L’accès à l’internet en 2022 a été entravée à 187 reprises au sein de 35 pays (contre 34 pays en 2021 et 29 l’année précédente)1.

  • Un nombre croissant de pays se sert de l’accès à internet comme d’une arme de contrôle en réponse à des épisodes de violence, ou bien lors d’élections, de visites de chefs d’État étrangers ou de manifestations.
  • Presque la moitié de ces coupures (49,2 %) concernent des villes, localités ou villages spécifiques, témoignant d’un ciblage de certains groupes de population et événements.
  • En 2022, l’armée russe a coupé à 22 reprises l’internet dans les territoires occupés en Ukraine, à travers des frappes de missiles contre des infrastructures physiques de communication et des attaques cyber contre des fournisseurs d’accès à internet. 
  • Comme le révélait une enquête du New York Times publiée en août dernier, ces coupures d’accès vont de pair avec la redirection du trafic internet ukrainien vers les réseaux russes2.

L’Inde est le pays ayant coupé le plus de fois (84) l’accès à internet depuis 2017. La plupart de celles-ci (58 % du total) ont eu lieu dans l’État contesté du Jammu-et-Cachemire, situé à la frontière avec le Pakistan. Le gouvernement indien se sert de l’accès à internet en réponse à l’instabilité politique de la région ainsi qu’à des épisodes de violence.

L’accès à certaines plateformes et réseaux sociaux constitue également un enjeu central pour certains régimes autoritaires.

  • En 2022, l’accès à Facebook (3 milliards d’utilisateurs mensuels en janvier 2023) a été bloqué à 13 reprises dans 12 pays différents. L’accès à Twitter a quant à lui été bloqué 13 fois, et 10 fois pour Instagram.
  • Au Nigéria et en Ouganda, l’accès à Twitter et Facebook a été bloqué pendant plusieurs mois en raison de la suppression de certains contenus publiés par des membres du gouvernement, dirigeants ou soutiens du parti au pouvoir.
  • En Russie, l’accès à Twitter, Facebook et Instagram est bloqué depuis mars 2022.

Dans les 18 coupures d’internet mises en place par le gouvernement iranien l’année dernière, 15 ont eu lieu durant les manifestations initiées suite à la mort de Mahsâ Amini, une jeune femme kurde tuée par la police des mœurs en septembre. Téhéran a notamment coupé l’accès à Instagram et WhatsApp — qui figurent parmi les rares réseaux sociaux encore accessibles en Iran — afin de limiter la diffusion d’images et vidéos montrant la répression brutale mise en place par le régime contre les manifestants.

Sources
  1. Weapons of Control, Shields of Impunity. Internet Shutdowns in 2022, Access Now / #KeepItOn, Février 2023.
  2. Adam Satariano et Scott Reinhard, « How Russia Took Over Ukraine’s Internet in Occupied Territories », The New York Times, 9 août 2022.