Sandrine Lefranc, Comment sortir de la violence ? Enjeux et limites de la justice transitionnelle, CNRS Éditions
« La justice transitionnelle désigne l’art de pacifier des sociétés au lendemain de périodes violentes – qu’il s’agisse de dictature, de guerres civiles, voire de génocides. Organisations internationales et conseillers des gouvernements l’ont élaborée à partir des années 1990. Poursuites pénales, dialogues, enquêtes et débats publics organisés par des commissions de vérité pour établir la réalité des exactions, réparations matérielles ou symboliques aux victimes, réformes du système judiciaire et des services de sécurité : il s’agit d’abord de rompre avec le passé. Les promoteurs de ces initiatives entreprennent aussi de « guérir » des sociétés perçues comme malades et d’offrir une reconnaissance à des victimes traumatisées. Ils entendent former pour l’avenir des individus apaisés et tolérants susceptibles d’assurer la paix.
D’aucuns voient dans le développement important de ces diverses démarches une extension continue des droits humains et une contribution décisive à la fabrication de paix justes. Mais la violence peut-elle être assimilée à une maladie ? Par ces dispositifs d’apaisement, les criminels politiques sont-ils vraiment punis ? Que sait-on, au juste, de ce que veulent les victimes de violences politiques ?
Cette enquête de vaste ampleur retrace l’émergence et l’essor de la justice transitionnelle, analyse les trajectoires de ses acteurs, scrute les écarts entre les déclarations morales consensuelles et les mises en œuvre concrètes, de l’Argentine à l’Afrique du Sud, du Pérou au Rwanda. En interrogeant ses différents présupposés comme ses résultats concrets, elle déjoue nombre d’évidences et ouvre la voie vers une réflexion renouvelée sur les modalités de sortie de la violence et les déterminants de la paix. »
Parution le 5 mai
Melani Cammett et Pauline Jones (dir.), The Oxford Handbook of Politics in Muslim Societies, Oxford University Press
Cet ouvrage explore dans quelle mesure les théories sur les principaux sujets d’enquête de la science politique s’appliquent aux sociétés musulmanes. L’objectif est d’examiner, plutôt que de présumer, si et comment l’islam et les musulmans se distinguent politiquement des autres communautés religieuses. À travers 40 chapitres, il examine un large éventail de sujets concernant les régimes et les changements de régime, la politique électorale, les attitudes et le comportement politiques au-delà du vote, la mobilisation sociale, les performances économiques et les progrès en matière de développement, ainsi que le bien-être social et la gouvernance.
Le livre s’éloigne du monde arabe comme baromètre de la politique dans le monde musulman, reconnaissant que le monde islamique s’étend sur plusieurs régions, notamment l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, l’Asie du Sud et l’Asie centrale. Cette géographie élargie permet une étude approfondie des relations qui existent, le cas échéant, entre les États à majorité musulmane dans les différentes régions du monde.
Parution le 6 mai
Kari De Pryck, GIEC, la voix du climat, Presses de Sciences-Po
« Sur un ton de plus en plus insistant, la voix du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se fait entendre partout. Nul ne peut ignorer que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter, que les impacts du dérèglement climatique se font sentir sur tous les continents et qu’il existe des solutions pour l’affronter.
La légitimité de cette voix s’est construite dans le temps et au prix d’une forte institutionnalisation. Loin de la vision originale de ses fondateurs, qui l’avaient conçu en 1988 comme une structure informelle au service des décideurs, le GIEC réunit aujourd’hui des milliers de personnes, fait dialoguer scientifiques et diplomates au niveau international. Cet ouvrage ouvre pour la première fois sa boîte noire. Il raconte la rigueur du processus d’évaluation et la lourdeur bureaucratique que cela induit. Il décrit le travail de négociation des experts avec les États sur les principales conclusions et pointe le risque de dépolitisation des enjeux climatiques. »
Parution le 19 mai
Enzo Ciconte, Classi pericolose. Una storia sociale della povertà dall’età moderna a oggi, Laterza
« Il est des personnes qui sont considérées comme dangereuses en raison des actes qu’elles ont commis : crimes, vols, meurtres, viols. Il y a aussi des groupes entiers considérés comme dangereux en raison de leur seul statut social : les mendiants, les vagabonds, les parias. En un mot : les pauvres. Ils n’ont rien fait de mal, ils n’ont commis aucun crime, et pourtant ils sont suspects et donc dangereux. Quand et pourquoi avons-nous commencé à avoir peur d’eux ? Et qu’est-ce qui a changé dans notre regard sur eux au cours des siècles ?
