Huachuca : le poste noir de toutes les batailles

Le livre de Pauline Peretz Une armée noire, par le fruit de la collecte de documents, retrace les positions de la haute hiérarchie militaire américaine quant à l’emploi des soldats noirs à partir du cas de Fort Huachuca, en Arizona. Une lecture signée Olivier Vallée.

Pauline Peretz, Une armée noire, Fort Huachuca, Arizona, (1941-1945), Paris, Éditions du Seuil, 2022, 387 pages, ISBN 9782021473841

Une armée noire, l’ouvrage de Pauline Peretz, saisit Fort Huachuca, en Arizona, comme épicentre de la question militaire et raciale aux États-Unis. La période analysée (1941-1945) couvre la formation à la guerre de divisions ségrégées et réservées aux Africains-Américains mais commandée par des officiers blancs. Le lieu d’entrainement, en vue d’une hypothétique participation au combat, Fort Huachuca, est complètement réaménagé et complété par un étonnant dispositif de logistique militaire. Cependant son choix obéit aux contraintes du racisme virulent qui subsiste vis-à-vis des hommes noirs et, dans ce contexte, le site quasi-désertique semble approprié. Par ailleurs, ce fort fut aussi la base des troupes des États-Unis combattant les Indiens — Cochise n’était pas loin — puis ensuite Pancho Villa. Cette frontière du Sud était idéale pour constituer, avant même la Guerre de Sécession,  un théâtre d’opérations en même temps qu’un incubateur d’un contingent noir isolé du reste de l’armée blanche. En effet, il existait des Afro-américains brevetés de West Point, dès la fin du XIXème siècle, mais interdits de tout commandement vis-à-vis des Blancs. C’est le cas du colonel Charles Young, fils d’esclaves, qui est affecté en 1889 à Fort Huachuca où il va intégrer régiments noirs de cavalerie et d’infanterie. Il participera à la guerre hispano-américaine — où il n’est « pas gênant » d’envoyer des Noirs car elle confronte l’armée américaine à des « races inférieures ». En 1916, il se bat contre les soldats de Pancho Villa et relève le 13ème régiment de cavalerie mal en point face aux troupes du Mexique. Pauline Peretz dessine ce paysage de la grande frontière américaine où les Afro-américains trouvent une zone de semi-liberté mais en étant assujettis au rôle de protecteurs des nouveaux colons blancs. Ils deviennent les « Buffalo Soldiers » et vont garder cette appellation de l’Ouest sauvage jusqu’à la fin de la ségrégation dans l’armée en 1948. Cependant ces militaires noirs en uniformes de l’armée américaine la plupart du temps sont perçus comme une intolérable présence dans les États du Sud où les lois Jim Crow autorisent le lynchage et une discrimination humiliante.

C’est le cas durant la première guerre mondiale où, en 1917, un régiment noir harcelé par la police et la population de Houston se soulève et tue vingt Blancs. Parmi les émeutiers noirs, 18 furent pendus comme punition après un jugement de la cour martiale. Pendant ce temps, la 93ème division d’infanterie composée de Buffalo Soldiers s’illustrait dans l’Argonne 1. S’il n’est pas question ici de décrire en détail l’action des régiments de la 93ème division avec l’armée française, quelques données permettent d’en appréhender l’ampleur. Un de ses régiments présents en France, le 369ème, détient le record de durée passée en première ligne parmi tous les régiments américains, avec 191 jours, et, suprême récompense, ses soldats, qui furent surnommés « Hellfighters », reçoivent 68 croix de guerre, 21 Distinguished Service Cross et une Distinguished Service medal. Ces soldats afro-américains ont fini par être placés sous commandement français et intégrés à la 157ème Division d’Infanterie. Son chef déclara : « Pendant sept mois nous avons vécu comme des frères d’armes, partageant les mêmes travaux, les mêmes fatigues, les mêmes dangers ; côte à côte nous avons participé à la grande bataille de Champagne, qui fut couronnée par une prodigieuse victoire. La 157èmedivision n’oubliera jamais l’irrésistible ruée, la pression héroïque des troupes noires américaines (…). ». Les quatre régiments de la 93ème division eurent 584 tués et 2 582 blessés, ce qui représente 32 % de son effectif. En décembre 1918, lorsque les quatre régiments reconstituent la 93ème division, ils adoptent alors un insigne divisionnaire représentant un casque Adrian bleu clair rappelant leur participation à la Première Guerre mondiale avec l’armée française. Cet engagement au combat d’Afro-américains dans la guerre de 14-18 est une révolution car la doctrine d’emploi des forces de l’armée américaine les reléguait à des fonctions de services, de génie ou de porteurs. Lorsque Pétain exige des Américains des combattants, les régiments noirs, dont l’effectif vient principalement des villes et de l’Est américain, s’avèrent d’un bon niveau et aptes à la bataille rapidement. Cependant ils seront privés de défilé sur les Champs-Élysées et la promotion de nouveaux officiers noirs va être freinée à la suite de ce conflit mondial.

