Notre série d’été « Stratégies » revient cette année. L’été dernier, nous avions redécouvert les batailles rangées des guerres symétriques, de Cannes à Bakhmout. Dans les épisodes de cette année, nous explorons les figures de la guerre irrégulière — des premiers pirates de l’Antiquité aux révolutionnaires de 1789 en passant par Bernard Fall. Pour ne rien manquer de cette série, abonnez-vous au Grand Continent
À la fin du XVIIIe siècle, les colonies européennes des Caraïbes étaient ce qui se rapprochait le plus de l’enfer sur terre. Chaque année, des navires européens y emmenaient des dizaines de milliers d’Africains pour travailler dans les plantations qui alimentaient à l’échelle mondiale une demande croissante en sucre, en café et en teintures. Les conditions étaient si brutales que l’espérance moyenne de survie des nouveaux arrivants était inférieure à dix ans. Dans de nombreuses îles, les esclaves étaient beaucoup plus nombreux que la population libre, mais les autorités coloniales appliquaient des systèmes de répression féroces, soutenus par l’armée. Les esclaves pouvaient espérer s’échapper dans les régions montagneuses. Certaines communautés de fugitifs, appelées « marrons », finissaient même par obtenir une reconnaissance limitée de la part des autorités coloniales. Mais les révoltes d’esclaves de grande ampleur semblaient vouées à l’échec, les meneurs étant sauvagement punis, comme lors de ce que l’on a appelé la « révolte de Tacky » dans les années 1760 en Jamaïque.
À Saint Domingue, une colonie française située sur l’île d’Hispaniola, un événement extraordinaire mit fin à cet ordre des choses quelque : une révolte d’esclaves qui débuta en 1791 conduisit, en moins de deux ans et demi, à l’abolition de l’esclavage dans tout l’empire français — du moins temporairement, puisque Napoléon le rétablit quelques années plus tard. Un demi-million de personnes d’origine africaine devinrent des citoyens français. Après une nouvelle décennie de conflit, Saint-Domingue gagna son indépendance de la France et prit le nom d’Haïti.
Comment expliquer le succès de cette insurrection ?
Comme pour tout événement historique d’une telle ampleur, l’issue dépend de facteurs multiples, complexes et imbriqués. Mais l’un des plus importants a été l’émergence d’un leader, Toussaint Louverture qui, grâce à ses remarquables qualités personnelles, réussit à rassembler derrière lui la majorité des esclaves, tout en séduisant et en manipulant avec habileté les principaux acteurs blancs européens et coloniaux. En 1800, doté des titres de gouverneur et de général de division, il était devenu le dirigeant incontesté d’un Saint-Domingue effectivement indépendant. Il ne survécut néanmoins pas à la tentative brutale de Bonaparte de réaffirmer son contrôle sur la colonie et mourut en captivité en France en 1803. L’invasion napoléonienne fut finalement un échec et les Haïtiens célèbrent aujourd’hui Louverture comme un père fondateur.
La chaîne d’événements qui a conduit à l’indépendance d’Haïti commence à Paris, en 1789.
Le premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen affirmant que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » n’avait pas suscité une beaucoup de réaction de la part des esclaves, qui l’ignoraient largement. Mais elle avait incité les personnes libres de couleur — dont beaucoup étaient riches, éduquées en France et elles-mêmes propriétaires d’esclaves — à protester contre la discrimination juridique que le régime colonial leur avait imposée. La Révolution avait également eu, au départ, de fortes impulsions décentralisatrices, conduisant à la création d’une Assemblée coloniale à Saint-Domingue qui exposa et exacerba d’un même mouvement les divisions entre les riches propriétaires de plantations et les « petits Blancs » qui constituaient la majorité de la population blanche. Au milieu de l’année 1791, les différents conflits qui en résultèrent avaient déjà donné lieu à d’importantes effusions de sang.