Les inégalités économiques sont aussi vieilles que l’humanité, et les pauvres ont malheureusement toujours existé. Ce qui a changé historiquement, c’est la manière dont ils ont été considérés et traités. Ce livre tisse les fils d’une histoire longue de plusieurs siècles qui commence à l’aube de l’ère moderne, lorsque pour la première fois les pauvres perdent le statut sacré qu’ils avaient au Moyen Âge et deviennent, aux yeux des groupes dominants, coupables de leur situation. Un processus de criminalisation se met alors en place, les mendiants, les vagabonds et les étrangers étant perçus comme une menace. La société se transforme progressivement sous l’impulsion d’une bourgeoisie qui triomphe des autres classes sociales en imposant une nouvelle culture et un mode de vie différent, en réglementant le décorum des villes et le comportement des personnes qui y vivent, en défendant par tous les moyens la propriété et la sécurité. L’idée que les pauvres, et plus récemment les paysans et les ouvriers, représentaient un danger social a été transposé dans la loi et a permis de sélectionner ceux qui devaient être surveillés et, si nécessaire, bannis ou enfermés loin de la société. Cette histoire qui s’étend du XVIe siècle à nos jours met à jour des lignes de continuité déconcertantes. »
Parution le 19 mai
Stefan Eich, The Currency of Politics. The Political Theory of Money from Aristotle to Keynes, Princeton University Press
« Dans le sillage de la crise financière de 2008, l’attention critique s’est déplacée de l’économie vers la caractéristique la plus fondamentale de toutes les économies de marché : la monnaie. Pourtant, malgré la centralité des luttes politiques autour de la monnaie, il reste difficile d’en articuler les possibilités et les limites démocratiques. Ce livre propose aux lecteurs une histoire intellectuelle de la monnaie, de la Grèce antique à nos jours, en s’appuyant sur les idées des principaux philosophes politiques pour montrer que la monnaie n’est pas seulement un moyen d’échange, mais aussi une institution centrale du pouvoir politique.
Stefan Eich examine six épisodes cruciaux de la crise monétaire, en retrouvant des théories politiques négligées de la monnaie dans la pensée de personnalités telles qu’Aristote, John Locke, Johann Gottlieb Fichte, Karl Marx et John Maynard Keynes. Il montre comment ces crises successives en sont venues à définir la façon dont nous considérons la monnaie et soutient qu’un débat public éclairé sur la monnaie nécessite une meilleure appréciation des diverses luttes politiques relatives à sa signification.
En se plaçant à l’intersection de la règle monétaire et de la politique démocratique, The Currency of Politics explique pourquoi ce n’est qu’en prenant conscience des limites historiques de la politique monétaire que nous pourrons commencer à articuler des conceptions plus démocratiques de la monnaie. »
Parution le 24 mai
Emmanuelle Tixier du Mesnil, Savoir et pouvoir en al-Andalus au XIe siècle, Le Seuil
« Al-Andalus continue de susciter fantasmes, nostalgie et projections de toutes sortes. Tour à tour érigée en haut lieu de la tolérance islamique, en paradis perdu dont ne subsistent que de délicats palais et l’écho lointain d’un art de vivre disparu, mais aussi en théâtre d’une lutte à mort entre Islam et Chrétienté, elle est l’une des rares terres ayant donné naissance à des mythes aussi riches que contradictoires.