En effet la discrimination de la color line perdure pour les vétérans de retour d’Europe. Pauline Peretz montre bien comment les penseurs Afro-américains de la libération, de Booker T. Washington 2 à W.E.B. Du Bois 3, en passant par Frazier, seront de ce fait partagés entre la tentation de faire la preuve du patriotisme ultime du champ de bataille et la conviction qu’ils seront toujours oubliés après la victoire. À la page 69 d’Une Armée noire, ce dilemme réinscrit dans l’institution militaire est bien explicité : « Deux facettes de la réponse à donner au racisme de la société américaine s’opposent ici 4, à l’image du différend, structural pour la communauté depuis le début du siècle,  entre un Booker T. Washington « accomodationniste » et gradualiste et un W.E.B. Du Bois radical et favorable à l’obtention immédiate de l’intégralité des droits civiques » 5.

L’Amérique a eu besoin d’une légion étrangère à ses marches avec les premiers Buffalo Soldiers, de domestiques et d’auxiliaires au pays et en 1914-1918, mais se trouve contrainte de se plier au rejet sans fards des soldats noirs par le racisme qui, parti de la Dixie line, s’est imposé à Washington et à l’État-major. L’expérience française d’intégration dans une division blanche et de participation à la bataille, loin d’être dupliquée aux États-Unis, va être refoulée.

La période 1941-1945 qui s’ouvre avec la base d’entraînement pour Afro-américains du poste de Huachaca tente d’absorber ces contradictions, de les occulter et de les surmonter tout à la fois. L’intérêt de ce livre est de montrer la cartographie de la gestion politique et militaire d’une concentration d’hommes à la fois éloignés de leur environnement habituel et placés d’abord en situation de nouvelle vulnérabilité. Les premières recrues qui arrivent à Huachuca en 1941, pour former la nouvelle 93ème division (pendant l’année 1942) 6, sont destinées à faire la fierté de la nation noire. Pour les accueillir quelques anciens Afro-Américains qui sont passés par la cavalerie et l’infanterie du front pionnier, possédant souvent plus de 25 ans de service, facilitent à première vue la découverte du monde étrange de l’Arizona. Mais les hôtes noirs n’ont pas le droit au commandement et vont être cantonnés à des activités sociales ou d’intendance. L’État-major persiste, malgré l’insistance de Roosevelt, à maintenir la ségrégation des régiments afro-américains mais en les plaçant sous commandement d’officiers forcément blancs, âgés, et originaires du Sud des États-Unis où la guerre de Sécession n’est pas oubliée. Pour ces gradés blancs, d’autant plus s’ils sont racistes, ces affectations dans des unités noires sont considérées comme un déshonneur. Certains d’entre eux seront pourtant exfiltrés de Huachaca pour des commandements chez les « Blancs ». Outre cette frustration d’une hiérarchie confiée à des officiers souvent injurieux avec leurs hommes de « couleur », les recrues sont dévalorisées par les tests de sélection et de qualification, issus pour leur part du volet technocratique et moderniste de l’armée américaine. À la différence des fantassins de 1914-1918, les nouveaux soldats qui affluent dans ce bout de l’Amérique ne sont pas homogènes, viennent davantage du monde rural et ne partagent pas tous le patriotisme martial prôné par les organisations d’avancement des gens de couleur. Pour celles-ci, les soldats noirs doivent mener un double combat : contre le racisme hitlérien à l’extérieur et la ségrégation à l’intérieur. Ce noble message est brouillé pour ceux qui souffrent de la crise économique qui touche particulièrement les Afro-américains. Parmi eux, certains sont de plus en plus sensibles à la position du parti communiste américain qui, depuis 1928, considère que la suprématie blanche est l’une des modalités de la domination capitaliste 7.

