Le rapport du think tank Public Citizen témoigne du poids croissant joué par l’industrie des cryptomonnaies dans la vie politique américaine ces quatre dernières années. Au cours du premier semestre 2024, les acteurs du monde de la crypto ont contribué à près de la moitié (43,5 %) du total des dons des entreprises aux plateformes de soutien aux candidats (PAC)1.

  • Depuis la décision ​​Citizens United v. Federal Election Commission rendue par la Cour suprême en 2010, les entreprises ont le droit de contribuer autant qu’elles le souhaitent aux campagnes électorales en vertu du premier amendement.
  • Contrairement à d’autres pays disposant d’un régime présidentiel — comme la France, où les dépenses maximales étaient fixées à 16,8 millions d’euros pour les candidats présents au premier tour lors de la dernière élection présidentielle et 22,5 millions pour le second —, les campagnes américaines ne sont de facto pas limitées par des plafonds de dépenses.

Ce n’est que depuis cette année que l’industrie américaine des cryptomonnaies a commencé à déverser d’importantes sommes dans les campagnes électorales : 92 % du total des contributions du secteur a eu lieu en 2024. Si la création du Bitcoin remonte à 2009, la plupart des grandes entreprises de cryptomonnaies (Coinbase, Ripple…) ont été fondées au début des années 2010.

La principale de ces plateformes financées par des acteurs de la cryptomonnaie, Fairshake PAC, a payé des campagnes de communication agressives lors de primaires en amont des élections de novembre.

  • La représentante démocrate de Californie, Katie Porter, attribue sa défaite lors de la primaire du 5 mars pour l’élection sénatoriale de l’État à la campagne de 10 millions de dollars payée par Fairshake.
  • Si Porter n’a jamais fait de déclarations publiques susceptibles d’aller à l’encontre du développement des cryptomonnaies, sa proximité avec la sénatrice anti-crypto Elizabeth Warren aurait suffit à attirer l’attention de Fairshake2.
  • Ces deux élues font partie de la quarantaine de personnalités politiques auxquelles le groupe Stand With Crypto — qui oeuvre en faveur du développement des cryptomonnaies — a attribué la note D ou F concernant leur « positionnement vis-à-vis des crypto »3.

Si Kamala Harris ne figure pas dans ce classement, Joe Biden obtient quant à lui la note de « D ». Donald Trump, absent également, affiche un soutien total en faveur du secteur, vraisemblablement plus par opportunisme que réelle conviction. En mai, le républicain affirmait que les Démocrates voulaient « mettre fin aux cryptomonnaies », avant de devenir le premier candidat à l’élection présidentielle — aux côtés de Robert F. Kennedy Jr., qui s’est désisté depuis pour soutenir Trump — à prononcer un discours lors de la conférence annuelle dédiée au Bitcoin qui s’est tenue fin juillet4.

Sources
  1. Rick Claypool, Big Crypto, Big Spending : Crypto Corporations Spend an Unprecedented $119 Million Influencing Elections, Public Citizen, 21 août 2024.
  2. Charles Duhigg, « Silicon Valley, the New Lobbying Monste », The New Yorker, 7 octobre 2024.
  3. Find out where politicians stand on crypto, Stand With Crypto.
  4. Danny Nelson, Bradley Keoun, Shaurya Malwa, Ben Schiller et Aoyon Ashraf, « Trump Backs U.S. Bitcoin Reserve and Says Democrat Win Will Be Disaster for Crypto : ‘Every One of You Will Be Gone’ », CoinDesk, 29 juillet 2024.