Dans ces conditions instables, les esclaves de la riche plaine septentrionale de Saint-Domingue, utilisant des réseaux clandestins forgés au cours des décennies précédentes et s’appuyant sur l’expérience militaire que nombre d’entre eux avaient acquise en Afrique, fomentèrent une révolte. Elle débuta le 21 août et les nuits qui suivirent par des attaques coordonnées contre des plantations, le meurtre de maîtres blancs, d’agents et de membres de leur famille, et la destruction de bâtiments et d’équipements. Elle s’étendit rapidement à une grande partie de la colonie. Les rebelles ne réussirent pas à s’emparer des grandes villes, mais les autorités n’avaient pas non plus les moyens de les vaincre. Au départ, les leaders ne réclamaient même pas la fin de l’esclavage, mais plutôt la liberté pour eux-mêmes et leurs familles, ainsi que de meilleures conditions de travail pour le reste des esclaves.
Dans les premiers temps de la révolte, Toussaint Louverture n’était pas un leader important. Né esclave au début des années 1740, il obtint sa liberté au début des années 1770 et tenta de s’établir comme planteur de café, avec une main-d’œuvre réduite en esclavage. L’entreprise ayant échoué, il retourna sur son lieu de naissance, la plantation de Breda, pour y travailler comme cocher et dresseur de chevaux. Il parlait couramment le français et le créole, et les agents de la plantation le considéraient comme un serviteur talentueux et fiable. S’il a immédiatement participé à la révolte, il paraît être resté dans l’ombre.
Avec l’arrivée de renforts en provenance de France en 1792, l’avantage militaire tourna en faveur des autorités coloniales. Mais les événements en métropole les fragilisent à nouveau. L’accélération du processus révolutionnaire et la chute de la monarchie divisèrent les Blancs. Après le procès et l’exécution de Louis XVI au début de l’année 1793, la Grande-Bretagne et l’Espagne se joignirent à la guerre européenne contre la France, ce qui signifiait que Saint-Domingue devait désormais faire face à la menace militaire de la Jamaïque britannique voisine et de la colonie espagnole de Saint-Domingue qui se trouve aussi sur l’île d’Hispaniola. Les Espagnols promirent la liberté et des terres à tous les rebelles qui les rejoignirent — une offre que plusieurs chefs, dont Louverture, acceptèrent. Au cours de l’été 1793, il accepta une commission dans l’armée espagnole et confirma, lors de combats contre les Français, sa réputation de commandant talentueux sur le champ de bataille.
Mais les événements se succédèrent à une vitesse vertigineuse.
En juin, des colons français contre-révolutionnaires soutenus par la Grande-Bretagne tentèrent de s’emparer de la principale ville de la colonie, Cap Français. En réponse, le commissaire français désespéré Léger-Félicité Sonthonax, lui-même abolitionniste et marié à une femme de couleur, promit la liberté à tous les rebelles noirs qui lui viendraient en aide. Bien que la ville ait été réduite en cendres lors des combats qui suivirent, la manœuvre réussit. Quelques mois plus tard, Sonthonax et son collègue commissaire Étienne Polverel déclarèrent l’abolition pure et simple de l’esclavage dans la colonie. Le 4 février 1794, à Paris, la Convention ne se contenta pas d’entériner leur décision : en étendant l’abolition à l’ensemble de l’empire français d’outre-mer, elle fut la première puissance européenne à mettre un terme à l’institution de l’esclavage.
Au cours de cette période, Louverture s’était imposé comme le chef noir le plus important. Il sut animer les combattants rebelles par son courage personnel, sa fermeté, son dévouement et ses succès tactiques — c’est à ce moment-là qu’il adopte le nom de Louverture, probablement lié à sa capacité étonnante à créer des ouvertures dans les lignes ennemies. Alors que Sonthonax décrétait l’abolition, Louverture publia sa propre proclamation, soulignant que la liberté n’est pas un don des Français.
