Imran Khan, chef du Pakistan Tehrik-e-Insaf (Mouvement du Pakistan pour la justice — PTI) dont le gouvernement est tombé en 2022, est le grand absent de ces élections. 

  • Son arrestation avait provoqué des manifestations d’ampleur en mai 2023, dirigées contre l’armée et les forces de l’ordre. 
  • Le leader, poursuivi dans plus de 200 affaires judiciaires, a été condamné à 3 ans de prison en 2023, et encore à 10 puis à 14 ans fin janvier 2024. 
  • Il s’y trouve encore, tout en restant l’une des personnalités les plus populaires du pays. La côte d’opinion favorable à Imran Khan était de 57 % en décembre 2023.

Au-delà de Khan, c’est tout son parti, le PTI, qui subit des restrictions lors de ces élections. 

  • La plupart de ses candidats n’ont pas reçu le droit de se présenter et les rassemblements organisés par le parti ont été interdits, le poussant à mener campagne essentiellement sur les réseaux sociaux.
  • Deux attentats ont eu lieu hier, mercredi 7 février. Au Baloutchistan, 28 personnes ont été tuées dans des explosions à proximité de sièges de candidats aux élections.
  • Un groupe d’observation du Commonwealth a été dépêché pour suivre ces élections.

Dans ce contexte, la Ligue musulmane du Pakistan semble favorite, bien qu’aucun sondage récent ne le confirme. 

  • Le parti est plutôt libéral économiquement mais conservateur sur les questions sociales.
  • Il est représenté par Nawaz Sharif, ancien Premier ministre jusqu’en 2017. La côte de popularité du candidat a fortement progressé tout au long du second semestre 2023, passant de 36 % à 52 % selon Gallup. Il est en tête des sondages d’opinion au Pendjab, province la plus peuplée du pays, avec 60 % d’opinions favorables  — devant Imran Khan, à 53 %.

Le pays est toujours en proie à une importante crise économique.

  • Le taux d’inflation atteignait 28,3 % en glissement annuel en janvier 2024, malgré l’approbation par le Conseil d’administration du FMI d’un programme de prêts d’une durée de neuf mois et d’un montant de 3 milliards de dollars, en juillet 2023. Un versement de 700 millions de dollars a été débloqué début janvier, portant le montant total versé dans le cadre du programme à 1,9 milliard de dollars 1.
  • Le Pakistan a notamment été touché par la crise énergétique provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Le FMI projette cependant une amélioration de la croissance économique en 2024, à 2 %, contre une croissance négative de -0,2 % en 2023.

L’extension régionale de la guerre entre Israël et le Hamas affecte également le pays et les tensions à la frontière avec l’Afghanistan et l’Iran persistent, même si, récemment, l’Iran et le Pakistan ont renoué le dialogue. 

Sources
  1. IMF, First review under the stand-by arrangement, requests for waivers of applicability of performance criteria, modification of performance criteria, and for rephasing of access, January 2024.