L’annonce de Nauru, petit État insulaire d’Océanie, survient dans le sillage de l’élection présidentielle ayant débouché le 13 janvier sur la victoire de Lai Ching-te, candidat du Parti démocrate progressiste — qui succédera ainsi à Tsai Ing-wen, également issue du PDD, après deux mandats.

Le Parti démocrate progressiste, s’il ne revendique plus une indépendance formelle de l’État taïwanais, défend la conservation de l’indépendance politique et économique de Taïwan vis-à-vis de la Chine et la préservation du système politique taïwanais.

  • Sur le plan économique, le parti est par ailleurs opposé à une intégration complète avec le marché chinois : « nous nous sommes complètement écartés de l’approche de l’administration précédente, qui tentait de s’appuyer sur l’accord-cadre de coopération économique (ECFA) pour faire de Taïwan une île semblable à Hong Kong en empruntant une voie accélérée vers l’intégration économique avec la Chine », rappelait la présidente actuelle Tsai Ing-wen le 1er janvier.
  • Après que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a félicité Taïwan pour des élections témoignant la « solidité de [son] système démocratique et de son processus électoral », la Chine a répondu en dénonçant l’envoi d’un « mauvais signal » aux « forces séparatistes » et une « violation du principe d’une seule Chine »1.

Deux jours après les élections, l’État insulaire de Nauru a annoncé sa décision de reconnaître la République populaire de Chine et de rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan, qu’il ne reconnaît plus « comme un pays distinct, mais comme une partie inaliénable du territoire chinois ».

  • La décision de Nauru réduit le nombre d’États reconnaissant officiellement Taïwan à 12, en comptant le Vatican.
  • Taipei a dénoncé une décision destinée à « attaquer la démocratie taïwanaise » suite aux résultats des élections qui serait motivée par une offre d’aide financière chinoise à Nauru supérieure à celle de Taïwan2 — de 100 millions de dollars par an, d’après les propos d’un responsable taïwanais rapportés par Reuters
  • Le ministère des Affaires étrangères chinois a salué une décision qui « démontre que le principe d’une seule Chine est le lieu où l’opinion mondiale s’oriente et où l’arc de l’histoire s’infléchit »3.

Au-delà des élections, la réduction du groupe de pays reconnaissant Taïwan s’inscrit dans une tendance de long terme.

  • Depuis 2000, Taïwan a perdu ses relations diplomatiques avec 18 États, dont 3 depuis 2020 — et 62 États au total depuis la reconnaissance de la République populaire de Chine par les Nations unies en 1971. 
  • Le dernier en date était le Honduras, qui a rompu ses relations avec Taïwan en mars 2023 en qualifiant Taïwan, comme Nauru, de « partie inaliénable du territoire chinois »4
  • À ce jour, la moitié des pays entretenant toujours des relations diplomatiques avec Taïwan sont de petits États insulaires du Pacifique et des Caraïbes.