Le 119e Congrès qui se réunit aujourd’hui pour la première fois à Washington confère à Trump des marges de manœuvre très réduites.
- Les Républicains arrivent à la Chambre avec la majorité la plus courte de l’histoire : seulement 219 sièges sur 435. De plus, trois sièges républicains devraient être vacants au début de l’année jusqu’à ce que des élections spéciales soient organisées. Au Sénat, les marges du GOP seront légèrement plus confortables, avec 53 élus (sur 100).
- Les scissions au sein du groupe républicain à la Chambre observées en décembre lors du vote sur la loi de finance temporaire ont toutefois donné un aperçu de ce à quoi ressemblera le nouveau Congrès : un parti désuni forcé de composer avec une aile droite extrémiste et ultra-conservatrice.
Les élus républicains de la Chambre voteront aujourd’hui pour élire leur speaker, l’un des postes les plus influents à Washington. S’il dispose d’une majorité dans les deux chambres du Congrès, Trump aura besoin de leaders capables de construire une majorité pour faire passer son ambitieux agenda législatif. Lundi 30, le président-élu a annoncé qu’il soutiendrait à nouveau Mike Johnson pour sa réélection.
Depuis, un élu républicain du Kentucky, Thomas Massie, a annoncé qu’il voterait contre Johnson 1. Avec 219 élus à la Chambre, seulement deux défections républicaines suffiraient à priver Mike Johnson d’une majorité.
- La répétition du scénario de janvier 2023, lorsque Kevin McCarthy avait eu besoin de 15 scrutins pour être élu (soit l’élection la plus longue en 164 ans), infligerait un coup politique à Trump avant même son investiture, prévue le 20 janvier.
- L’élu du Texas Chip Roy, vigoureusement opposé à Johnson notamment en matière fiscale et de politique migratoire, pourrait s’allier à Massie pour priver celui-ci du poste de speaker.
- Un tel scénario conduirait vraisemblablement à une réorganisation de la conférence républicaine de la Chambre mais est également susceptible de menacer l’investiture de Trump : la Chambre des représentants doit se doter d’un speaker pour certifier lundi 6 les résultats du collège électoral 2. Des alternatives procédurales inédites pourraient toutefois être employées pour contourner une éventuelle absence de speaker 3.
Trump revient à Washington avec un personnel relativement inexpérimenté en matière législative et doit son influence au Capitole principalement à sa qualité de faiseur de rois. Le président-élu dispose cependant de peu de marges de manœuvre pour exercer son influence auprès de membres qui n’attribuent pas leur élection à la Chambre au soutien apporté par Trump.
Sources
- Siobhan Hughes, « Thomas Massie Needs Backup to Remove Mike Johnson », The Wall Street Journal, 2 janvier 2025.
- Sarah Ferris et Alayna Treene, « Johnson allies warn that a speakership battle could delay Trump’s victory certification », CNN, 2 janvier 2025.
- Soren Dayton, « How the House can still (at least temporarily) function without a Speaker », The Hill, 29 octobre 2024.