Durant le week-end, le ministère des Affaires étrangères d’Arabie saoudite a annoncé la nomination de son actuel ambassadeur en Jordanie, Nayef al-Sudaïri, au poste d’ambassadeur extraordinaire et non-résident auprès des Territoires palestiniens. Celui-ci occupera également la charge de consul-général à Jérusalem.

  • La remise des lettres de créance s’est faite au sein de l’ambassade palestinienne à Amman en présence du conseiller diplomatique du président palestinien, Majdi Khaldi.
  • L’actuel ambassadeur saoudien en Jordanie était déjà, de facto, en charge du dossier palestinien depuis un certain temps1. Ainsi, sans création d’une mission diplomatique physique dans les Territoires palestiniens (à laquelle Israël s’oppose), cette annonce est avant tout un message envoyé par Riyad à l’attention des autorités palestiniennes — et israéliennes.
  • Le lendemain de l’annonce, le ministre des Affaires étrangères israélien Eli Cohen déclarait dans un entretien à la radio que l’Arabie saoudite « ne s’était pas coordonnée » avec le gouvernement israélien et « n’avait pas besoin de le faire car [Israël] n’autorise l’ouverture d’aucune mission diplomatique » dans les Territoires palestiniens2.

Ainsi, par cette annonce historique, Riyad semble vouloir signifier aux populations arabes vivant dans les Territoires palestiniens que leurs intérêts ne seront pas mis de côté dans le cadre des négociations avec Washington et Israël visant à aboutir à une normalisation des relations entre l’État hébreu et le royaume d’Arabie saoudite.

Selon un responsable israélien, la signification de ce « pas symbolique » n’est toutefois pas claire3.

  • Bien que les autorités américaines tout comme plusieurs experts soient pessimistes vis-à-vis de la conclusion d’un accord avant la fin de l’année — voire avant les élections de 2024 —, celui-ci incluera très probablement un certain nombre de concessions accordées à la population palestinienne4.
  • Il reste cependant à déterminer quels seront les contours de ces efforts. Si Riyad souhaite obtenir des « concessions qui contribueraient à promouvoir la création d’un État palestinien », un responsable israélien déclarait jeudi 10 août qu’aucun accord n’avait été trouvé sur l’ampleur de ces « concessions aux Palestiniens »5.
  • La conclusion d’un tel accord — qui est devenu l’un des principaux objectifs de l’administration Biden en matière de politique étrangère — ouvrirait potentiellement la voie au développement de relations entre Israël et le monde arabe dans son ensemble, quelques années seulement après la signature des accords d’Abraham6.

Marque de l’importance attachée par Washington aux relations avec Israël ainsi qu’à la conclusion de l’accord avant l’élection présidentielle de 2024, la Maison-Blanche souhaiterait nommer l’ancien secrétaire au Trésor et chef de cabinet de Barack Obama, Jacob Lew, à l’ambassade d’Israël en remplacement de Tom Nides7. La confirmation de Lew par le Sénat pourrait toutefois faire face à l’opposition de certains élus républicains, notamment en raison de son rôle — toutefois secondaire — joué dans la conclusion de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2015.

Sources
  1. Patrick Kingsley, « Riyadh Appoints Envoy to Palestinians Amid Push for Saudi-Israeli Ties », The New York Times, 13 août 2023.
  2. « « לא נאפשר שום פתיחה של נציגות דיפלומטית » », FM103, 13 août 2023.
  3. Amir Tibon, « Israel Gauges Normalization Implications After Saudi Appointment of PA Envoy », Haaretz, 14 août 2023.
  4. Sam Dagher, Ethan Bronner et Courtney McBride, « US Plays Down Talk of Breakthrough on an Israel-Saudi Accord », Bloomberg, 9 août 2023.
  5. Lazar Berman et Jacob Magid, « Still no measurable progress on Saudi deal, Israeli official says », The Times of Israel, 10 août 2023.
  6. Thomas L. Friedman, « Biden Is Weighing a Big Middle East Deal », The New York Times, 27 juillet 2023.
  7. Barack Ravid, « ביידן שוקל למנות את שר האוצר האמריקני לשעבר ג’ק לו לשגריר ארה »ב בישראל », Walla, 13 août 2023.