Comme lors de l’attaque de la nuit entre le 13 et le 14 avril, la marine américaine a participé ce 1er octobre à l’interception des missiles balistiques iraniens. Washington avait en effet positionné plus tôt dans la journée trois destroyers dans la Méditerranée orientale : l’USS Arleigh Burke, l’USS Cole et l’USS Bulkeley.
- Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a qualifié l’attaque de « totalement inacceptable » et a ajouté que « le monde entier devrait la condamner ». Plus tôt dans la journée, plusieurs responsables américains, dont le Secrétaire de la Défense Lloyd Austin, avaient prévenu que les conséquences pour l’Iran seraient particulièrement sévères en cas d’attaque.
- En utilisant une formulation particulièrement tranchée et après s’être félicité du travail de coordination entre l’armée américaine et les forces de défense israéliennes pour rendre les tirs iraniens « inefficaces », le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche Jake Sullivan a fini sa conférence de presse en déclarant : « cette attaque iranienne aura de graves conséquences et nous travaillerons avec Israël pour nous en assurer ».
- Les deux déclarations font suite à un communiqué publié immédiatement après l’attaque par le candidat républicain : « Sous la présidence Trump, nous n’avons pas eu de GUERRE au Moyen-Orient, pas de GUERRE en Europe, et l’harmonie en Asie, pas d’inflation, pas de catastrophe en Afghanistan. Au lieu de cela, nous avons eu la PAIX. Maintenant, la guerre ou la menace de la guerre fait rage partout, et les deux incompétents qui dirigent ce pays nous mènent au bord de la Troisième Guerre mondiale. Vous ne feriez pas confiance à Joe ou Kamala pour tenir un stand de limonade, et encore moins pour diriger le monde libre. »
L’embrasement régional pourrait-il nuire aux démocrates ?
Si la politique étrangère ne figure généralement pas parmi les principales préoccupations des électeurs, plusieurs facteurs pourraient toutefois influencer le vote dans un contexte d’escalade régionale.
- Depuis l’annonce, dans la matinée, de l’imminence d’une attaque iranienne, le baril de pétrole a pris plus de 5 dollars, pour atteindre 75 dollars — soit une hausse d’environ 7 %. Depuis, le prix du Brent est repassé en-dessous de la barre des 74 dollars.
- Historiquement, les pics des prix du pétrole ont joué un rôle négatif dans les campagnes présidentielles américaines : la défaite de Carter a coïncidé avec une hausse du prix du pétrole. D’autres présidents américains en exercice, tels que les présidents Ford et George H.W. Bush, ont également perdu l’élection présidentielle à la suite d’une flambée des prix.
- La situation est néanmoins inédite cette année : le président en exercice, Joe Biden, n’est pas le candidat à sa réélection. Les électeurs associent cependant Kamala Harris au bilan de l’administration démocrate à la Maison-Blanche.
Selon une étude Gallup parue au mois de mars, la proportion d’Américains qui se disent satisfaits de la place de leur pays dans le monde est à son plus bas niveau depuis 2017, avec 33 % de personnes satisfaites (contre 65 % d’insatisfaites). 37 % des Américains pensent que Biden est respecté par les autres dirigeants au niveau mondial.
- La guerre à Gaza est en effet devenue le sujet le plus médiatique de politique étrangère de la campagne, des manifestants pro-palestiniens ayant notamment occupé la convention nationale du parti démocrate à Chicago pour réclamer la fin du soutien des États-Unis à Israël.
- Plus profondément, depuis le 7 octobre, le modèle même de la doctrine Biden fondé sur la restauration de l’ordre international est mis à mal. Comme le rappelait dans nos pages John Ikenberry, à Gaza et au Proche-Orient « pour les libéraux qui ont longtemps défendu les vertus des démocraties libérales, en soulignant leur capacité non seulement à créer plus d’efficacité et de croissance économique, mais également plus de justice sociale, il s’agit d’un moment difficile. Derrière l’idée libérale, figure en effet le présupposé que ces principes permettront de bâtir un ordre mondial supérieur à l’ancien système qui a longtemps prévalu, fondé sur une vision réaliste des relations internationales et les logiques d’empire. »
- J.D. Vance devrait très probablement reprendre la rhétorique de Donald Trump au cours du débat, accusant l’administration démocrate de n’avoir rien su faire pour empêcher une « Troisième Guerre mondiale ».