Après être arrivé en tête au premier tour et face à une tripartition, le Rassemblement National avait un objectif : neutraliser la formation d’un front républicain.

  • En évoquant la nécessité de voter pour « l’ordre républicain », il s’agissait de chercher à rallier une partie du centre et de la gauche, en installant une logique de barrage contre la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon.
  • Jordan Bardella et la communication du Rassemblement National ont cherché à imprimer un clivage : « face au chaos [de l’extrême gauche], votez pour l’ordre républicain : votez RN ! ».

On peut considérer que cette stratégie a, du moins jusqu’à présent, échoué. 

  • On décompte en tout 220 désistements de candidats de la gauche, du centre et de droite (LR et DVD). Bien que la participation soit un facteur déterminant, leur discipline électorale en fonction anti RN paraît avoir réactivé le front républicain.
  • De l’autre côté, on observe un effet – très marginal – sur les désistements au sein du parti de Marine Le Pen. Trois candidats du RN se sont eux aussi désistés depuis lundi — contre les directives données par la direction du parti – pour faire « barrage contre l’extrême-gauche ».

Mis à part la candidate RN dans la 1ère circonscription du Calvados, Ludivine Daoudi, qui a retiré mardi 2 juillet sa candidature suite à la publication d’une photo la montrant porter une casquette militaire allemande estampillée d’une croix gammée, 3 candidats RN et alliés qualifiés pour le second tour ont annoncé leur désistement afin de faire « barrage contre l’extrême-gauche »1.

  • Dans la 11ème circonscription des Yvelines, la candidate RN Victoria Doucet, arrivée troisième au premier tour (21,79 %) s’est désistée afin de favoriser l’élection du candidat de l’UDI Laurent Mazaury contre le candidat LFI William Martinet (arrivé en tête du premier tour avec 43,38 % des voix).
  • Dans la 2ème circonscription de Haute-Corse, la candidate RN Sylvie Jouart a annoncé lundi son retrait de la course dans l’espoir de favoriser l’élection de François-Xavier Ceccoli (DVD) contre le député sortant Jean-Félix Acquaviva du parti autonomiste Femu a Corsica.
  • Enfin, dans la 4ème circonscription du Val-d’Oise, le candidat investi par la liste LR-RN Sébastien Meurant a annoncé mardi 2 juillet son désistement « face au danger grave que représente la possible élection d’une candidate LFI dans notre circonscription »2. Celui-ci était en ballotage défavorable pour le second tour.

Ces désistements, intervenus dans l’entre-deux tour, contreviennent à la ligne du parti affirmée par Marine Le Pen mardi 2 juillet : « La décision a été prise de ne pratiquer aucun désistement. Quand on analyse les situations où nous sommes troisièmes, il y a très peu de cas où un LR compatible avec nous a fini premier. Et puis, nos électeurs sont assez sérieux pour faire le bon choix »3.

Depuis la fin du premier tour et la mise en place d’un barrage républicain contre les candidats RN et alliés, la direction du parti d’extrême-droite fustige les stratégies de désistement mises en place principalement par les partis de gauche et dans une moindre mesure par certains candidats sous étiquette Ensemble. Dès lundi, Jordan Bardella dénonçait une « alliance contre-nature entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron », marquant son agacement vis-à-vis d’une stratégie visant à priver le RN d’une majorité absolue4.