L’armée ukrainienne risque-t-elle de se faire encercler autour de Pokrovsk ?

Après avoir capturé en février la ville d’Avdiivka, située à quelques kilomètres au nord de la capitale du Donbass (au prix de plusieurs milliers de vies), l’armée russe a continué à progresser vers l’ouest et le nord-ouest. Son objectif principal est désormais la capture de Pokrovsk, dixième ville de l’oblast de Donetsk avant la guerre.

• Pokrovsk constitue un nœud logistique vital pour l’approvisionnement des troupes ukrainiennes dans le reste du Donbass.
• La ville se situe à l’intersection d’importantes routes et voies ferrées sur lesquelles la circulation des trains est déjà interrompue en raison de la proximité de l’artillerie russe.

La progression de Moscou vers Pokrovsk s’est prolongée tout au long de l’été. Les forces russes se trouvent désormais à moins de 10 kilomètres de la ville, mais semblent avoir ralenti leur rythme (vraisemblablement au moins partiellement en raison des défenses ukrainiennes¹) et lancé des offensives sur les flancs de Pokrovsk. L’état-major russe pourrait chercher à menacer de prendre en tenailles des positions ukrainiennes, notamment au sud de la ville aux alentours de Selydove.

Certains officiers ukrainiens attribuent l’inévitable progression russe à l’incursion de Koursk, principalement perçue par Zelensky comme une carte politique à jouer lors d’éventuelles négociations de paix avec Moscou².

• Kiev recule depuis plusieurs mois dans l’oblast de Donetsk, et aucun élément tangible n’indique pour l’heure que l’ouverture d’un front en territoire russe ait eu une incidence significative sur les capacités défensives ukrainiennes sur le front.
• Moscou a capturé Hrodivka la semaine dernière, atteignant ainsi la troisième ligne défensive ukrainienne au sud-est de Pokrovsk.
• Ce week-end, les forces russes ont continué à progresser marginalement au nord de Novooleksandrivka ainsi qu’à l’ouest de Mykhailivka.

L’évacuation et la perspective de la chute inévitable de Pokrovsk a un impact militaire autant que symbolique. C’est notamment dans cette ville que, depuis 2014 et la guerre du Donbass, les combattants ukrainiens se retiraient lors de leurs permissions afin de retourner momentanément à la vie civile. La ville est désormais vidée aux trois-quarts de ses habitants et la distribution de gaz a été coupée suite aux bombardements russes³.