Dans le même temps, il fit preuve d’une grande habileté dans ses relations avec les Blancs dont le soutien était encore nécessaire aux rebelles. Il s’était toujours montré clément avec les Blancs capturés et respecta scrupuleusement les accords conclus avec ses adversaires. Après le décret d’abolition, il ne fit pas immédiatement passer les rebelles du côté des Français mais prit son temps, négociant soigneusement et, par sa correspondance, établissant une relation personnelle avec le nouveau gouverneur français et général en chef de la colonie : Étienne Maynaud de Bizefranc de Laveaux, un noble bourguignon devenu révolutionnaire. À cette époque, Louverture avait appris à lire et à écrire en français et travaillait en étroite collaboration avec des secrétaires français pour rédiger des lettres éloquentes et persuasives.
En mai 1794, il passa officiellement du côté français, renforçant son autorité sur les forces insurrectionnelles. En effet, ses derniers rivaux étaient restés fidèles à l’Espagne et avaient perdu le soutien de leurs troupes — au cours des deux années suivantes, il se bat avec Laveaux contre les Britanniques, les Espagnols et les contre-révolutionnaires français. Il assura aux propriétaires de plantations blanches que, même s’ils devaient désormais employer une main-d’œuvre autrefois gratuite, il travaillerait avec eux pour restaurer la prospérité de la colonie, et non pour les exproprier. En 1796, un détachement rival de soldats noirs fit brièvement prisonnier Laveaux. Louverture le sauva et, en retour, Laveaux le nomma lieutenant-gouverneur et général de division, les plus hauts grades civils et militaires jamais atteints par une personne d’origine africaine dans l’histoire des Amériques. À cette occasion, il salua l’ancien esclave comme « un Spartacus noir, le nègre prédit par Raynal, pour venger les outrages faits à sa race ».
La correspondance de Louverture avec Laveaux donne une idée de son talent politique et de son charisme personnel. Il flatte le jeune homme, fait mine de s’en remettre à lui et déploie avec art le langage sentimental en vogue à l’époque. « Mon cœur a été si plein et l’est encore », écrit-il à une occasion, « que je ne puis la fixer ni penser à vous sans verser des larmes de tendresse. Il existe sans doute des amitiés pures, mais je ne puis me persuader qu’il y en ait qui surpasse celle que j’ai pour vous, ni de plus sincère. Oui, général, Toussaint est votre fils. Il vous chérit, votre tombeau sera le sien ». En 1796, Louverture persuade Laveaux de revenir en France en tant que député de Saint-Domingue, une mesure qui permet au chef rebelle d’avoir un allié à Paris, mais aussi d’écarter un rival potentiel. En France, Laveaux défend vigoureusement Louverture comme « un homme doué de tous les talents militaires […] un républicain plein de sentiments d’humanité ». Bref, « citer tous les traits remarquables, ce serait vouloir ne pas finir ».
Laveaux n’est pas le seul fonctionnaire français que Louverture a rallié à sa cause. L’un après l’autre, dans leurs rapports à Paris, tous louent son intelligence, son courage, ses talents militaires et sa capacité à susciter une intense admiration de la part des anciens esclaves. Le Caribéen Philippe-Rose Roume de Saint-Laurent, qui fut brièvement le principal agent français dans la colonie, écrivait en 1799 : « Quelque haute opinion que j’eusse formée de son cœur et de son esprit, j’étais encore bien loin de la réalité. C’est un philosophe, un législateur, un général et un bon citoyen. Le mérite de Toussaint Louverture est […]. transcendant ». Ces rapports ne sont pas exempts de racisme : ils ont tendance à associer l’éloge de l’« exceptionnel » Louverture au mépris des autres Noirs. Ils joueront néanmoins en sa faveur.