Ce morceau d’Europe qui fut à l’Islam a heureusement laissé des textes qu’Emmanuelle Tixier du Mesnil se propose de relire, en regardant plus particulièrement la très riche moisson intellectuelle du XIe siècle, lorsqu’une vingtaine de principautés, les royaumes des Taïfas, se partageaient les lambeaux du territoire califal. Ce temps de tous les dangers, alors que menaçaient tant les rois chrétiens du nord de la péninsule que les guerriers berbères du Maghreb, fut celui d’une grande inventivité politique (l’Espagne islamique expérimentait deux cents ans avant l’Orient la disparition du califat), mais aussi celui d’une très belle floraison culturelle. Pouvoir et savoir nouèrent dans ce théâtre d’exception des liens très solides au cours d’un beau XIe siècle dont il faut restituer le déroulement et la complexe histoire. Les princes andalous firent de la culture un projet politique, un ferment de légitimité, le moyen de la concurrence entre eux, contribuant à fixer pour des siècles l’image d’une péninsule savante. »
Parution le 13 mai
Markus Schroer, Geosoziologie. Die Erde als Raum des Lebens, Suhrkamp
« Markus Schroer plaide pour un élargissement global de la zone de réflexion sociologique face aux défis de l’Anthropocène. Celui-ci n’est pas seulement le nom d’une nouvelle ère géologique mais représente une remise en question globale de l’image que l’homme s’est faite de lui-même jusqu’à présent et de sa conception de la nature, de la culture et de la société.
La géosociologie qu’il appelle de ses vœux étudie, en s’appuyant sur des textes classiques et actuels, comment les sols, les pierres, les montagnes, les mers, les plantes, les animaux et les hommes façonnent la Terre en tant qu’espace de vie dans des relations de voisinage, de concurrence et de coopération variables. »
Parution le 16 mai
Alexandra Oeser, Comment le genre construit la classe. Masculanités et féminités à l’ère de la globalisation, CNRS Éditions
« Le 28 octobre 2008, la multinationale Molex Inc. annonce l’arrêt prochain de la production de connectique sur le site Villemur-sur-Tarn (acheté quatre ans plus tôt) et la délocalisation de l’activité en Asie du Sud-Est. En cette année marquée par la crise financière, 2 000 usines ferment leurs portes en France. Aussitôt, les salarié·es se mettent en grève, entamant un long conflit social, poursuivi ensuite sur le terrain judiciaire, qui parvient à capter l’attention des médias et des politiques.
Cette enquête au long cours menée auprès des ouvriers et ouvrières, techniciens et administratives, contremaîtres et cadres de management français ou anglo-saxons aborde de front une question souvent laissée de côté : en quoi une telle mobilisation révèle, met en jeu et par certains aspects bouscule les masculinités et les féminités des actrices et des acteurs, ainsi que les relations nouées entre eux ? L’imbrication du genre et des classes sociales est ainsi mise en lumière, entre normes partagées, modèles convergents ou opposés, affirmation et transformations des rapports de pouvoir.
À rebours des lectures qui voient dans l’attention aux rapports de genre une prise de distance avec les analyses en termes de classes, ce livre démontre combien elle peut au contraire enrichir l’explication sociologique – tant le genre construit la classe, et vice-versa. »
Parution le 12 mai
Jérôme Beauchez, Les sauvages de la civilisation. Regards sur la Zone, d’hier à aujourd’hui, Amsterdam
« « C’est la zone ! » Voilà ce que l’on dit en français courant d’un endroit dont on veut souligner la marginalité ou le dénuement. Ce livre revient à la source de cette expression. Il exhume les mémoires de la Zone, écrite avec une majuscule car elle a d’abord été le nom d’un territoire ceinturant les fortifications de Paris.
C’est au XIXe siècle que la Zone a pris forme, telle une fille illégitime de cette enceinte dont elle a usurpé (on dirait aujourd’hui « squatté ») une bande de terre initialement réservée aux manoeuvres militaires. Au tournant du xxe siècle, la Zone réunissait tout un lumpenprolétariat exclu du centre bourgeois comme de la banlieue ouvrière. Dans les représentations collectives, ce peuple des marges agrégeait toutes sortes de « sauvages de la civilisation » dont les chroniqueurs du fantastique social – journalistes, nouvellistes ou chansonniers – ont exploité la pré tendue « dangerosité ».
À partir d’une analyse des histoires et des regards qui ont produit cet ensauvagement, l’ouvrage interroge les différentes façons de désigner, mépriser ou dominer les populations marginalisées. Il étudie aussi la violence qu’on leur prête, souvent pour mieux cacher celle qu’on leur fait. »
Parution le 13 mai
Fabio Wolkenstein, Die dunkle Seite der Christdemokratie. Geschichte einer autoritären Versuchung, C.H. Beck
« En Hongrie, le parti Fidesz de Viktor Orbán est en train de liquider la démocratie et se réclame de manière particulièrement emphatique de la tradition chrétienne-démocrate. Un affront déplacé, pourrait-on penser. Mais à quel point les partis chrétiens-démocrates ont-ils pris au sérieux la démocratie libérale dans le passé ?
