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Jenny Raflik, La République moderne. La IVe République (1946-1958), Seuil, Points, 2018

« Condamnée par la lecture gaulliste de l’histoire comme le « régime des partis », parfois devenue ensuite une sorte de modèle dont il fallait honorer la mémoire afin de mieux se démarquer de l’ombre du Général, la IVe République demeure la « mal aimée » des Français.

Fondée en partie sur l’ouverture progressive des archives et la multiplication des témoignages, cette étude se nourrit d’une approche à la fois compréhensive et connectée. Compréhensive car elle donne la parole aux acteurs. Connectée car elle met en relation des thématiques souvent séparées : dimensions internationale et nationale, réformes de structure et vie quotidienne, grands destins et vie des Français « ordinaires ».

Jenny Raflik propose ainsi une lecture profondément renouvelée de ces années où s’invente la modernité. »

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Georgette Elgey, Histoire de la IVe République, Bouquins, 2 volumes, 2018 (édition originale : 1965-1997)

« Cette somme d’une ampleur sans équivalent pour la connaissance d’une période clef de notre histoire nationale est le fruit d’une enquête de près d’un demi-siècle. Georgette Elgey a eu accès à des documents d’archives exceptionnels, qu’elle n’a cessé d’explorer, et bénéficié des témoignages des principaux acteurs politiques. Son ouvrage mêle superbement analyse et récit, entraînant le lecteur dans les coulisses du pouvoir, au plus près des événements et des hommes qui les ont initiés et parfois subis.

Le premier volume couvre la période allant de la Libération et du premier gouvernement de Gaulle à ceux de Pierre Mendès France puis de Guy Mollet. Époque invraisemblable où les drames, les intrigues se succèdent. Des scandales politico-policiers éclaboussent les dignitaires du régime : l’affaire des vins met en cause un chef d’État, l’affaire des généraux incrimine le chef d’État-major général des armées. La France vit à l’heure de la fracture du monde en deux blocs. C’est le temps du rideau de fer entre Moscou et Washington, de la guerre froide qui menace de dégénérer en troisième conflit mondial. Le pays connaît en 1947 et 1948 des grèves d’une violence aujourd’hui inimaginable. Malgré les crises mondiales et l’instabilité ministérielle, la IVe République accomplit cependant une œuvre considérable. La France se modernise, elle jette les bases de la construction européenne, une initiative française. Mais le régime doit affronter le problème de la décolonisation en Indochine et en Afrique du Nord, qui précipitera sa chute. »

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Herrick Chapman, France’s Long Reconstruction : In Search of the Modern Republic, Harvard University Press, 2018

« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le plus grand défi de la France était de réparer une société civile déchirée par l’occupation nazie et la guerre totale. Le redressement passe par une transformation économique et sociale complète de la nation. Mais la forme que devait prendre cette « nouvelle France » est restée la question brûlante au cœur du combat politique français jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, plus d’une décennie plus tard. Herrick Chapman retrace le cours de la longue reconstruction de la France de 1944 à 1962, offrant un nouvel éclairage sur la manière dont l’expansion du pouvoir de l’État, censée être le fer de lance du redressement, a engendré de vives controverses à l’intérieur du pays et des conséquences inattendues à l’étranger et dans l’empire français en ruine.

Soutenu après la Libération par une nouvelle élite d’experts technocrates, l’État français en plein essor s’est infiltré dans des domaines de la vie économique et sociale traditionnellement exempts d’intervention gouvernementale. Les hommes politiques et les intellectuels se sont efforcés de concilier la modernisation dirigée par l’État avec la nécessité de renouveler la participation démocratique et de renforcer la société civile après des années passées sous le joug des nazis et de Vichy. Mais plutôt que de résoudre les tensions, le conflit entre les technocrates du sommet et les démocrates de la base s’est institutionnalisé comme une manière de formuler les problèmes auxquels était confrontée la Ve République de Charles de Gaulle. »

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Serge Berstein et Pierre Milza (dir.), L’année 1947, Presses de Sciences-Po, 1999

« L’année 1947 représente, dans l’histoire française, un moment privilégié permettant d’observer l’intersection de deux mouvements évolutifs.

