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Uzak (2002)
Littéralement, Uzak signifie « distant ». Nous sommes à Istanbul. Mahmut est un photographe qui mène une existence solitaire, tranquille en apparence mais travaillée par ses idéaux. Lorsque son jeune cousin, Yusuf, débarque à l’improviste — il cherche un emploi depuis la fermeture de l’usine de son village natal — Mahmut accepte à contre-cœur de l’héberger temporairement… La quête de soi, la fuite, la famille, Istanbul en toile de fond : les grandes coordonnées du cinéma de Nuri Bilge Ceylan sont posées.
Les Climats (2006)
Lui, Isa, est rivé à Istanbul, où il enseigne à l’université. Elle, Bahar, est toujours ailleurs — elle directrice artistique pour la télévision. « De ces climats d’un amour, nous ne voyons pas le printemps, mais seulement une fin d’été venteuse, l’automne et l’hiver. » À l’écran, le couple Ebru Ceylan et Nuri Bilge Ceylan incarne deux êtres à la poursuite d’un bonheur qui ne leur appartient plus.
Les trois singes (2008)
À celui qui voit, ni n’entend, ni ne parle, il n’arriverait que du bien. L’un se couvre la bouche ; l’autre les oreilles ; l’autre les yeux. Les trois « singes de la sagesse » sont aujourd’hui popularisés numériquement sur nos écrans par des emojis. Dans le film de 2008, une famille dont les secrets quotidiens sont devenus des mensonges envahissants tente de rester unie pour endurer les épreuves. Dans la Turquie contemporaine dépeinte par Ceylan, on peut refuser de voir la vérité, de l’entendre, de la dire — mais suffit-il de jouer aux « trois singes » pour que tout ne s’effondre pas ?
Il était une fois en Anatolie (2011)
Plusieurs personnes — des officiers de police, un procureur, un médecin, des fossoyeurs — accompagnent deux hommes accusés d’un meurtre pour qu’ils leur indiquent l’endroit où ils ont enterré leur victime ; au fur et à mesure de la nuit, cette quête devient l’occasion de conversations qui, par petites touches, soulèvent de nouveaux secrets. Plus que Winter Sleep (2015) — sa réécriture de trois nouvelles de Tchekhov, récompensée par la palme d’or —, Il était une fois en Anatolie est le grand film de Nuri Bilge Ceylan sur sa vision de la Turquie contemporaine.
En toile de fond, c’est aussi l’histoire des territoires isolés de l’arrière-pays turc qui se dessine : ceux-ci sont dévastés par l’émigration des plus jeunes vers les grandes villes et laissés à eux-mêmes. S’il est nourri par les œuvres de Sergio Leone et, à nouveau, de Tchekhov, ce film est surtout inspiré par l’expérience de Nuri Bilge Ceylan, qui a grandi dans une petite ville d’Anatolie, et de son co-scénariste, Ercan Kesal, qui a travaillé comme médecin pendant deux ans dans un centre de santé au centre de la Turquie.