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la démocratie chrétienne a triomphé en Europe. Des hommes d’État réfléchis comme Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi ou Robert Schuman se sont fortement engagés en faveur de la paix, de la reconstruction et de la stabilité sur un continent autrefois marqué par la guerre et la violence. Cependant, la démocratie chrétienne avait aussi un côté sombre dans l’Europe de l’après-guerre : l’esprit autoritaire du catholicisme politique réactionnaire continuait d’agir en elle, ce qui se manifestait par exemple par l’admiration non dissimulée de nombreux démocrates chrétiens pour des dictateurs comme Franco et Salazar ou par des relations tendues avec la presse libre et les institutions de la démocratie libérale. En s’éloignant progressivement des positions conservatrices – ce qui s’est surtout produit en Allemagne sous l’ère Kohl – la démocratie chrétienne a finalement connu une démocratisation durable. Toutefois, le prix à payer a été un noyautage idéologique.
Dans son livre, Fabio Wolkenstein revient sur la longue et mouvementée histoire de la démocratie chrétienne en Europe et se demande à quelles tentations autoritaires elle a résisté, mais aussi à quelles tentations elle a cédé et s’interroge sur les stratégies de maintien au pouvoir choisies aujourd’hui par les partis démocrates-chrétiens. »
Parution le 12 mai
Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel, Vers l’implosion ? Entretiens sur le présent et l’avenir du catholicisme, Le Seuil
« La crise des abus sexuels et spirituels révélés depuis une trentaine d’années fait vaciller l’Église catholique. Parce qu’elle vient de l’intérieur du catholicisme, et même de ses « meilleurs serviteurs », prêtres ou laïcs, mais aussi parce qu’elle est universelle et systémique. Très affaiblie par une sécularisation intense due aux changements sociétaux de la seconde moitié du XXe siècle, l’Église apparaît, faute de réformes conséquentes, de plus en plus expulsée de la culture commune, et délégitimée.
Dans ces entretiens, Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel diagnostiquent les raisons multiples de cet effondrement sans précédent, encore confirmé par l’épreuve des confinements liés au Covid-19. Certains y discernent l’entrée dans une sorte de stade terminal du catholicisme en quelques régions du monde. Ce n’est pas l’avis des auteurs : ce qui s’annonce, c’est un « catholicisme éclaté », où les liens affinitaires seront essentiels. Cette « Église catholique plurielle » ne signifie pas nécessairement sa fin, mais c’est un cataclysme pour une institution obsédée par l’unité. »
Parution le 13 mai
Michel Foucher, Ukraine-Russie. La carte mentale du duel, Gallimard
« Arpentant les contrées d’Europe médiane et orientale depuis une trentaine d’années, le géographe et diplomate Michel Foucher, spécialiste des frontières géopolitiques, analyse le confit russo-ukrainien en mettant au jour la cartographie mentale – historique, politique, territoriale et identitaire – du duel qui oppose les deux nations suite à l’agression fratricide lancée par Vladimir Poutine. Cette cartographie entre Baltique et mer Noire, étendue par ses causes et ses effets à l’Europe entière, porte l’empreinte d’une confrontation entre un passé qui ne veut pas passer – celui de la Russie, comme puissance autocratique et impériale – à un futur qui ne semble devoir naître que dans la résistance et la souffrance, celui de l’Ukraine comme État-nation souverain « inclinant vers le monde euroatlantique » (Havel). Un duel qui affecte gravement l’état du monde et dont le déroulement et l’issue nous concernent tous. »
Parution le 19 mai
David Alegre, Colaboracionistas. Europa Occidental y el Nuevo Orden nazi, Galaxia Gutenberg
« La Seconde Guerre mondiale est un moment décisif de l’histoire européenne, mais elle est rarement racontée du point de vue des collaborationnistes. Des dizaines de milliers d’Européens ont pris part aux politiques impériales du IIIe Reich, poussés par la peur de perdre une occasion unique et inspirés par les triomphes éclatants de l’Allemagne nazie. Ce livre plonge dans leur univers mental, leurs trajectoires depuis les années 1930, leurs stratégies politiques, leurs relations houleuses avec les Allemands, le sens de leurs décisions et de leurs actions, y compris la création d’unités de volontaires pour la guerre contre l’Union soviétique.