Les blocages économiques, la rupture des alliances de guerre, les craquements dans l’empire colonial annoncent la fin d’un monde, celui de la Troisième République ; tandis que les nationalisations, la planification indicative, le primat des ingénieurs annoncent apparemment un renouveau et une modernisation de la France.

Mais ceux-ci se situent dans le contexte de la guerre froide qui aiguise la volonté de la France de maintenir une identité nationale menacée par un affrontement qui la dépasse. »

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Romain Souillac, Le mouvement Poujade. De la défense professionnelle au populisme nationaliste (1953-1962), Presses de Sciences Po, 2007

« L’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) naît dans le département du Lot en 1953 avant d’étendre son organisation à l’ensemble de la France. D’abord antifiscale, l’action du mouvement Poujade évolue rapidement, pour revêtir un caractère politique à partir du mois de mars 1955, quand sont créées des unions parallèles visant à rassembler toutes les catégories sociales, dans la perspective d’une transformation institutionnelle majeure. Cinquante-deux députés poujadistes entrent au Palais-Bourbon lors des élections législatives du 2 janvier 1956.

L’histoire du poujadisme – de sa naissance en 1953 à sa transformation sous la Cinquième République en un groupuscule luttant par des voies légales en faveur de l’Algérie française, jusqu’à sa complète marginalisation au temps de l’OAS – est l’occasion de mettre à jour certains mécanismes du fonctionnement de l’appareil d’État de 1953 à 1962. Elle permet de donner des éclairages nouveaux sur la crise politique qui met fin à la Quatrième République, sur la guerre d’Algérie et sur l’antigaullisme de droite au début de la Cinquième République. »

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Yves Benot, Massacres coloniaux (1944-1950). La IVe République et la mise au pas des colonies françaises, La Découverte, 1994

« Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de Sétif (mai-juin 1945) à Madagascar (1947), d’Haiphong (1946) à la Côte-d’Ivoire (1949-1950) et à Casablanca (1947), l’armée française a massacré des dizaines de milliers d’hommes et de femmes dont le seul tort était de revendiquer pour plus de libertés ou pour l’indépendance. Ce sont ces pages sanglantes de l’histoire de France, méconnues, voire effacées, qu’Yves Benot retrace dans ce livre.

Mobilisant l’ensemble des documents disponibles, il montre comment et pourquoi les gouvernements de la IVe République, bien peu soucieux du respect de la légalité républicaine, ont choisi la voie de la répression sauvage pour préserver la cohésion de l’Empire français. Il analyse aussi les débats auxquels cette politique a donné lieu en France marqués par l’opposition de certains intellectuels comme Jean-Paul Sartre ou Paul Ricoeur. »

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Éric Roussel, Pierre Mendès-France, Gallimard, 2007

« Pierre Mendès France (1907-1982) est, avec le général de Gaulle, le seul grand acteur de la vie publique qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, a suscité un mythe. Sa trace dans l’Histoire ne se limite pas à son bref passage au pouvoir de juin 1954 à février 1955, sept mois et dix-sept jours marqués par le règlement de la guerre d’Indochine et le début du processus d’indépendance de la Tunisie. Le rayonnement et l’influence de cet homme de gauche réaliste se sont exercés bien au-delà de sa famille politique d’origine. Pour plusieurs générations de hauts fonctionnaires, de cadres dirigeants, d’intellectuels et de citoyens anonymes, Mendès France a été une référence morale. Si de Gaulle avait une certaine idée de la France, lui incarnait une certaine idée de la République, avec pour principes le souci du bien commun, le respect de l’adversaire, la volonté de dire toujours la vérité.

S’écartant d’une légende simplificatrice, Éric Roussel est parti à la recherche de cet homme courageux, complexe, attachant, quelquefois paradoxal. De ses débuts de jeune élu radical en Normandie à ses relations passionnelles avec de Gaulle et compliquées avec François Mitterrand, maints épisodes que l’on croyait connus apparaissent sous un jour nouveau, tandis que se révèle un être sensible, très marqué par le procès inique que lui intenta le régime de Vichy, et plus d’une fois en proie au doute. Fondé sur une vaste enquête dans les archives françaises et étrangères, les témoignages de proches de Mendès France et ses écrits inédits les plus intimes, ce livre éclaire un destin d’exception profondément ancré dans la mémoire nationale. »

