Les Pays-Bas sont un cas spécifique car le pays a très récemment (novembre 2023) connu des élections nationales et l’opinion est encore focalisée sur la formation de la prochaine coalition au pouvoir. Il serait donc peu pertinent de tirer des conclusions générales sur les élections européennes encore en cours sur la base des seuls sondages de sortie des urnes néerlandais. 

  • Le taux de participation de 46,8 % (+ 5 % par rapport à 2019) est le plus élevé depuis 1989, ce qui est d’autant plus remarquable étant donné qu’il n’y a pas eu de campagne électorale, le pays s’étant presque exclusivement concentré sur la formation de la coalition nationale.
  • Les exit polls ont une marge d’erreur de +/- 1 siège. Elles donnent les quatre partis de la coalition formée à l’issue du scrutin de 2023 (PVV, NSC, VVD, BBB) à 14 sièges sur 31, ce qui représente moins de la majorité, mais 9 de plus par rapport à 2019. 
  • Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) perd encore en puissance quoique moins que lors des élections générales de 2023 : il n’est que le troisième parti le plus important. 
  • Bien que le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) et le Nouveau Contrat social (NSC) gagnent tous deux des sièges, ils perdent massivement par rapport aux récents sondages — ce qui est surprenant, surtout concernant le BBB. Le NSC semble quant à lui voué à une vie politique de courte durée après cette élection.
  • Le grand perdant des élections est le parti d’extrême droite Forum pour la démocratie (FvD). Le point d’apogée de sa trajectoire politique avait été l’élection européenne de  2019 — avant les controverses concernant des messages antisémites et leur utilisation par Rutte dans les campagnes électorales. Il n’en reste pas moins que le parti semble désormais moins bien placé que dans les sondages nationaux et européens. Les implications de son score sont particulièrement importantes : si le FvD n’obtenait aucun siège, cela pourrait compromettre la possibilité d’un nouveau groupe d’extrême droite au Parlement européen sous la direction de l’AfD — exclue d’ID.
  • Le parti de gauche SP est lui aussi perdant, continuant sa série de défaites électorales. Son mauvais score aux européennes pourrait s’expliquer sa ligne ambiguë sur l’Europe.
  • Selon les exit polls, les partis centristes (CDA et D66) s’en sortiraient relativement bien, mais ils restent aux marges de l’électorat. Volt, pourtant très fortement marqué comme pro-européen, n’a pas réussi à capter le vote pro-Union.
  • D’un point de vue d’appartenance aux groupes au Parlement européen, le PPE devrait prendre 3 sièges et Identité et démocratie 6, si les résultats de ces sondages sont confirmés. En fonction de comment les sièges Groenlinks-PvDA seront répartis, les Verts/ALE pourraient gagner 2 sièges, S&D en perdre 2 et ECR 1.  

Si les sondages de sortie des urnes se confirment,  le fait que le Groenlinks-PvDA arrive en tête du scrutin revêt une forte importance symbolique. 

  • Il sera plus difficile pour la nouvelle coalition, dominée par le PVV de Wilders, — qui reste le plus grand parti — d’affirmer que les Pays-Bas sont eurosceptiques. 

S’il est impossible de généraliser à partir de ces seuls sondages, le centre semble tenir1 — même s’il s’agit d’un centre plus fragmenté.