Beaucoup, parmi les plus instruits de ceux qui s’engagent, le font pour la solde qui permet de quitter les petits boulots et surtout d’envoyer régulièrement de l’argent à des parents qui meurent faute de pouvoir payer médecins ou médicaments. Les soldats à fort Huachuca disposent des infrastructures d’une ville modèle avec hôpital et prison. Mais là aussi existe une rigoureuse ségrégation et les Noirs ne doivent pas pénétrer dans la partie blanche du camp. À l’hôpital, une bonne partie des patients arrive en raison des conditions très dures de l’entrainement au soleil d’Arizona et des violences psychologiques de l’encadrement blanc. Le haut commandement du camp va laisser les médecins noirs venus du civil gérer l’hôpital 8 noir 9.

Dans une lettre anonyme au conseiller civil noir du Secrétaire d’État à la guerre, un officier afro-américain employé à la prison 10 décrit la situation en 1942 : « Fort Huachuca est un crime contre la race noire. Isolé, lugubre, raciste, il n’y a pas à s’étonner que nombreux soient ceux qui perdent leur esprit ici. Notre condition à Huachuca est la preuve évidente que nous, les Noirs, on nous tient pour faibles, impuissants, et que nous ne sommes pas désirés ». Au fur et à mesure que les deux divisions triangulaires (avec trois régiments) se forment, avec une montée dans les échelons des officiers afro-américains, les tensions avec leurs homologues blancs s’accentuent. Certains acquis dans la réactivation de la 93ème division ont été possibles, par le concours mesuré de quelques chefs blancs et du commandant du camp s’engageant dans le développement de la responsabilité propre 11 des Afro-Américains. Cette avancée est limitée du fait des hésitations du Grand Quartier Général et des officiers supérieurs blancs en place à Huachuca à envoyer au combat 12 cette unité jadis prestigieuse.

Humiliations, discriminations, atermoiements avivent l’irritation devant les inégalités de traitement selon la color line. Peu à peu, avec le déploiement exceptionnel de formation du contingent — en particulier les nombreux illettrés —, grâce aux militantes de couleur engagées comme auxiliaires de l’armée 13 et la création d’un véritable complexe 14 de distraction et de loisir destiné à amortir l’impatience des résidents quasi permanents de la cité martiale de l’Arizona, un statu quo racial et militaire se dessine à Fort Huachuca. Mais il est très fragile tant l’isolement du camp et sa taille, avec au moins 14 000 fantassins en rotation, confronte la vie quotidienne des Afro-américains transplantés à la vindicte des citoyens de l’Arizona et à la rapacité des proxénètes et des prostituées qui veulent saisir l’opportunité du célibat de masse. Plus de la majorité des effectifs des soldats est affectée de maladies vénériennes graves. Beaucoup sont arrivés malades et la propagande contre les rumeurs et contre la syphilis couvre d’affiches les « mess » et les lieux de rencontre du Fort étendu — on en trouvera des exemples dans la très riche iconographie rassemblée dans ce livre. Le colonel Hardy, responsable du fonctionnement de la base,  doit donc gérer l’interdiction des permissions 15 dans la capitale de l’Arizona comme l’exode du plaisir vers le Mexique voisin, refuge de tous ceux qui veulent s’affranchir des lois Jim Crow faisant de la vie des Noirs un enfer. Il y réussit en contrevenant aux règles de l’US Army sur la prostitution auprès des installations militaires et en s’efforçant, avec les auxiliaires féminines noires de haut niveau et l’hôpital, d’introduire plus de sécurité des relations sexuelles et d’orienter les soldats vers des dérivatifs.

En arrière-plan, rappelle Pauline Peretz, jamais le risque d’une mutinerie n’a été aussi élevé avec une telle concentration d’Afro-américains peu à peu entraînés, nourris et soignés mais exposés à des discriminations criantes. Le club des officiers, à l’origine mixte, va être ségrégé et l’arrivée d’une nouvelle équipe d’officiers supérieurs blancs avec le passage en formation de la 92ème division ne va pas faciliter la cohésion entre officiers intermédiaires. À la tête de la 92ème, le général Almond qui a participé à la première guerre mondiale est inquiet de la capacité de ses troupes noires d’être au niveau. Ses officiers venant du Sud 16 des États-Unis usent d’un langage insultant et n’hésitent pas à frapper les soldats. Chaque régiment recrée des discriminations et des humiliations sous le commandement d’Almond. Les inspections venues de Washington ne peuvent que mesurer l’antagonisme racial et la dégradation du statu quo que le colonel Hardy avait malaisément et sans enthousiasme construit. « Deux ordres raciaux rentrent en concurrence : celui qu’Almond a apporté des camps du Sud dans lequel les Africains-Américains se voient rappelé la place inférieure que leur a assigné la société sudiste avant-guerre et où toute approche de l’égalité est vue comme une menace qui doit être contrée par l’introduction de nouvelles réglementations  et des mesures vexatoires ; et le statu quo racial issu d’un an de négociation entre Hardy, les officiers noirs affectés au fort de façon permanente et les hommes de la 93ème division… 17 » D’une certaine façon, ce livre construit une sédimentation de topiques, de l’hôpital au district des plaisirs, en traversant ce feuilletage de la césure brûlante de la color line. Celle-ci n’est pas seulement le fantasme de la suprématie de blanche dont l’autre face est la terreur face au sexe noir, mais aussi, comme le formulait le parti communiste américain, le mécanisme de perpétuation  de l’armée de réserve du capitalisme arriéré du Sud.

