• Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Européens tentent de se défaire de leur dépendance aux hydrocarbures russes pour pouvoir disposer de plus de marge de manœuvre vis-à-vis du Kremlin, au-delà des sanctions économiques déjà adoptées. L’Union européenne a, depuis le début de la guerre le 24 février dernier, payé plus de 26 milliards d’euros à la Russie pour ses importations de gaz uniquement1.
  • Si les États-Unis ont mis en place un embargo sur le pétrole, le charbon et le gaz russe, les Européens n’ont pas encore pris de telle décision. Un embargo sur le charbon russe devrait néanmoins être définitivement mis en place à partir du mois d’août 2022, après avoir été décidé début avril. Les discussions sur un embargo éventuel sur le pétrole et le charbon sont en cours cette semaine.
  • L’Allemagne a annoncé récemment qu’elle était en train de sortir de sa dépendance au pétrole russe, avec désormais seulement 12 % de son approvisionnement provenant de Moscou — contre 35 % avant la guerre2. La position allemande sur un embargo sur le pétrole russe devrait ainsi être de plus en plus proche de celle de ses partenaires européens. Le flou persiste cependant sur ce que ferait la Hongrie en cas de volonté commune des vingt-six autres États membres d’imposer cet embargo. 
  • Au début de la guerre, 40 % de l’approvisionnement en gaz de l’Union européenne provenait de la Russie. La Commission considère principalement supplanter les importations de gaz russe par du gaz naturel liquéfié (GNL), que les États-Unis notamment pourraient fournir en importantes quantités. Ce basculement nécessiterait toutefois de se passer des infrastructures permanentes (gazoducs) dans un premier temps au moins, occasionnant un surcoût aussi bien énergétique que financier. Le biométhane, les énergies renouvelables, la réduction du chauffage ou l’importation de plus de gaz d’autres pays comme la Norvège ou l’Algérie pourraient également contribuer à se détacher du gaz russe. 
  • Du fait des sanctions économiques prises contre la Russie, le cours du rouble face au dollar s’est dans un premier temps effondré, avant de revenir progressivement vers son niveau d’avant guerre. En effet, au mois de mars Vladimir Poutine a annoncé que la Russie, à partir du 1er avril, n’accepterait plus que des paiements en roubles de la part des pays déclarés « hostiles » à la Russie. Cette décision a d’abord été considérée comme contraire aux contrats passés entre les parties prenantes, avant qu’un compromis ne soit trouvé pour satisfaire les deux parties3.
  • Mais la Pologne, plaque tournante des livraisons d’armes à l’Ukraine et pays largement partisan d’un embargo total sur les hydrocarbures russes, a refusé de se plier aux exigences de la Russie concernant le paiement du gaz russe en roubles. Les autorités bulgares ont quant à elles été surprises de ce choix, la Bulgarie étant un des pays de l’OTAN qui ne livre pas directement d’armes à l’Ukraine.
  • Dans un communiqué publié ce matin, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, déclarait que « Les États membres ont mis en place des plans d’urgence pour un tel scénario et nous avons travaillé avec eux en coordination et en solidarité. Une réunion du groupe de coordination pour le gaz a lieu en ce moment même. Nous sommes en train d’élaborer une réponse coordonnée de l’UE »4