Le conflit territorial entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans la région du Haut-Karabagh a de nouveau pris une tournure militaire ce mardi, avec une offensive armée de l’Azerbaïdjan, trois ans après la guerre de six semaines qui avait opposé les deux États en 2020. La condition imposée par Bakou pour la cessation de l’offensive est la « reddition totale » de l’Arménie.

  • L’attaque a été lancée suite à la mort de policiers et de civils azerbaïdjanais dans des explosions de mines dans le Haut-Karabagh. Le terme choisi par le gouvernement azerbaïdjanais pour qualifier officiellement son offensive à grande échelle est celui d’« opération antiterroriste ».
  • Aliyev a déclaré en décembre 2022 que « l’Arménie d’aujourd’hui est notre terre » et s’est prononcé en faveur d’une campagne de peuplement de l’Arménie. 
  • En amont de l’offensive lancée mardi, l’Azerbaïdjan imposait depuis neuf mois un blocus dans la région. Le gouvernement arménien a appelé la communauté internationale à agir pour éviter un « génocide » de la population arménienne du Haut-Karabagh. Plus de 7 000 civils ont été évacués de la région face au déclenchement de l’offensive.

Les réactions de la communauté internationale ont rapidement suivi l’offensive, y compris depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies qui se déroule actuellement à New York.

  • Le soutien le plus affirmé et explicite à l’offensive azerbaïdjanaise reste celui de la Turquie, son allié historique. Erdogan a déclaré « soutenir les mesures prises » par Bakou pour « protéger son intégrité territoriale ». 
  • La concurrence entre puissances régionales est également clef pour comprendre les positions adoptées face à l’offensive dans ce territoire stratégique, en particulier l’hostilité de l’Iran à l’égard de l’Azerbaïdjan. La République islamique reproche notamment à Bakou sa proximité avec Israël, qui apporte un soutien militaire et technologique à l’Azerbaïdjan.
  • L’Arménie fait historiquement partie de l’orbite géopolitique de Moscou, adoptant généralement une position de partenaire de la Russie, sans alignement intégral. Elle était d’ailleurs clairement listée dans les pays ciblés par le 11e paquet de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, en tant que pays privilégié de transit de produits européens vers la Russie. 
  • L’invasion russe de l’Ukraine, en modifiant les priorités stratégiques russes mais aussi en entraînant le relatif isolement du Kremlin de la scène internationale, a été le déclencheur d’une distanciation entre le gouvernement arménien et son allié historique malgré les efforts russes. Le Premier ministre arménien a ainsi affiché officiellement son absence de soutien à l’invasion russe en Ukraine. La première dame arménienne a par ailleurs participé la semaine dernière à une réunion de premières dames à Kyiv.