Le Pakistan dispose de deux centrales nucléaires en activité (Chashma et Kanupp) opérant 6 réacteurs, dont la capacité annuelle totale de production d’électricité est de 3 530 MW. Depuis le début du siècle, la part du nucléaire dans le mix électrique pakistanais n’a cessé de croître, passant de 0,6 % de la production totale d’électricité en 2000 à 14,74 % l’an dernier.
- Tandis que le premier réacteur nucléaire du pays entré en service en 1972 était un CANDU-137 canadien, Islamabad s’est tourné depuis vers Pékin pour la construction de ses centrales.
- Aujourd’hui, le pays opère six réacteurs (quatre CNP-300 et deux ACP-1000), tous développés par la Compagnie nucléaire nationale chinoise (CNNC).
- Le protocole d’accord signé hier entre la Commission pakistanaise de l’énergie atomique et la CNNC doit aboutir à la construction d’un nouveau type de réacteur nucléaire chinois, le Hualong-1, qui devrait générer 1 200 MW d’électricité supplémentaire1.
Ce nouveau réacteur, lorsqu’il entrera en service, devrait permettre de soulager le secteur énergétique pakistanais qui souffre des conséquences de la situation économique du pays. Tandis que le protocole d’accord était signé mardi 20 juin, Islamabad échouait au même moment à acheter du gaz naturel liquéfié sur les marchés internationaux, aucune entreprise n’ayant souhaité répondre à l’appel d’offre de Pakistan LNG Limited en raison de craintes liées aux capacités de paiement du pays2.
Comme de nombreux pays, le Pakistan a été indirectement touché par la crise énergétique provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine.
- En raison de sa forte dépendance aux importations, l’augmentation des prix de l’énergie a considérablement nui aux capacités d’achat de gaz du pays, tandis que les coupures de courant sont devenues plus fréquentes ces derniers mois. Le 23 janvier, un important délestage avait privé d’électricité plus de 200 millions de personnes3.
- Si le pays dispose d’importantes ressources énergétiques, l’insécurité ainsi que l’instabilité politique — particulièrement dans les provinces du sud du pays, comme au Baloutchistan — constituent un frein à leur exploitation4.
- La semaine dernière, le Tehrik-e-Taliban Pakistan (principal groupe composé de talibans pakistanais) annonçait vouloir faire du Baloutchistan une « province fantôme » en y instaurant un gouvernement parallèle et en prenant le contrôle des infrastructures5.
Si l’augmentation des capacités de production d’électricité à partir de nucléaire contribuerait à réduire l’exposition du pays aux marchés internationaux et donc accroître son indépendance énergétique, limiter ses dépenses et réduire des émissions de carbone, les coûts associés aux projets chinois des Nouvelles routes de la soie (BRI) contribuent à creuser le déficit budgétaire du pays. Le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) constitue le principal projet d’investissements chinois dans le cadre des BRI6.
Le nouveau budget dévoilé il y a deux semaines par Islamabad a reçu un accueil défavorable par le Fonds monétaire international, qui a déclaré que celui-ci devait « être retravaillé » afin que le Pakistan puisse obtenir un programme de prêts d’un montant de 7 milliards de dollars bloqué depuis plusieurs mois7.
Sources
- Asif Shahzad, « Pakistan and China sign $4.8 billion nuclear power plant deal », Reuters, 20 juin 2023.
- Stephen Stapczynski, « Pakistan Fails in Its First Attempt in a Year to Buy Gas in Hit to Economy », Bloomberg, 20 juin 2023.
- « Over 220 million people out of power in Pakistan after national grid malfunction », Arab News Pakistan, 23 janvier 2023.
- Waqar Rizvi, « The War in Ukraine. Impact on Pakistan’s energy security », Friedrich Naumann Foundation For Freedom, février 2023.
- Adnan Aamir, « Pakistani Taliban’s ‘shadow province’ threatens China BRI projects », Nikkei Asia, 21 juin 2023.
- James McBride, Noah Berman et Andrew Chatzky, « China’s Massive Belt and Road Initiative », Council on Foreign Relations, 2 février 2023.
- Farhan Bokhari et Benjamin Parkin, « IMF criticises Pakistan budget as pressure mounts for bailout package », Financial Times, 15 juin 2023.