La rentrée politique européenne a été marquée par le retour des migrations à l’agenda politique – et par le retour de dissensions entre États membres sur la question qui ne semblent toujours pas être en passe d’être résolues. 

  • Mi-septembre, la saturation des infrastructures sur l’île de Lampedusa, qui a vu arriver 7 000 demandeurs d’asile en deux jours, et la situation de crise à laquelle a dû faire face le gouvernement italien a de nouveau rendu visible les blocages du Pacte sur les migrations et l’asile, notamment sur la question d’une nécessaire solidarité entre pays européens pour la répartition des demandeurs d’asile primo-arrivants.
  • Le nombre de demandes d’asile, de 519 000 sur la période de janvier à juin 2023, a dépassé celui des six années précédentes sur la même période. 
  • La durée de traitement des demandes d’asile a ainsi connu une forte augmentation et le nombre de cas en attente de décision a également augmenté de 34 % par rapport à 2022. 

En parallèle, l’Allemagne affiche un durcissement de sa ligne sur les migrations. Hier, le gouvernement a annoncé le renforcement de son contrôle aux frontières avec la Pologne et la République tchèque qui consiste en une mise en place de nouvelles unités de contrôle de police dès cette semaine. 

  • Le gouvernement allemand avait déjà illustré sa volonté de restreindre les arrivées dans le cadre de la crise de Lampedusa, en déclarant son refus d’accueillir des demandeurs d’asile arrivés en Italie, avant de finalement se rétracter.  
  • Ces décisions ont été prises en amont des élections régionales décisives en Bavière et en Hesse du 8 octobre pour lesquelles l’extrême-droite pourrait réaliser des scores historiques. En Hesse, la ministre de l’Intérieur du gouvernement Scholz, Nancy Faeser, fait personnellement partie des candidats en lice.

Les ministres discuteront en particulier de la « dimension extérieure » de la réforme de la politique migratoire européenne, à savoir la multiplication de partenariats financiers avec les pays de passage hors de l’Union. 

  • Après la Tunisie (avec qui l’accord s’élève à 105 millions de dollars), le Maroc et l’Egypte pourraient être les prochains sur la liste.
  • L’accord avec la Tunisie, annoncé le 16 juillet, reste très critiqué, notamment par des organisations non gouvernementales et par une partie des députés européens, tant pour la dérive autoritaire du président Saïed que pour les faits documentés de mauvais traitement des demandeurs d’asile par les autorités tunisiennes. La semaine dernière la Commission européenne a annoncé un paquet financier pour la Tunisie, d’un montant de 127 millions d’euros pour soutenir l’économie et freiner les départs.