avec l’Afghanistan, pays qui abrite l’un des principaux producteurs d’opiacés au monde — malgré la baisse de la production depuis l’arrivée au pouvoir des talibans — dont les exportations transitent principalement par l’Iran.
  • Un amendement apporté à la loi de lutte contre le trafic de drogue passé en 2017 avait contribué à considérablement diminuer le nombre d’exécutions en 2018-2021, avant que celui-ci ne soit supprimé.
  • D’après Ensemble contre la peine de mort, la communauté internationale et notamment l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime exerceraient une pression insuffisante sur le gouvernement iranien et continueraient à financer des projets de lutte contre le trafic de drogue malgré les méthodes répressives du régime.
  • Avec 853 exécutions sur 1 153, l’Iran représente les trois-quarts des exécutions capitales documentées dans le monde en 2023 par Amnesty International, sans compter les milliers d’exécutions en République populaire de Chine, dont le nombre exact n’est pas connu.

L’augmentation massive du nombre d’exécutions en 2023 et 2024 est aussi en grand partie liée à l’intensification de la répression du régime iranien en réaction au mouvement Femme, vie, liberté de septembre-décembre 2022. Pour le chercheur Farhad Khosrokhavar, le régime iranien est devenu progressivement une thanatocratie qui « remet en cause la légitimité du pouvoir dans la mesure où elle ne peut pas donner la vie, ne peut pas encourager la vie et ne peut abonder que dans le sens de la mort ».

Sources
  1. Iran : Khamenei’s New Record in Executions and Crimes, National Council of Resistance of Iran, 2 janvier 2025
  2. Annual Report On The Death Penalty In Iran 2023, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Human Rights Iran, mars 2024