En 1941, et en gros jusqu’en 1950, la culture du coton repose sur la main d’œuvre noire dans la ceinture de l’or blanc qui profite aux Blancs. Ce n’est qu’en 1950 que commence la mécanisation de la récolte du coton. Lors des campagnes cotonnières, un besoin de travailleurs se manifeste et Huachaca est sollicité par le patronat et les puissants élus de l’État d’Arizona. C’est à partir des années 1920 que s’affirme le modèle économique structuré autour des 5 « C » historiques de l’État d’Arizona : citrus (agrumes), cotton (coton), cattle (bétail), copper (cuivre) et climate (climat) (Sheridan, 2012).

Les représentants de l’Arizona se sont battus en 1941 auprès de Washington pour la localisation et l’isolation de la base d’entraînement de l’armée noire, mais en exigeant des contreparties d’investissement fédéral. Ce sera fait avec la construction de cinq aéroports militaires et l’implantation d’industries de guerre 18 (des pneus aux avions 19). Avec l’expansion rapide du complexe militaro-industriel au début de la Seconde guerre mondiale, la demande de coton explose mais les planteurs de coton voient l’offre de travail se contracter avec, d’une part la mobilisation, et d’autre part les nouvelles industries 20 de l’État.

Pauline Peretz à travers le chapitre Une « plantation », comme dans les autres parties de son travail, mène une sociologie de la décision qui joue sur toutes des échelles de son processus. Devant le refus des exploitants agricoles de payer mieux les cueilleurs de coton, le gouverneur de l’État d’Arizona, Osborn, obtient du Secrétaire à la guerre et du chef d’État-major que les hommes de la 93èmedivision participent à la récolte 21. En plein conflit mondial, alors que la dynamique du New Deal laissait entrevoir de nouveaux rapports au travail, la politique de l’État et de ses élites blanches impose la répétition des schémas d’exploitation raciste à des militaires américains, du fait de la color line.

L’armée noire, par le fruit de la collecte de documents, retrace les positions de la haute hiérarchie militaire américaine quant à l’emploi des soldats noirs. Au plus haut sommet, le préjugé sur la fainéantise et la lâcheté des Africains-Américains perdure et l’étrange conviction que les Blancs du Sud connaissent mieux les noirs et le traitement qui leur correspond. Les deux divisions All Black se battront, l’une dans le Pacifique, l’autre sur la ligne gothique en Italie. Défections, mutineries, désertions — sans que les taux ne dépassent ceux des autres troupes — vont venir au secours des hypothèques qui pesaient sur cette « expérience d’intégration » 22 de Fort Huachaca. Les régiments de ces divisions afro-américaines qui seront réinsérés dans d’autres ensembles militaires avec des combattants blancs vont se révéler courageux et efficaces. La rancœur de la discrimination et la conflictualité entre officiers de chaque côté de la color line étaient amoindries dès que le cadre uniforme d’une armée nationale agrégeait Noirs et Blancs.

Il ne faudrait pas déduire de cette plongée dans la complexité des questions que lève Fort Huachaca que les autres armées, à commencer par la française,  ne sont pas concernées par la déformation idéologique et les aberrations de l’institution militaire par rapport aux relations raciales. En France, la Force noire est présentée par le colonel Mangin comme un réservoir démographique que l’Empire colonial offrirait aux guerres européennes. Certains généraux manifestent des réticences vis-à-vis de cette masse de couleur. Galliéni pense étrangement que les Merina des Madagascar ne sont pas une race guerrière, tandis que Leclerc, en Afrique, préfère les Saras à d’autres ethnies. Les représentations des tirailleurs coloniaux — jamais intégrés dans des unités mécanisées — furent ambivalentes et contradictoires. Si on loue leur courage, mais aussi leur bonne humeur et leur discipline, tout est fait pour isoler ces soldats (comme dans le poste de Huachaca) et leur éviter de fréquenter chez les populations civiles. Ils étaient considérés comme violents, forts consommateurs d’alcool — étrange vu la proportion de musulmans — et prédisposés aux viols. Les soldats des troupes coloniales importés en métropole furent ainsi cantonnés dans des camps — en particulier celui de Fréjus — où ils furent soigneusement encadrés, surveillés et « instruits ». Ils eurent souvent le sentiment d’être l’objet d’injustices et de ségrégation : inégalités de solde, inégalité du régime des permissions (le retour au pays fut interdit), possibilités d’avancement très limitées avec la quasi-impossibilité d’accéder au rang d’officier. Ce qui tranche avec l’ancienneté de la possibilité de l’accession des Africains-Américains à West-Point et ensuite dans les unités All Black.

