Des troupes russes ont pénétré au cours des derniers jours dans la ville de Selydove (20 000 habitants avant la guerre), située dans l’oblast de Donetsk à une dizaine de kilomètres au sud-est de Pokrovsk. Moscou revendique contrôler au 23 octobre environ un tiers de la surface de Selydove (soit un peu moins de 4 km²) et menace d’encerclement par le sud les troupes ukrainiennes en charge de la défense de la ville.

Les forces russes mènent des attaques simultanées au nord, au sud et à l’est de la ville. 

  • Au nord, l’Ukraine semble maintenir un contrôle des quartiers les plus denses principalement composés d’immeubles d’habitation. Selon le porte-parole de la garde nationale ukrainienne, Ruslan Muzychuk, les forces russes ont jusqu’alors évité autant que possible les combats urbains1.
  • À l’est, les combattants russes remontent le long de la rivière Solona, qui coupe la ville en deux, en direction de la partie sud du centre de la ville. Les assauts russes, comme dans d’autres secteurs du front (Tchassiv Yar, Toretsk…), consistent en de petits groupes d’infanterie progressant immeuble par immeuble.
  • Au sud, l’objectif russe est de couper les deux routes permettant au ravitaillement ukrainien d’entrer dans la ville et qui fournissent également une voie de repli. Les troupes russes contrôlent vraisemblablement d’ores et déjà la route C05091 qui part en direction de Novodmytrivka2.

La progression russe se fait à un coût humain très important par rapport au faible nombre de kilomètres carrés capturés. Au cours de la journée du mardi 22 octobre seulement, la garde nationale ukrainienne aurait tué 157 combattants russes et blessé 150 — soit l’équivalent de trois companies3. Si le rythme auquel Moscou perd des combattants se maintient, le mois d’octobre deviendra le plus meurtrier pour l’armée russe depuis février 2022, dépassant ainsi la moyenne journalière de septembre (1 271 pertes).

  • Il est difficile à ce stade de voir comment l’Ukraine pourrait repousser les assauts russes : Kiev continue de souffrir d’un manque d’hommes, de matériel et de munitions tandis que l’état-major russe avance au prix de plusieurs centaines de pertes humaines par jour.
  • L’analyste du Black Bird Group John Helin estime que « les Ukrainiens pourront probablement défendre les immeubles restants pendant un certain temps, mais leur position sera extrêmement précaire »4.

L’usure des lignes de défense ukrainiennes à Selydove s’inscrit dans un contexte de recul observé depuis la fin de l’été dans l’ensemble du Donbass : dans le secteur de Koupiansk, Pokrovsk, Toretsk, Tchassiv Yar… Kiev ne semble plus parvenir à contenir les avancées russes comme elle avait pu le faire au cours du premier semestre de l’année.