Hier auraient dû prendre fin d’importants exercices militaires conjoints entre l’Algérie et la Russie. Nommés « Desert Shield », ceux-ci devaient se dérouler dans le sud-ouest de l’Algérie du 16 au 28 novembre.

  • À proximité de la frontière avec le Maroc, dans la province de Béchar, les exercices « anti-terroriste » auraient constitué une énième coopération militaire entre Moscou et Alger au cours des derniers mois.
  • En septembre, l’Algérie était le seul pays africain ayant participé aux exercices «  Vostok 2022 », en Sibérie, tandis que le mois dernier des navires russes jetaient l’ancre à Alger pour des exercices navals.
  • La région du Sahara occidental, côté Marocain, avait été le théâtre en juin des exercices « African Lion 2022 » entre les forces marocaines et américaines.

En 2021, Alger aurait acheté pour l’équivalent de 7 milliards de dollars d’armes et d’équipements russes, ce qui en fait le troisième importateur d’armements russes au monde.

  • En septembre, ces liens entre l’Algérie et la Russie avaient conduit le vice-président de la commission du Sénat américain sur le renseignement, Marco Rubio (R-FL), à demander à Antony Blinken la mise en place de sanctions contre l’Algérie.
  • Dans sa lettre, Rubio avait qualifié les achats importants de matériel militaire russe comme faisant partie des « actions déstabilisatrices de la Russie »1.

Cette coopération inquiète également les Européens, une partie desquels se tourne de plus en plus vers l’Algérie pour leurs approvisionnements énergétiques.

  • Le 16 novembre, au premier jour supposé des exercices, 17 députés européens avaient adressé un courrier à l’attention d’Ursula von der Leyen et de Josep Borrell.
  • Dans celui-ci, les eurodéputés faisaient part de leur inquiétude face aux rapprochements entre Moscou et Alger, qu’ils considéraient comme « un soutien apporté à Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine ».
  • « L’Algérie figure parmi les quatre plus gros acheteurs d’armes russes au monde. Le flux d’argent vers la Russie, quelle que soit sa source, renforcera la machine de guerre russe en Ukraine »2.

Bien que les médias internationaux continuent de commenter la bonne tenue des exercices, le ministre de la défense algérienne a soudainement annoncé hier que les manoeuvres ne s’étaient pas déroulées3. Cette annonce est d’autant plus étonnante que, quelques jours auparavant, le chef d’état-major de l’armée algérienne recevait le directeur du service fédéral de la coopération militaire et technique russe pour discuter du déroulement des exercices4.

L’annulation de ces manœuvres ne vient pas remettre en cause les relations militaires russo-algériennes, mais traduisent une certaine forme de prudence de la part de l’Algérie.

  • Le président algérien Tebboune prévoit une visite en Russie en décembre, dans le but de signer un contrat d’armement — probablement d’une valeur de plus de 10 milliards de dollars.