La société militaire est le révélateur de la structure d’une nation et condense son histoire, pour les États-Unis comme pour la France. « L’armée noire » tricolore reste donc à écrire. La guerre est le plus puissant des transformateurs. Elle a permis avec la conscription des Blancs, et en particulier la mort à la bataille des salariés de niveau intermédiaire, l’accès des Noirs à des emplois mieux formés. C’est le cas à Philadelphie où la Philadelphia Transportation Company commence à permettre aux Africains-Américains de travailler aux échelons intermédiaires. Face à la menace de grève des travailleurs blancs irrités de cette arrivée des Noirs, l’armée répliqua en les menaçant de suspendre leur sursis (Collins, 2001). La seconde guerre mondiale, qui bouleverse la structure économique et la géographie de l’Amérique, changera la situation économique des Africains-Américains plus vite que leur statut civique.

Sources
  1. https://www.francebleu.fr/emissions/france-bleu-collector/hommage-aux-buffalo-soldiers-icones-de-l-oppression-noire
  2. Après l’abolition de l’esclavage en 1865, Booker T. Washington est devenu enseignant. Il crée l’institut de Tuskegee en Alabama en 1891, destiné à former les populations noires du Sud à l’enseignement, avec l’approbation du Président de l’Université d’Hampton, le Général Amstrong. Cette école devient la plus célèbre du pays.
  3. Écrivain et militant noir américain, William Edward Burghardt Du Bois est né le 23 février 1868 à Great Barrington (Massachusetts). Diplômé de l’université Fisk, institution réservée aux Noirs, de Nashville (Tennessee), en 1888. Il obtient un doctorat à Harvard en 1895. Sa thèse, intitulée « La suppression de la traite négrière aux États-Unis de 1638 à 1870 », est publiée en 1896. À une époque où les sociologues élaborent des théories sur les relations entre les races, Du Bois mène des recherches empiriques sur la condition des Noirs. Pendant plus de dix ans, il se consacre à ses investigations sociologiques sur les Noirs américains, tandis qu’il enseigne à l’université d’Atlanta (Géorgie). Il rédige ainsi The Philadelphia Negro ; A Social Study (1899), première étude de cas portant sur la communauté noire aux États-Unis.
  4. C’est-à-dire au camp d’installation des divisions All Black à Fort Huachuca.
  5. Pauline Peretz, Une armée noire, Fort Huachuca, Arizona, (1941-1945), Éditions du Seuil, Avril 2022, 387 p.
  6. Ibid. p. 54.
  7. Ibid. p. 55.
  8. Ibid. pp. 78-80
  9. Ibid. Voir le chapitre l’hôpital noir pp. 97-124
  10. Ibid. p 51.
  11. Ibid. Voir le chapitre Une expérience d’intégration, pp. 201-216.
  12. Ibid. Voir le chapitre Premier départ, pp. 217-236.
  13. Ibid. Voir le chapitre Des femmes respectables, pp. 171-200.
  14. Ibid. Voir le chapitre La Mecque du divertissement, pp. 263-290
  15. Ibid. p. 130, Voir le chapitre Fry, ville du vice, pp. 125-154.
  16. Ibid. Voir le chapitre Un air de sud, pp. 237-262.
  17. Ibid. p. 261, Voir le chapitre Un air de sud, pp. 237-262.
  18. Voir Ibid. Chapitre 1
  19. U. S. Bureau of the Census, Sixteenth Census of the United States : 1940, Population, Volume II : Characteristics of the Population, Part 1 : United States Summary and Alabama District of Columbia, 371-74
  20. Voir ci-dessus.
  21. Pauline Peretz, Une armée noire, Fort Huachuca, op.cit., pp. 160-161
  22. Ibid. Voir pp. 161-167
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