Le 9 juin dernier, Emmanuel Macron a, pour la sixième fois dans l’histoire de la Cinquième République, dissous l’Assemblée nationale et appelé à des élections législatives anticipées. Le président français, espérant par là provoquer un « sursaut » de mobilisation contre « les extrêmes », a cristallisé le rapport de force observé lors des européennes.

  • Crédité de 35 % d’intentions de vote en moyenne pour le premier tour dans les derniers sondages, le Rassemblement National (RN) semble être la principale force politique française. Lors des européennes, le parti de Jordan Bardella avait obtenu un score de 31,37 %.
  • Le Nouveau Front populaire devrait terminer à la seconde place lors du premier tour, avec un avantage d’environ 7 points de pourcentage par rapport à la coalition présidentielle Ensemble pour la République.
  • Les Républicains devraient quant à eux réaliser un score inférieur de 3 à 4 points de pourcentage par rapport à leur score de 2022 (10,42 % au premier tour).

S’il faudra attendre les résultats du premier tour pour affiner les projections de composition de l’Assemblée nationale, la plupart des sondages réalisés depuis le 10 juin suggèrent que le RN devrait obtenir une majorité relative et de l’ordre de 220 à 260 sièges — soit le triple du nombre de sièges gagnés en 2022. La participation et les stratégies de désistement au second tour pourraient cependant sensiblement influencer la future composition de l’Assemblée.

  • Dans son sondage du 27 juin, Ipsos anticipe une participation moyenne de 63 % au premier tour, contre 47,5 % lors des élections de 20221.
  • Selon nos calculs, cette hausse devrait conduire à une augmentation considérable par rapport à 2022 du nombre de candidats élus au premier tour dans les circonscriptions d’ores et déjà acquises à un parti/coalition.
  • Pour rappel, lors des dernières élections législatives, seulement cinq candidats avaient été élus dès le premier tour : quatre de la Nupes (en Seine-Saint-Denis et à Paris) et un candidat Ensemble (3ème circonscription de Mayenne).
  • Ainsi, en Seine-Saint-Denis — où 5 candidats avaient obtenu une majorité absolue au premier tour mais n’avaient pas atteint le palier de 25 % de voix des inscrits —, le nombre d’élus au premier tour du Nouveau Front populaire pourrait passer de 1 (en 2022) à 5 ce dimanche.

L’augmentation de la participation devrait également conduire à une hausse significative du nombre de triangulaires, octroyant une place centrale aux stratégies de désistement. Si les écologistes et le Parti socialiste ont d’ores et déjà appelé à se désister dans le cas d’une triangulaire défavorable face à un candidat RN, LFI a annoncé un désistement « au cas par cas ». La coalition présidentielle n’a quant à elle pas encore donné de consignes claires2.