Les Jeux Olympiques de Paris 2024 sont actuellement dans leur deuxième semaine d’épreuves. S’il reste 12 jours de compétition, les États-Unis sont pour le moment 7ème au classement général (au mercredi 31 juillet à 14h), avec seulement 4 médailles d’or contre 8 pour la Chine.

Aux yeux de la majeure partie des Américains, les États-Unis sont pourtant les premiers.

  • Contrairement au reste du monde, les principaux médias américains (New York Times, Washington Post, USA Today, NBC News…) classent les pays en fonction du total de médailles remportées par délégation1.
  • Bien que le Comité international olympique (CIO) ne reconnaisse aucune forme officielle de classement — et alimente un tableau de médailles à but strictement informatif —, il est néanmoins d’usage de classer les pays en fonction du nombre de médailles d’or.
  • Si deux pays ont le même nombre de médailles d’or, le classement se fait selon les médailles d’argent, puis de bronze2. Si à ce stade deux pays ont toujours le même nombre de médailles, on a pour coutume de leur donner le même classement.

Les États-Unis ont employé cette méthode de classification des pays en fonction du total de médailles depuis les premiers Jeux modernes. Cette pratique a continué après 1992, lorsque le CIO a tenu pour la première fois ses propres tableaux de médailles, classés selon le nombre de médailles d’or. L’agence de presse américaine Associated Press utilise ainsi la méthode du total pour son propre classement, mais fournit un classement organisé en fonction du nombre de médailles d’or pour ses clients étrangers3.

  • La méthode employée par les médias américains vise à récompenser les performances, et non simplement les vainqueurs.
  • Pourtant, comme la plupart des pays, le Comité olympique et paralympique des États-Unis offre un bonus à ses athlètes en fonction du métal de la médaille obtenue lors des Jeux.
  • À Tokyo, en 2021, les athlètes américains ayant remporté des médailles d’or avaient perçu une récompense de 37 500 $, contre 22 500 $ pour une médaille d’argent et 15 000 $ pour une médaille de bronze4.

On peut supposer que les médias américains préfèrent montrer les États-Unis en haut du classement peu importe la logique ou la cohérence de la méthode. Le fossé qui sépare les classements selon la méthode employée est pourtant d’autant plus visible lors des Jeux de Paris 2024 que l’équipe américaine, et notamment ses nageurs, performe pour le moment moins bien qu’anticipé5. Pour le Wall Street Journal, la profondeur des piscines françaises pourrait en être la cause6.

Sources
  1. À l’exception notoire du Wall Street Journal.
  2. Veerle De Bosscher, Bruno Heyndels, Paul De Knop, Maarten van Bott, De Bosscher, V., Heyndels, B., De Knop, P., Van Bottenburg, M., & Shibli, S. (2008), « The paradox of measuring success of nations in elite sport », Belgeo. Revue belge de géographie, (2), 217-234.
  3. Ian Johnson, « Who’s on First in Medals Race ? », The Wall Street Journal, 13 août 2008.
  4. Sam Brief, « World Athletics to pay gold medalists at Paris Olympics », NBC, 12 avril 2024.
  5. Beau Dure, « USA v China : who will win the battle to top the Paris 2024 Olympics medal table ? », The Guardian, 22 juillet 2024.
  6. Jared Diamond et Laine Higgins, « Higher, Stronger…Slower ? Why the Paris Olympic Pool Has a Problem », The Wall Street Journal, 29 juillet 2024.