Loin de se considérer comme de simples pions, les collaborationnistes pensaient qu’une coopération étroite et loyale avec les occupants serait le moyen le plus rapide et le plus efficace de promouvoir leurs intérêts personnels et leurs projets politiques. Marginalisés par leurs voisins comme des traîtres et pourchassés par la résistance, ils finiront par signer un pacte de sang avec les occupants, contribuant au pillage de leurs pays et poussant leurs communautés au bord de la guerre civile. »
Paru le 27 avril
Malyn Newitt, The Zambezi. A History, Hurst
« Le Zambèze est le quatrième plus long fleuve d’Afrique et l’une des principales artères de migration, de conquête et de commerce du continent. Dans ce livre, l’historienne Malyn Newitt s’appuie sur des sources portugaises rarement utilisées qui jettent une lumière vive sur la culture des peuples du fleuve et leurs relations avec la société créole portugaise des prazos. Des manuscrits jusqu’alors inutilisés illustrent la domination coloniale portugaise et britannique sur les peuples des royaumes Lunda et sur les Lozi de la plaine inondable de Barotse.
Le Zambèze est devenu une zone de guerre pendant la « ruée vers l’Afrique », la lutte pour l’indépendance et les guerres civiles qui ont suivi le départ des puissances coloniales. L’histoire récente a également vu la nature sauvage du fleuve être domptée par l’introduction des bateaux à vapeur et la construction de ponts et de barrages. Ces développements ont modifié le caractère de la voie d’eau et ont eu un impact, souvent considérable, sur les systèmes écologiques de la vallée et des populations installées le long de son cours.
L’ouvrage retrace l’histoire des communautés qui ont vécu le long de ce grand fleuve, leur relation avec les États et la façon dont elles se sont adaptées aux caprices du Zambèze lui-même, avec ses crues annuelles, ses rapides turbulents et ses gorges dramatiques. »
Parution le 26 mai
Laurent Joly, La rafle du Vel d’Hiv, Grasset
« La rafle dite du « Vel d’Hiv » est l’un des événements les plus tragiques survenus en France sous l’Occupation. En moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d’Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d’un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. Seule une petite centaine de ces victimes survivra à l’enfer des camps nazis.
Cette opération emblématique et monstrueuse demeure pourtant relativement méconnue. L’arrière-plan administratif et la logistique policière de la grande rafle n’ont été que peu étudiés, et jamais dans le détail. Légendes (tel le nom de code « opération Vent Printanier ») et inexactitudes (sur le nombre de personnes arrêtées ou celui des effectifs policiers) sont répétées de livre en livre. Et l’on ignore que jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l’occupant que le 16 juillet 1942 !
D’où l’ambition, dans cet ouvrage, d’une histoire à la fois incarnée et globale de la rafle du Vel d’Hiv. Une histoire incarnée, autrement dit au plus près des individus, persécutés comme persécuteurs, de leur état d’esprit, de leur vécu quotidien, de leurs marges de décision. Mais aussi une histoire globale, soucieuse de restituer la multiplicité des points de vue, des destinées, et attentive au contexte de la politique nazie et de la collaboration d’État.
Une recherche largement inédite, la plus riche et variée possible, de la consultation de centaines de témoignages à une exploitation inédite des « fichiers juifs » de la Préfecture de police de Paris. Mais la partie la plus importante de l’enquête a consisté à rechercher des « paroles » de policiers : 4 000 dossiers d’épuration des agents de la préfecture de police ont été dépouillés. Parmi eux, plus de 150 abordent la grande rafle et ses suites. Outre les justifications de policiers, ces dossiers contiennent des paroles de victimes, des témoignages (souvent accablants) de concierges, et surtout des copies de rapports d’arrestation, totalement inédits.
Fruit de plusieurs années de recherche menées par l’auteur, où les archives de la police et de l’administration auront été méticuleusement fouillées, La Rafle du Vel d’Hiv apporte une lumière nouvelle sur l’un des événements les plus terribles et les plus difficiles à appréhender de notre histoire contemporaine. »
Parution le 25 mai