Bien qu’il n’ait jamais visité l’hexagone, Louverture s’est montré capable d’y défendre efficacement sa position. En 1797, alors que les conservateurs menacent de prendre le contrôle du gouvernement du Directoire, les planteurs blancs affirment que des Noirs violents et ignorants ont détruit la colonie autrefois florissante et réclament le rétablissement complet du pouvoir blanc. Oui, répond Louverture dans un brillant pamphlet, les Noirs étaient ignorants, mais « doit-on leur imputer au crime ce défaut d’éducation, ou bien en accuser ceux qui, sous les peines les plus atroces, les empêchaient de l’obtenir ? » Quant à la violence, comment les anciens esclaves pourraient-ils être comparés à la France qui a « produit des Marat, des Robespierre […] les scènes sanglantes de la Vendée, les massacres du 2 septembre, l’égorgement d’une grande partie de la Convention nationale » ? À la suite de cet échange, le gouvernement français renonce à prendre des mesures contre Louverture et confirme les articles de la Constitution de 1795 qui font des colonies d’outre-mer des parties intégrantes de la République française, et de leurs habitants des citoyens français libres.
Au cours de ces années, la réputation de Louverture s’étend bien au-delà de Saint-Domingue. Les journaux néo-jacobins de France le louent et reproduisent ses discours, tout comme de nombreux journaux sympathisants en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Un article en anglais, paru dans au moins huit journaux différents, des deux côtés de l’Atlantique, déclare : « TOUSSAINT est un nègre ; mais, d’après ce que l’on dit, c’est un nègre né pour défendre les droits de son espèce et pour montrer que le caractère de l’homme est indépendant de sa couleur extérieure ».
C’est en raison de cette réputation que les autorités françaises n’envisagent même pas d’essayer de limiter ses marges de manœuvres. Craignant l’exemple que Saint-Domingue pourrait donner à leurs propres populations asservies, les propriétaires d’esclaves américains diabolisèrent Louverture en le qualifiant de « monstre » et dépeignirent la colonie comme un abattoir où des « cannibales » — selon la description de Thomas Jefferson — tuaient de façon horrible d’innocents Blancs. Mais la France et les États-Unis étant désormais engagés dans la « quasi-guerre », ces discours n’eurent aucun effet sur la position et le prestige de Toussaint Louverture.
Comme la plupart des hommes politiques qui réussissent, Louverture sait aussi se montrer impitoyable. En 1797, alors que le commissaire révolutionnaire Sonthonax tente une dernière fois d’asseoir son autorité sur le général noir, Louverture le fait embarquer de force sur un navire et le renvoie en France. Il écrit un pamphlet accusant Sonthonax de comploter pour déclarer l’indépendance de la colonie et y inclut même un long dialogue, prétendument réel, entre les deux hommes, dans lequel Sonthonax exhorte Louverture à rejoindre le complot tandis que ce dernier proteste vertueusement de son dévouement à la République française. Les agents français suivants furent tout aussi rapidement marginalisés : en 1799, Louverture avait officiellement accédé au poste de gouverneur et exerçait un pouvoir quasi absolu à Saint-Domingue.
Toussaint Louverture n’était ni démocrate, ni égalitaire. Il déclara explicitement que la colonie avait besoin d’un chef unique, et lorsque des alliés mirent en question son pouvoir, il les élimina par la force, notamment lors d’une guerre civile brutale menée contre d’anciens libres de couleur en 1799-1800. Alors que la plupart des anciens esclaves n’avaient guère envie de retourner dans les plantations où ils avaient souffert et rêvaient de créer des exploitations familiales, Louverture travailla avec les propriétaires survivants pour restaurer le système des plantations, établissant ce qui s’apparente à une forme de servage — les travailleurs étant légalement tenus de retourner à la production de sucre, de café et de teintures. On peut rétorquer que, sans les plantations, la colonie n’aurait pas eu les moyens de se défendre ou de se nourrir, mais Louverture et ses principaux lieutenants s’approprièrent aussi certaines des plantations les plus riches. Ce tour pris par les événements, combiné à l’embargo effectif imposé à Haïti après son indépendance et à l’indemnité massive exigée par la France en échange de la reconnaissance diplomatique en 1825, jetèrent les bases de la tragédie haïtienne qui continue de se dérouler aujourd’hui.