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Céline Pessis, Sezin Topçu et Christophe Bonneuil (dir.), Une autre histoire des « Trente Glorieuses ». Modernisation, contestations et pollutions dans la France d’après-guerre, La Découverte, 2013

« Comme était doux le temps des « Trente Glorieuses » ! La démocratisation de la voiture et de la viande ! L’électroménager libérant la femme ! La mécanisation agricole éradiquant la famine ! La Troisième Guerre mondiale évitée et la grandeur nationale restaurée grâce à la dissuasion nucléaire ! Etc. Telle est aujourd’hui la vision dominante de cette période d' » expansion « , objet d’une profonde nostalgie passéiste… au risque de l’aveuglement sur les racines de la crise contemporaine.

À rebours d’une histoire consensuelle de la modernisation, cet ouvrage dévoile l’autre face, noire, du rouleau compresseur de la « modernité » et du « progrès », qui tout à la fois créa et rendit invisibles ses victimes : les irradié.e.s des essais nucléaires en Algérie et en Polynésie, les ouvrier.ère.s de l’amiante ou des mines d’uranium contaminé.e.s, les rivières irrémédiablement polluées, les cerveaux colonisés par les mots d’ordre de la « croissance » et de la publicité…

Les conséquences sociales et environnementales des prétendues « Trente Glorieuses », de leur mythologie savamment construite par les « modernisateurs » eux-mêmes, de leurs choix technico-économiques et de leurs modes de vie, se révèlent aujourd’hui très lourdes. Il nous faut donc réévaluer la période et faire resurgir la voix des vaincu.e.s et des critiques du « progrès » (de l’atome, des pollutions, du productivisme et du consumérisme) antérieures à 1968. L’enjeu est non seulement de démonter les stratégies qui permirent alors de les contourner, mais aussi de les réinscrire dans les combats politiques et écologiques contemporains. »

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Éric Duhamel, L’UDSR ou la genèse de François Mitterrand, CNRS Éditions, 2007

« 1945. Jacques Baumel, René Capitant, Eugène Claudius-Petit, Michel Debré, Léo Ramon, André Malraux, René Pleven, Jacques Soustelle, Robert Verdier, puis François Mitterrand… L’Union Démocratique et Socialiste de la Résistance est le seul parti politique à être exclusivement issu de la Résistance. 

L’Union répond au projet politique de créer une vaste formation travailliste. Présidée dans un premier temps par René Pleven, puis par François Mitterrand, elle joue le rôle de parti charnière de la Quatrième République en monnayant cher ses quelques voix. 1981. Au moment où François Mitterrand accède à la magistrature suprême, Claudius-Petit souligne ironiquement que l’UDSR est enfin arrivée au pouvoir… Ses fidèles parmi les fidèles jouent encore dans l’appareil d’État ou dans ses marges un rôle non négligeable. »

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Michel Winock, L’agonie de la IVe République, Gallimard, 2008

« La tragédie algérienne a été la malédiction de la IVe République. C’est à Alger, le 13 mai 1958, que s’enclenche l’engrenage qui finira par emporter ce régime issu d’une guerre et défait par une autre. Son agonie n’aura duré que trois semaines.

Ce livre met au jour les protagonistes, les paroles, les arrière-pensées, les enjeux, les intrigues, les flottements, les audaces et les lâchetés qui rythment l’embrasement de ces quelques semaines haletantes. Il retrace la chaîne des événements et des affrontements, qui s’étend de l’insurrection d’Alger au retour du général de Gaulle au pouvoir. Il sonde, ce faisant, la profondeur des dissensions qui déchirent les Français jusqu’à menacer le tissu national.

Michel Winock s’interroge sur l’incurable vulnérabilité d’une République, créatrice pourtant, en maints domaines, d’un véritable « miracle français ». Ce n’est pas seulement à l’épreuve du conflit algérien que se meurt la IVe, c’est aussi en raison des tares intrinsèques d’un système politique réduit à l’impuissance et, par là même, discrédité.

Les faiblesses de ce régime, honni par l’élite militaire, entraînent l’intervention de l’armée dans la vie politique, pour la première fois depuis plus d’un siècle : c’est sous la menace des armes que se décidera l’issue de la crise, par le recours, une fois encore, à un homme providentiel. »

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Jenny Raflik-Grenouilleau, La Quatrième République et l’Alliance atlantique Influence et dépendance, 1945-1958, PUR, 2013

« En raison de son engagement dans l’Alliance atlantique, la Quatrième République a souvent été présentée comme un régime faible, contrastant en cela avec la France du général de Gaulle.

Cet ouvrage propose une approche plus « compréhensive » en regardant de façon précise les processus de décision alors que la politique atlantique française est menée par des experts et des hauts fonctionnaires.

Leur quête d’influence, dans un contexte où tout semble conduire la France à la dépendance, ne fut peut-être pas l’échec que l’on imagine trop souvent. »

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Philip Nord, France’s New Deal : From the Thirties to the Postwar Era, Princeton University Press, 2012

« France’s New Deal pose un regard approfondi sur la refonte de l’État français après la Seconde Guerre mondiale, une époque où la nation a été dotée de toutes nouvelles institutions pour gérer son économie et sa culture.

Pourtant, comme le révèle Philip Nord, l’important processus de reconstruction de l’État n’a pas commencé à la Libération. Il a plutôt commencé durant les dernières années de la Troisième République et sous le régime de Vichy. En suivant l’évolution de la nation depuis les années 1930 jusqu’à l’après-guerre, Philip Nord décrit la façon dont une variété d’acteurs politiques — socialistes, démocrates-chrétiens, technocrates et gaullistes — ont joué un rôle dans la construction de la France moderne. »

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Michael Creswell, A Question of Balance : How France and the United States Created Cold War Europe, Harvard University Press, 2006

« Remettant en cause les interprétations habituelles de la domination américaine et de la faiblesse française dans l’Europe occidentale d’après-guerre, Michael Creswell affirme que la France a joué un rôle clé dans l’élaboration de la guerre froide. Au cours de la décennie d’après-guerre, l’objectif principal du gouvernement américain était de réarmer la République fédérale d’Allemagne dans le cadre d’une force de défense européenne, la Communauté européenne de défense. Les responsables américains et français divergent cependant sur la composition de la CED et sur les règles régissant son organisation et son utilisation.

Bien que les pressions américaines aient joué un rôle, des facteurs plus décisifs — à la fois dans la politique intérieure française et dans les préoccupations internationales de la France — ont finalement conduit la France à approuver le plan de réarmement de l’Allemagne de l’Ouest. Michael Creswell décrit le défi que la France a lancé avec succès aux États-Unis, en retraçant le débat sincère, parfois houleux, entre les deux nations, qui a finalement abouti à des accords de sécurité préférés par les Français, mais acceptables pour les Américains. »

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Aaron Clift, Anticommunism in French Society and Politics, 1945-1953, Oxford University Press, 2023

« Anticommunism in French Society and Politics évalue la prévalence de l’anticommunisme au sein de la population française entre 1945 et 1953, et examine ses causes, son caractère et ses conséquences à travers une série d’études de cas portant sur différents segments de la société française. Ces études portent notamment sur le mouvement scout, les organisations familiales, les associations agricoles, les groupes de la classe moyenne, les syndicats et autres organisations de la classe ouvrière. Aaron Clift soutient que l’anticommunisme était plus répandu et plus profondément enraciné qu’on ne le pensait, et qu’il a eu un impact substantiel sur la politique nationale et sur ces groupes et organisations sociales. En outre, il affirme que l’étude de l’anticommunisme nous permet de mieux comprendre les valeurs qu’ils considéraient comme les plus importantes à défendre.

Bien que l’anticommunisme ait été un phénomène diversifié, cet ouvrage identifie des discours communs, notamment la représentation du communisme comme une menace pour la nation, l’empire colonial, la famille traditionnelle, la propriété privée, la religion, le monde rural et la civilisation occidentale. Il met également en évidence les objectifs (tels que la réhabilitation des collaborateurs de guerre) et les tactiques (telles que l’invocation de l’apolitisme) communs. Tout en reconnaissant l’importance de la guerre froide, il rejette l’hypothèse selon laquelle l’anticommunisme serait une importation américaine ou serait étranger à la société française. Il conclut que l’anticommunisme a tiré sa force du lien, voire de l’amalgame, entre le communisme et l’antiaméricanisme. »

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes sont les quatrième de couverture disponibles sur les sites des éditeurs.