Comme Napoléon Bonaparte à la même époque, Louverture se comporte de plus en plus comme un proconsul quasi-indépendant, menant des politiques en contradiction avec celles que la République française prétendait défendre. En 1798, il signe des accords secrets avec le général britannique Thomas Maitland, mettant fin au conflit franco-britannique dans sa région des Caraïbes et assurant le départ des dernières troupes britanniques de la colonie. Après avoir aidé à envoyer un marchand juif en Jamaïque pour y déclencher une rébellion d’esclaves, Louverture le trahit sans état d’âme, ce qui permet aux Britanniques de l’arrêter et de l’exécuter. En pleine quasi-guerre avec les États-Unis, Louverture passe aussi un accord avec les Américains.
En 1800, cette combinaison inimitable d’habileté politique, de charisme et d’inflexibilité avait fait de Louverture le maître d’une colonie qui était pour ainsi dire indépendante de la France, et où des centaines de milliers de Noirs libérés de l’esclavage jouissaient, au moins formellement, du statut de citoyens français libres. En ce sens, l’insurrection de 1791 s’était conclue par une victoire totale des rebelles. Le leadership charismatique de Louverture n’était pas la seule raison de cette victoire, mais c’était certainement l’une des plus importantes.
La chute de Louverture commence, comme l’insurrection qu’il a menée, par des événements survenus en métropole.
Fin 1799, Napoléon Bonaparte renverse le gouvernement du Directoire. La nouvelle constitution française, publiée au début de l’année 1800, révoque le statut des colonies en tant que parties intégrantes de la République et déclare qu’elles seront désormais régies par des « lois spéciales ». Dans l’espoir d’écarter cette menace pour son autorité, Louverture publie rapidement une constitution pour Saint-Domingue, qui entérine son propre statut de gouverneur à vie jouissant de pouvoirs illimités dans les faits. Contre l’avis angoissé de ses alliés français, il la fit imprimer et l’envoya à Paris comme un fait accompli. Ce fut une erreur.
Bonaparte, raciste endurci, se déchaîna contre Louverture et les autres « nègres dorés » et jura de rétablir le contrôle français sur la colonie, qu’il considèrait comme la clef de voûte d’un nouvel empire atlantique franco-américain. En 1802, lorsque la brève paix d’Amiens avec la Grande-Bretagne rouvre l’Atlantique à la marine française, il envoie une expédition massive à Saint-Domingue — trois fois plus importante que celle envoyée pour aider les États-Unis en 1778. C’est également à ce moment qu’il commence à envisager de rétablir l’esclavage, ce qu’il finit par faire à la Guadeloupe. L’expédition débarque au début de l’année 1802. Louverture, reconnaissant l’écrasante supériorité des troupes adverses, ne résiste pas — et plusieurs de ses généraux changent de camp.
Arrêté par les forces françaises en juin, il est envoyé en France où il meurt moins d’un an plus tard, dans une misérable prison du Jura.
Mais alors qu’il devenait évident que les Français avaient l’intention de rétablir l’esclavage et que leurs troupes était décimées par la fièvre jaune, il se forma un immense mouvement de résistance. En réaction, l’armée et les colons blancs déchaînèrent une violence inédite dans l’histoire de Saint-Domingue : une guerre raciale sans merci dans laquelle les Français se livrèrent à des massacres aveugles. La fin de la paix d’Amiens coupa les vivres de l’expédition qui se retira à la fin de l’année 1803, permettant au successeur de Louverture, Jean-Jacques Dessalines, de déclarer l’indépendance d’Haïti.
Louverture ne souscrivit jamais à cette évolution, du moins pas ouvertement. Dans tous ses écrits, y compris dans les déclarations plaintives qu’il envoya à Bonaparte depuis sa prison, il protesta toujours de son attachement à la République française. Pourtant, c’est son style de commandement qui mit Haïti sur la voie de l’indépendance, donnant une conclusion inédite à la plus grande révolte d’esclaves de l’histoire de l’humanité.